vendredi 17 septembre 2010

Au moment où les Français bombardaient Oued Zem, Khoruribga et Midelt...Tanger collaborait ...passivement


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Le Tanger d'antan....sans les Tangérois

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Beaucoup de " vieux " amoureux de Tanger ont écrit sur la ville. De Taher Benjelloun, à Rachid Tafersiti en passant par Paul Bowles...

Tous nous ont communiqué leur émerveillement face à des murs, à des lieux, à des monuments et à des gens.

Des gens ? Oui, des gens mais qui ne sont pas des Marocains...

Tanger a existé depuis Hercule et sa " grotte ", depuis les Phéniciens et même bien avant.

Mais sans les Marocains qui ont de tout temps servi les colonistaeurs de la ville.

Culturellement, les nostalgiques du Tanger d'antan nous parlent des Marocains qui ont tourné dans le giron des grands hommes de l'art....non marocain: Des hommes et des femmes de l'art comme Matisse, Delacroix, Hutton, Bowles, Genet, Williams ...Ou de leurs disciples marocains qui leur servaient le thé à la menthe ou le sebsi du Kif et parfois leur trouvaient des mignons et qui ont appris à écrire en français, espagnol ou anglais dans l'ombre des grands créateurs européens ou américains établis à Tanger.


Mais on a beau chercher dans les écrits des nostalgiques de Tanger pour trouver trace du génie intellectuel ou artistique marocain sans parvenir à trouver autre chose que les exploits des espions occidentaux, les films à deux sous tournés autour des " mystères " de la ville ou de ses commis marocains - indics, proxénètes, porteurs de valises... soumis à leurs maîtres occidentaux.

Il y a eu bien entendu des "patriotes" tangérois issus de familles bien marocaines celles là.

Sauf que la plupart de ces familles, du temps du protectorat, avaient choisi telle ou telle autre himaya, se plaçant ainsi sous la protection de l'une des 7 puissances ayant eu à administrer la ville.


Leurs enfants ont appris à lire et à penser dans l'ombre des colons français, britanniques ou américains.

Ces familles dont les chefs avaient obtenu des protecteurs occidentaux l'administration des affaires indigènes, loin de ce qui touchait à l'époque aux grandes questions intéressant l'avenir du pays.

C'est ce qui explique quelque part aujourd'hui, l'engouement très enraciné des Tangérois et des Tétouanis par extension pour le championnat de foot espagnol et notamment pour le Barça et le Réal.

Ceci malgré le mépris qu'affiche le gouvernement de Madrid et la guardia civil pour les " sujets " marocains résidant en Espagne ou transitant par les enclaves de Ceuta et de Melilla.

Certes, au début des années 50 du siècle écoulé, il y eut de ci de là quelques étincelles nationalistes à Tanger contre la présence espagnole ou française surtout depuis l'exil du roi Mohamed V vers l'ile de la Réunion et Madagascar.

Mais les " élites tangéroises" si proches du Rif où s'est déroulée l'une des plus grandes épopées anticolonialistes du 20 ème siècle sous la direction de l'Emir Abdelkrim AL KHATTABI, n'ont à aucun moment estimé de leur devoir de soutenir une guerre de libération dont l'écho s'était fait entendre jusqu'au Vietnam.


Les Tangérois ont toujours fait les affaires avec les colons et bénéficié des flots intarissables des produits, made in USA notamment, qui étaient déversés par tonnes sur leur ville.

A telle enseigne que le très grand parolier et chanteur des années 50, Houssaien Slaoui avait fait un tabac avec sa chanson sur l'envahissement culturel du modèle américain à Tanger .

Il disait entre autres : Les américains sont arrivées et les femmes se sont rebellées.... L'on n'entendait que des Okay, okay, comme on, bye bye...etc

Dans leur immense majorité, les Tangérois ont toujours préféré la proximité des Européens ou les affaires avec les résidents occidentaux à l'engagement pour la libération du pays.

Autour du Mendoub et de quelques édiles locaux, les "élites " marocaines de la ville n'ont pas fait différent et ont de manière générale, collaboré à l'instauration du calme, de la sérénité et de la prospérité matérielle des habitants de la ville qui ne se sont quelque peu révéillés au fait colonial que depuis la visite du roi Mohamed V à Tanger en 1947 lorsque le sultan avait prononcé son discours historique sur la nécessité de l'indépendance.

A telle enseigne que les "non Tangérois" - Jbala notamment - qui osaient demeurer à l'intérieur de la "ville" après le coucher du soleil, étaient passibles de coups de bâtons administrés par les Mkhazniyya, sur la place de la bastonnade avant d'être reconduits par la grande porte de Bab el Fahs sur le terrain vague du grand socco.

Aucun des grands nostalgiques du lustre perdu de la ville n'insiste sur l'état délabré dans lequel se trouve la tombe d'Ibn Batouta. Ce grand voyageur qui fut d'ailleurs "prophète" hors de sa ville et de son pays

Pendant ce temps, les rapporteurs de l'histoire de la ville et les défenseurs de son patrimoine ne tarissent pas de sollicitations pour rénover le grand teatro Cervantes ou le Cinema American.

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Tanger fut une ville merveilleuse ....Sauf qu'elle ne l'était pas pour les Marocains...



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