samedi 1 octobre 2016

Dossier du quotidien L'Economiste: les MAROCAINS ADORENT BACCHUS

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Ils ont Depardieu, les Marocains ont Zniber

La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc 
Les Caves de Meknes

La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc


Plus de 75% de la production concentrée à Meknès et à El Hajeb


Le groupe Zniber et les Brasseries du Maroc, les grands opérateurs du secteur


L’Oriental et le Sud se contentent de petites caves

            



Le Maroc a toujours été une terre de vin, depuis l’Antiquité.
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La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc
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La culture de la vigne et l’usage du vin ont été introduits pendant l’Antiquité avec l’occupation romaine de l’Afrique du Nord. 
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Au Maroc, la route du vin a dû démarrer depuis Meknès où les traces archéologiques attestent de cette activité, notamment près du site de Volubilis ainsi que l’indique le professeur d’histoire sociale Mohamed Houbaida 

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La vigne y avait été introduite par les Carthaginois, il y a plus de 2.500 ans. 
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Mais ce n’est que durant le protectorat que la vigne de cuve a été replantée au Maroc après sa destruction au 19e siècle par le phylloxéra, un insecte ravageur. 
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Actuellement, il y a une douzaine de grandes caves à travers le pays qu’on va essayer de découvrir.


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La région de Meknès, grenier du pays


Notre parcours prend départ à partir de la région

La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc
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Dans la région de Meknès, le groupe Zniber exploite des champs de vigne d’une superficie dépassant les 2.000 ha. 
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Ci-contre une partie de la cave située en sous-sol du Château Roslane d’une capacité de 70.000 hl

de Meknès et précisément El Hajeb dans laquelle se concentre le plus grand nombre de caves qui assurent plus de 60% de la production nationale de vin. 
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La performance de cette région trouve son explication dans l’histoire du vin au Maroc du fait qu’elle a abrité les premiers champs de vigne implantés par les Romains lors de leur occupation de l’Afrique du Nord. 
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Aujourd’hui, grâce à un sol approprié et des atouts climatiques, la région a drainé de grands opérateurs du secteur pour y développer leur activité. 
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A leur tête, le groupe Zniber qui a fondé les Celliers de Meknès en 1967, ce qui a permis de développer les premiers vins d’appellation d’origine Guerrouane et Beni M’Tir, terroirs parmi les plus réputés du Maroc. 
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En 1991, le groupe introduit des cépages nobles comme Cabernet Sauvignon, Syrah et Chardonnay. 

«Nous exploitons près de 2.000 ha de vignes répartis sur les plus prestigieuses AOG (appellation d’origine garantie) du Maroc dont celles de Guerrouane et Beni M’Tir ainsi que l’unique AOC (appellation d’origine contrôlée) du pays, à savoir les Coteaux de l’Atlas», 
 indique Oussama Aissaoui, DG des Celliers de Meknès.
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Au cœur du domaine de Zniber, qui s’étend au pied de l’Atlas, émerge le Château Roslane, premier «château» vitivinicole au Maroc. 
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Cet édifice comprend, entre autres, une cave d’une capacité de 70.000 hectolitres (hl) dont 11.000 en cuverie inox thermo-régulée, trois tables de tri pour la réception des raisins et un échangeur coaxial pour le refroidissement de la vendange entière. 
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Sans oublier des pressoirs pneumatiques, des chais d’élevage enterrés avec contrôle permanent de la température et de l’hygrométrie avec une capacité de 3.000 fûts de chêne et de 3 millions de bouteilles couchées. 
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Le Château Roslane, c’est aussi plus de 700 hectares de vignoble, des jardins, des riads, des fontaines, des salons marocains de réception. A une dizaine de kilomètres du Château Roslane, cap sur le domaine de la Zouina. 
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En 2001, Gribelin et Gervoson, viticulteurs dans le bordelais tombent amoureux de ce site, berceau des vins Volubilia. 
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Les premières implantations de la vigne ont eu lieu en 2002. Et il a fallu attendre quatre ans pour que la gamme Volubilia voit le jour et que ne soit entamée

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La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc

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La région de Benslimane arrive en deuxième position dans la production du vin grâce au domaine des Ouled Taleb de la société Thalvin

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la commercialisation des premières bouteilles au Maroc. Un second produit vient enrichir la gamme du domaine en 2010. Il s’agit d’Epicuria, un vin monocépage. 

