dimanche 11 mars 2012

Comme du temps de Haroun Errachid


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Zih, Fa A3ta hou Alfa Dinar :




( Vas y, Remets lui mille dinars )


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Au 8 ème siècle de l'ère chrétienne, il suffisait au Calife abasside de prononcer "ZIH", pour que le vizir Abou Jaafar Al Barmaki ou l'aide de camp du Calife, remette mille dinars, au poête-courtisan ou au troubadour, venu chanter en vers, ou en belle prose, les louanges et les vertus d'Amir Al Mouminine, Haroun Errachid.
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C'est raconté comme cela, dans les classiques littéraires de cette époque.
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Eh bien, Lagrima ( ou l'Agrément ), cette attestation permettant à celui qui la reçoit, d'en haut lieu, de pouvoir exploiter un taxi collectif ou un autocar, traçant les routes et les pistes du royaume, ne diffère guère de cette grande faveur califale.
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La forme de la "récompense" a peut être changé, mais point le contenu.
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Ceux qui recevaient des mains du roi Hassan II ou de Driss Basri, son âme damnée, le précieux présent, n'étaient pas forcément des citoyens ayant rendu de grands services à la nation, mais des gens ayant rendu de fiers services au Makhzen.
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Soyons bons princes et reconnaissons qu'au départ, c'est à dire il y a de cela très longtemps, des anciens combattants et des éléments ayant affronté la présence coloniale au Maroc, l'avaient reçue, en reconnaissance pour les services rendus à la nation.
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Mais la pratique s'est vite dévoyée, pour devenir une affaire relevant du pouvoir discrétionnaire du Palais et du très puissant ministre de l'intérieur, responsable des années de plomb, Driss Basri.


Il n'est indiqué nulle part que cet "agrément", document personnel et personnalisé, prétendument reçu pour services rendus au royaume, pouvait être revendu au prix fort, à d'autres personnes, n'ayant rien à voir avec lesdits services.
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Comme il n'est indiqué nullle part que ledit agrément, pouvait être loué, à des chauffeurs de taxis, par le propriétaire de l'agrément
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Or, c'est très largement le cas au Maroc. Et les policiers ou gendarmes, ayant à contrôler les papiers du chauffeur, ne retrouvent rien à en redire, face à cette étrange situation.

Comme si l'on pouvait utiliser, moyennant bakchich, le permis de conduire ou la carte grise de queqlqu'un d'autre.
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Mais c'est le Maroc....."D'hane Essir Issir" ( enduis le d'huile, cela rentrera ).
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On en est même arrivé à des situations kafkaïennes en matière d'agréments: Lorsque le détenteur de l'agrément pour fiers services rendus au Makhzen, décède, le document, strictement personnel est hérité par ses enfants.
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Il arrive même souvent que ledit document, lors de ce décès, est partagé entre deux ou trois héritiers, qui s'arrangent pour le louer à un exploitant de taxi ou à un propriétaire d'autocar.

Cette location est souvent mensuelle et les administrations chargées de faire respecter la caractère strictement nominal et personnel de ce document, acceptent de légaliser, cette location.
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Il m'a été donné de rencontrer en Belgique, des Amicalistes, qui avaient, en son temps, reçu un agrément, pour avoir vendu des militants progressistes, exilés en Belgique, à la police de Basri.
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Lors de mes nombreux séjours au Maroc, j'ai vu, en passant devant l'édifice du parlement marocain, des dizaines d'anciens prisonniers du Polisario, manifester leur désarroi, face à l'abandon dont ils sont l'objet de la part de l'état marocain.
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A ces ex soldats, ayant défendu, les armes à la main, l'integrité du territoire du pays, cause sacrée de tous les Marocains, point d'agrément ni de reconnaissance pour fidèles et loyaux services rendus au pays.
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En revanche, des sportifs, richissimes, ayant cumulé des fortunes dantesques, à l'image de Hicham El Guerrouj, ont bien reçu des agréments, auxquels ils auraient été mieux inspirés de renoncer, pour e"n faire bénéficier de vrais patriotes nécessiteux.
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L'actuelle publication par le minstre Rabbah, de la liste des bénéficiaires des Agréments, constitue elle, un simple effet d'annonce, ou précède t elle une révision complète du système, voire sa suppression.
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Wait and see

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