lundi 26 septembre 2016

Dossier ( en 10 parties): A l'attention des jeunes Belges issus du Maroc

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...Naissance, évolution et déclin des associations de la première génération marocaine de Belgique 

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Contrairement à ce que pensent beaucoup de jeunes issus de l'immigration, les immigrés marocains de la première génération s'engageaient fortement dans les mouvements revendicatifs, politiques et syndicaux en Belgique


Par Khalil Zeguendi

Avertissement: Ces récits ne sont pas totalement objectifs dans la mesure où l'auteur de ce dossier a lui même pris part à cette histoire et milité au sein d'un courant ayant joué un rôle non négligeable auprès des Marocains de la première génération entre 1970 et 1980

1ére partie

En Belgique, deux pôles politico associatifs marocains 


Très influencés par les situations politico économiques prévalant au Maroc, les militants associatifs qui furent à l’origine de l’émergence en Belgique, des premières associations socio culturelles marocaines, ne parviendront jamais à agir en dehors de ces influences 

Tant ceux se situant dans le camp "progressiste", peu ou prou liés aux différents partis politiques de la gauche marocaine que ceux proclamant leur fidélité et leur allégeance au régime monarchique, oeuvreront en priorité, pour empêcher toute dynamique d’enracinement et d’intégration de leurs compatriotes immigrés en Belgique.
   
Le  pôle de gauche s’était constitué autour de la centrale syndicale chrétienne belge, d’une part et de l’autre, par la dynamique autonome impulsée par la fondation en 1975, du Regroupement démocratique marocain, 
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Ce pôle englobera également nombre d’étudiants marocains, actifs au sein de la section belge très politisée, de l’Union nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), 

Marqué très à droite, le second bloc dont la création et le développement devait énormément à l’intervention agissante des autorités marocaines, fut celui des Amicales des travailleurs et commerçants marocains en Europe.

L’impact de ces deux composantes, farouchement opposées l’une à l’autre, va pendant plus d’une dizaine d’années, peser sur  la vie des immigrés marocains de Belgique

A gauche, l’implication au sein de la communauté immigrée de la première génération de militants majoritairement opposés au régime politique marocain,  contribua sans conteste, à l’encadrement politique et syndical de ces travailleurs.

Ce travail, par ses formes et ses méthodes sectaires et politiquement très engagé, finira par provoquer vers la fin des années septante, une rupture profonde entre ces mêmes travailleurs et les animateurs de ce courant 

A droite, l’action de  ceux qui s’étaient engagés à servir inconditionnellement l’état marocain, réussira dans un premier temps, à rassembler autour de ces structures, un nombre non négligeable de travailleurs immigrés, soucieux surtout de préserver leurs intérêts au Maroc et de se mettre sous la protection de l’Etat marocain           

Pour des raisons diamétralement opposées, ces deux dynamiques encouragèrent les immigrés marocains à refuser toute idée d’intégration dans la société belge encore moins d’implication politique ou citoyenne en Belgique 

Le retour massif et définitif de leurs compatriotes au pays d’origine dans l’optique d’une participation de ces immigrés au renversement du régime monarchique, constituait l’épine dorsale de la stratégie des groupes émargeant à la gauche marocaine

La participation active en Belgique de nombre d’immigrés marocains à certains conflits sociaux n’échappait pas au regard attentif des autorités marocaines. 

Parmi ces conflits marquants, on peut citer, la dure grève ayant immobilisé en 1969, l'usine Citroën, située sur le territoire de la commune de Forest. 

Ce mouvement auquel avait participé des dizaines de travailleurs marocains, fut motivé par des considérations salariales et par le refus de ces travailleurs d'augmenter le rythme de production,  

Citons également l'occupation de l'usine Michelin à laquelle participèrent la même année, de nombreux jeunes travailleurs marocains.

Sans oublier les débrayages et les grèves de 1970, dans les mines du Limbourg 

L’action entreprise par des centaines de travailleurs marocains à l’usine Henricot, située dans la commune brabançonne de Court Saint Etienne, fut l’un de ces mouvements ouvriers ayant défrayé en 1974, la chronique syndicale belge

La participation des travailleurs marocains à ces mouvements et à d’autres était suivi avec attention par les animateurs des groupes politiques émargeant en Belgique aux divers courants de la gauche et de l’extrême marocaine. 

En revanche, l’incitation au retour définitif au Maroc était encouragée par les éléments proches du pouvoir marocain pour empêcher  les immigrés issus du Maroc, de se frotter à l’action syndicale ou politique et surtout pour les pousser investir au Maroc leurs économies engrangées en Belgique, dans des  projets économiques susceptibles de favoriser la croissance économique marocaine 

Cette idée d’un retour définitif au pays d’origine des immigrés marocains était également  acquise chez la plupart des décideurs politiques belges à cette époque. 

Ce qui de l’avis de nombreux observateurs de la question migratoire, avait poussé les pouvoirs publics belges, à n’entreprendre aucune action susceptible de contribuer à l’intégration de ces immigrés, encore moins de favoriser leur implication citoyenne.

Ce ne sera que vers la fin des années 1980 et la production des premiers rapports du Commissariat royal à la politique des immigrés, que les pouvoirs publics belges, entérinèrent le caractère structurel et irréversible de la présence des immigrés marocains en Belgique

Pour ce qui concerne les autorités marocaines, force est d’admettre que l’illusion d’un futur retour définitif au pays d’origine, continue à ce jour d’alimenter tant la réflexion que l’action de l’Etat marocain, envers les Belgo marocains, considérés par l’état chérifien tantôt comme Travailleurs Marocains résidant à l’étranger, Marocains du Monde, ou encore comme Marocains résidant à l’étranger.

La suite : dans 2 jours
  




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