«De nouvelles parcelles seront ouvertes à la production l’année prochaine, mais notre production n’ira pas au-delà de 80 hectares (ha), taille optimale pour la maîtrise de notre vignoble», indique un responsable du domaine. 

 Les crus de Benslimane, seconde production du Maroc

«Pour réussir un bon vin, le producteur doit tenir compte du terroir (sol et climat), du savoir-faire disponible et de la technique», explique Christophe Gribelin, DG du domaine Zouina. 
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Il rappelle que «la conduite de la vigne doit tenir compte des variations de températures avec les gelées d’hiver et les grosses chaleurs de l’été qui ont atteint près de 40°C cette année»
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Selon les données de l’Aspram (Association des producteurs de raisins au Maroc), la production du domaine Zouina a atteint près de 3.200 hl de vin durant la campagne 2014-2015 dont plus de 50% de vin rouge. 
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La région de Meknès abrite un autre grand producteur. Il s’agit des Brasseries du Maroc via sa filiale SVCM (Société de Vinification et Commercialisation du Maroc). 
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Cette dernière dispose dans cette région de trois sites: la cave Cépages à Sebaa Ayoune d’une capacité de 100.000 hl,  la cave Sahari à Al Hajeb (15.000 hl) et une unité de production à Sebaa Ayoune d’une capacité de 6.000 bouteilles par heure. 
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La superficie de la vigne exploitée par la filiale des Brasseries du Maroc dans cette région s’élève à 1.160 ha et une production de vin de près 68.000 hl de la cave Cépages lors de la dernière campagne.



• A Rabat, les vignobles renaissent


Après Meknès, on se dirige vers la région de Rabat et précisément le domaine de la Ferme
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La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc

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Après une expérience de près de 40 ans dans la culture de la vigne en France dans la région bordelaise, Driss est revenu au Maroc pour travailler avec le domaine de Zouina en tant que chef de culture

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Rouge à Had Brachoua, situé en plein cœur de Zaër. Dans ce territoire (site Merchouch), non loin de la capitale à espace près d’une soixantaine de kilomètres, cohabitent deux types de sols: Le tirs de couleur noire et le hamri (rouge). 
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Une terre fertile sur laquelle la Ferme Rouge a élu domicile à quelque 450 mètres d’altitude, bénéficiant ainsi d’un climat tempéré et d’une forte influence océanique. 

«Tous ces atouts nous ont permis de produire un vin de qualité et coller au marché avec une gamme assez étendue», avance un responsable du domaine. 
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Ce dernier rappelle que depuis la première vinification en 2009, le domaine enregistre une forte production soutenue. 
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La production du domaine a dépassé 11.000 hl lors de la campagne 2014-2015. Le management prévoit d’accroître la capacité de la cave ainsi que la superficie dédiée à la culture de la vigne pour accompagner l’accroissement de la production. 
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Pour ce site, il convient de rappeler que sa première configuration remonte à l’année 1908.

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La cave a été construite en 1933, date de production du premier millésime. En 1970, la Ferme Rouge retrouve, au fil des ans, sa vocation de producteur de raisins. 
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Il faudra attendre 2001 pour que l’ensemble du domaine retrouve son entité originelle. Huit ans plus tard, c’est le renouveau vinicole pour ce domaine qui retrouve sa vigueur. 
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Un renouveau qui s’opère dans le pur respect de l’architecture de naissance de la Ferme Rouge avec la restauration de la cave de vinification, des chais de production, de stockage et d’élevage pour vinifier de nouveau. 
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Pour les principaux cépages en rouge plantés dans le domaine, on retient notamment ceux de Cabernet-Sauvignon, Cinsault, Carignan et Syrah,



