dimanche 24 janvier 2016

Les belles pages de l'ouvrage de ...

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...Gérard Depardieu....Allah, le Maroc, Charlie, la laïcité et Oum Kaltsoum

 Exit "Par Toutatis", c'est désormais Par "Allah"




Présenté comme un hymne au voyage, innocent, l’autobiographie de Gérard Depardieu publiée récemment aux éditions du Cherche-Midi, revient sur plusieurs sujets qui on secoué l’actualité : l’extrémisme, les attentats de Charlie Hebdo, la laicité… le célèbre acteur français évoque aussi sa rencontre avec la religion musulmane. Morceaux choisis.

Oum « Kelsoum »

« En arrivant à Paris, j’ai d’abord pratiqué le hata yoga, le souffle là encore, la respiration. Puis je me suis converti à l’islam après avoir assisté à un concert d’Oum Kalsoum. 

C’est la sensualité, le ressenti, les sourates du Coran chantées par Oum Kalsoum qui m’ont transporté vers cette spiritualité. Oui, cette sensualité, je l’ai trouvée dans l’islam. 

Une religion à laquelle les plus pauvres pouvaient adhérer. J’ai fréquenté la mosquée pendant deux ans. Je faisais mes cinq prières par jour. 

Plus que la prière, c’est la préparation à la prière que j’aimais, cette façon que l’on a de rentrer en soi, de se rendre disponible à son être, à sa respiration, à des choses supérieures ».


A la rencontre de la simplicité


« Pour beaucoup de gens, pour énormément de gens, la terre, c’est quoi ? Dix kilomètres carrés, et encore, je suis large, trop large, c’est plus proche d’un kilomètre carré. 

Ils n’ont rien, ils vivent sur un tout petit coin de terre qui se résume à leur habitation, à leur village, guère plus. 

Tu n’as pas besoin d’aller très loin, va au Maroc, par exemple, tu as des gens qui vivent sur de la terre battue, qui n’ont pas d’école, pas d’hôpital, qui n’ont même pas d’eau, qui sont obligés d’aller au puits. 

Mais ce kilomètre carré, pour eux, est aussi riche, divers, aussi varié, que des milliers de kilomètres carrés pour un être dit « civilisé » qui ne voit plus rien de ce qui l’entoure. 

Qui ne regarde même plus rien, qui ne regarde rien d’autre que sa télé, cette télé qui nous rend immobiles et aveugles. 

Ces gens-là, eux sont dans la vie, cent fois plus que n’importe lequel de ces êtres civilisés. Eux ont encore un véritable regard, un regard dans lequel il se passe des choses, un regard qui tient.

C’est important, un regard qui tient. Et si tu veux aller à leur rencontre, il faut vraiment venir à poil, avec ta simple humanité. Oublier là d’où tu viens et n’apporter de toi que l’essentiel. 

Ce genre de voyage, ça doit être quelque chose de très intime, de secret, d’humain et de spirituel à la fois. Mais il ne faut certainement pas venir avec une caméra, comme toutes ces télés qui prétendent te montrer comment ça se passe. 

Ou comme l’autre qui te montre le monde vu du ciel, ça non. Lui, j’ai envie de lui dire, arrête, atteris, descends et vis ! »


Koh-Lanta


« Il ne faut pas prendre l’image de ces gens qui n’ont rien, qu’on ne voit jamais mais qui sont pourtant là. Déjà qu’ils sont fragiles, ces émissions-là les tuent. 

D’un seul coup ça devient « Koh-Lanta », une idiotie. On leur fait du mal avec toute notre civilisation. 

C’est un peu comme si on donnait d’un coup dix kilos de sucre à un chien qui vit avec deux grammes de sucre par jour. Non, ce genre d’aventures à travers le poste de télé, ce voyage inerte ne m’intéresse pas. 

Avec ça, les gens engourdis devant leur écran ont l’impression d’être allés partout, de tout connaître, alors qu’ils ne sont allés nulle part et ne connaissent rien. 

Ca les paralyse encore un peu plus, comme s’ils avaient besoin de ça »


« Poutine aime mon côté hooligan »


« Charlie Hebdo, j’en ai souvent fait la couverture, et toujours dans le même sens, c’est-à-dire l’abruti, l’ivrogne plein de vodka qui tombe de son scooter. 

C’est pas grave parce que ça aussi, ça fait partie de moi. C’est d’ailleurs ce que Poutine aime bien chez moi, mon côté hooligan. La caricature, c’est quelque chose de très sain. 

Même si je pense que discuter des livres sacrés, des ressemblances et des différences entre les religions, de leur façon de coexister ou pas est bien plus intéressant que de les caricaturer. 

Si quelqu’un me demande de ne pas caricaturer son prophète, très bien, j’entends, qu’est-ce que j’en ai à foutre de le caricaturer ou pas si vraiment ça le fait chier ? Je préfère parler avec lui de l’interdit. »


« La laïcité me fait un peu chier« 


« Le laïc, ça ne veut pas dire grand-chose pour moi, ça me fait même un peu chier, c’est souvent plat, sans profondeur. 

J’entendais l’autre jour un jeune chauffeur de taxi musulman qui disait : « Vous parlez de la laïcité, mais la laïcité est déjà la première des intolérances. » Voilà qui est clair. »




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