• Benslimane, deuxième producteur de vin au Maroc


Notre périple se poursuit en descendant vers les plaines de la région de Casablanca et précisément à Benslimane qui constitue le deuxième producteur du vin au Maroc à travers la société Talvin rachetée par le groupe Zniber.
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La route du vin, un voyage séculaire à travers les grandes caves du Maroc
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Selon les données de l’Aspram, les régions de Meknès et El Hajeb arrivent en tête avec une part de 68% de la production nationale. 
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Elles sont suivies par les sites de Benslimane et Had Brachoua (16%), le Gharb (10%), Boulaouane (5%), sans oublier les régions de Essaouira et Berkane. 
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La production enregistrée lors de la campagne 2014-2015 dépasse 400.000 hl, soit un accroissement de 5% par rapport à la campagne précédente. 
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Le grand lot revient au vin rouge avec une part de près 78% suivi du rosé/gris et le blanc (6,5%)

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Cette société gère le domaine des Ouled Thaleb. Les vendanges dans ce domaine remontent aux années 20 du siècle précédent avec l’arrivée du protectorat. 
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La production de cette cave a dépassé 51.000 hl lors de la campagne 2014-2015 dont plus de 30.000 hl pour le rouge.



• Les caves du Sud


La route continue de serpenter en direction du Sud avec la première escale à Sidi Bennour, près d’El Jadida pour découvrir la cave de Boulaouane appartenant à la SVCM. 
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D’une capacité de 20.000 hl, cette cave a réalisé lors de la campagne précédente une production de près de 16.000 hl, en majorité rosé et gris. 
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La matière première vient des champs de vigne du domaine de Boulaouane dont la superficie avoisine 300 ha. 
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Notre périple vers le Sud prendra fin à Ounagha, située à 23 km d’Essaouira, ancienne Mogador. 
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Cette commune abrite la cave d’Ounagha appartenant au domaine de Val d’Argan. 
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«C’est ici que Charles Melia, vigneron à Château Neuf-du-Pape, a planté en 1995 cinq hectares de vignes (augmenter à 45 hectares a fin 2012) pour y produire l’unique vin marocain en agriculture biologique», rappelle un responsable du domaine.
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La gamme de ce dernier est composée de 4 produits : la Gazelle de Mogadr, El Mogador, le Val d’Argan et l’Orian du Val d’Argan. 
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Selon la direction du domaine, le volume de production annuelle est d’environ 180.000 bouteilles soit 1.200 hl, dont environ 2% sont destinés à l’export.


• L’Oriental perd du terrain


Pour terminer ce riche parcours, cap vers l’Oriental en destination de la cave du Coteaux de Saïdia dont la production avoisine 1.000 hl par an. 
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Il faut noter que plusieurs caves ont fermé ces dernières années.

L'économiste Maroc 


La dynastie ZNIBER, à travers l'histoire du Maroc
Source Wiképédia

Les Znabra: Muftis, musiciens, résistants, sportifs, ambssadeurs, commerçants, producteurs de vins...et piliers du Makhzen

La famille Zniber est l'une des familles anciennes de Salé, au Maroc, installée dans la ville à partir de la fin du XVe siècle.

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Selon l'historien marocain Mohamed Ibn Ali Doukkali, l'origine de la famille Zniber remonte à bien avant la conquête d'Al-Andalus, à la suite de laquelle elle s'installe à Grenade. À la fin du XVe siècle, elle s'installe à Salé à la suite de la chute du Royaume de Grenade.

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Selon l'écrivaine marocaine Mouna Hachim, une partie de la famille se serait établie dans le Pays Ghomara, le plus grand groupe familial s'étant néanmoins établi à Salé, soit depuis Tétouan soit directement depuis Grenade.

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Il a aussi pu être noté que :

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    au début du XVIIIe siècle, la famille Zniber s'est exilée à Rabat à la suite de la perte de l'un de ses membres, dans le cadre d'une rivalité avec la famille Fennich, puis obtint du sultan le droit de se venger, mais ne l'utilisa pas, ne désirant pas faire périr d'autres Salétins

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  dans les années 1920, elle était estimée comme la famille salétine la plus nombreuse, avec environ 300 membres tous sexes et âges confondus.

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D'après Robert Chastel, à l'époque du Sultan Moulay Hassan la famille Zniber comptait parmi les plus grandes fortunes de Rabat avec les Sabounji, Hassan et Ben Chentouf

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Dès la première heure, plusieurs de ses membres furent des nationalistes menant une lutte contre la politique coloniale du protectorat français au Maroc. Par exemple

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    En 1930, la promulgation du dahir berbère suscita une vague de mécontentement et la rédaction de plusieurs pétitions contre son application; à Salé, une pétition de protestation contre ledit Dahir rédigée par Abu Bakr Zniber, mufti de Salé et signée par des intellectuels, des fonctionnaires et des commerçants de la délégation salétine: Ahmed Al-Jirari (ou Jariri), Ahmed Hajji (le père de Saïd Hajji) et Ahmed Sabounji. 
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Plusieurs autres Znabra (pl. de Zniber) figurent comme signataires: Abbas Ben Mohammed Zniber, Abdelmajid Ben Mohammed Zniber, Ahmed Zniber, Boubker Ben Tahar Zniber, Larbi ben Boubker Zniber, Mohammed Ben Abdelhadi Zniber et Omar Ben Ahmed Zniber.
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    En 1944, Tahar Zniber (fils du mufti Abu Bakr Zniber), qui avait rejoint la cellule clandestine dite « Taïfa » quelques années auparavant, fit partie des signataires du manifeste de l'indépendance du 11 juin.

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   L'ODAT, milice française contre les cellules nationalistes clandestines distribua un tract où figurait une liste de Français (traîtres à ses yeux) et Marocains à abattre dont figurait le Docteur en médecine Abderrahmane Zniber, l'historiographe et médecin Delanoë ou encore Mehdi Ben Barka.

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L'architecte Jean-François Zevaco a longtemps servi la famille Zniber

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Dans son roman Le Morisque, Hassan Aourid nomme l'un de ses personnages : "Cheikh Zniber".

Patronyme

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Cour de la maison du Pacha Abdelhadi Zniber près de la Grande mosquée à Salé

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    Abdelhadi Zniber, pacha de Salé pendant la première moitié du XIXe siècle

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  Mohamed Ben Abdelhadi Zniber(1855-1919), petit-fils du précédent, riche commerçant traitant avec Manchester, il remplit la fonction d'amine (trésorier) du Diwan sous Moulay Abd el Aziz pendant trois ans puis amine du Makhzen de tout le royaume pendant huit ans. 
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Il devient aussi adjoint du ministre de la guerre El Manbahi puis ambassadeur du Maroc à Madrid au début du XXe siècle siècle. 
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Après en avoir beaucoup fait pour la famille royale, il gagne la confiance du Sultan Moulay Abd al-Hafid. 
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À la suite de l'arrivée du protectorat il perd tous ses titres et retourne à son commerce initial jusqu'au lit de mort

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   Hajj Ali Zniber, (1844-1914), écrivain, poète et nationaliste marocain

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  Le mufti Abu Bakr Zniber (vers 1879-1956), jurisconsulte et nationaliste marocain, signataire et initiateur d'une pétition contre le dahir berbère ;

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 Mohamed Zniber, (1923-1993), fils d'Abu Bakr Zniber, écrivain et historien marocain ;

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 Tahar Ben El Fqih Abi Bakr Zniber fils d'Abu Bakr Zniber, nationaliste marocain et signataire du Manifeste de l’Indépendance

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Larbi Zniber, (1916-1989) alias Ba-Arroub, gardien de but et entraîneur du club ASS de Salé ;

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Hajj Ahmed Zniber, maître compositeur de musique arabo-andalouse, ayant introduit le qanûn dans le malhoun. Il a été maître de Salah Cherki.

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    Abderrahmane Zniber, premier ambassadeur marocain en République populaire de Chine.

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Brahim Zniber, viticulteur et homme d'affaires.

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   Omar Zniber, ambassadeur marocain à Berlin puis à Vienne




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