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......la société civile, inerte, applaudit
Tout était bloqué il y a six mois, depuis que les organisations américaines pro Polisario avaient décidé d'exercer d'intenses pressions sur Obama pour l'amener à modifier à l'ONU, la mission de la Minurso (Mission des Nations Unies pour le Sahara Occidental).
Ces pressions sont le fait d'ONG américaines très influentes, auxquelles le Maroc n'avait jugé ni opportun ni politiquement rentable d'interdire l'accès au territoire du Sahara marocain.
Il avait fallu que le roi pèse de tout son poids et faire bouger toutes ses relations américaines, pour parvenir in extremis, à un recul du département d'état américain, gagné un moment par l'adhésion au projet visant à étendre la mission des forces onusiennes, installées au Sahara, au delà de la supervision et du contrôle du cessez le feu entre les billégérants.
C'est que ces associations américaines, grassement gratifiées par les généraux algériens, militent activement et tous azimuts pour inclure dans la mission de la Minurso, le respect par le Maroc, des droits de l'homme au Sahara.
Si le roi a "gagné", du moins provisoirement cette bataille, grâce à ses propres lobbies US, cela ne signifie nullement que dans six mois, lorsque la mission de la Minurso devra être réévaluée et éventuellement reconduite, l'ONU, pressée par les lobbies pro algériens, ne revienne avec ce même projet visant à élargir cette mission.
De leur coté, les très influents milieux politiques et médiatiques espagnols, pro algériens, qui agissent au sein des instances européennes et gagnent chaque jour du terrain dans leur soutien très actif au Polisario, ne sont "neutralisés" que par les contacts très suivis du palais marocain avec les gros décideurs de Madrid.
On peut dire que le Polisario a suspendu sa guerilla armée depuis des années mais qu'il n'en continue pas moins cette guerre d'usure, sous de multiples formes, comptant sur le pouvoir algérien pour lui ouvrir les portes des importants cénacles internationaux, auxquels il n'aurait jamais rêvé d'accéder.
En Afrique subsaharienne, le roi, toujours lui, tente de rompre ou du moins de desserrer le cordon sanitaire que le pouvoir algérien s'emploie sans arrache, à dresser autour du Maroc, pour l'isoler de son hinterland africain.
La Mauritanie, historiquement favorable aux thèses marocaines vient de basculer dans le giron algérien.
Les visites répétées de M6 et ses séjours prolongés au Mali et à la Cote d'Ivoire, ne se font pas uniquement dans le souci de "libérer" l'Afrique de la tutelle étrangère (Cela c'est le discours), ou pour ressusciter l'esprit de la Route des Caravanes qui joignit jadis la Sijlmassa marocaine à Tombouctou.
Ces visites, effectuées en grandes pompes par le roi du Maroc, visent ni plus ni moins qu'à tenter de désserrer l'étreinte algérienne.
Face à cet activisme royal, les partis politiques marocains, largement dépassés, (gouvernement y compris), se trouvent hors du champ de la diplomatie.
Lors de son périple africain, le roi a "oublié" de se faire accompagner par son premier ministre et par les ministres PJD.
Ces derniers, snobés par le souverain se sont rabattus sur des sorties moins visibles, comme la visite de Benkirane à Bruxelles, pour participer aux cotés de Birou, ministre chargé de la communauté marocaine à l'étranger, aux festivités commémorant la signature de la convention belgo marocaine de l'immigration.
Khalfi, ministre PJD islamiste de la communication, également oublié par le roi, a été compter fleurette aux immigrés marocains de France.
Mais cette inertie caractérisant l'inaction des partis politiques marocains va chercher ses origines dans le comportement de la monarchie à l'encontre de la classe politique marocaine, depuis des lustres.
Fabriqués de toutes pièces ou cadrés par les soins du ministre de l'intérieur de feu le roi Hassan II, ces partis, en cela compris les "Socialistes" et les Communistes", ont intégré avec le temps, les limites strictes des marges laissées par le Palais.
Il leur a toujours été interdit de s'occuper de ce qui ne les regardait pas et qui relève de la sphère de la monarchie.
L'affaire du Sahara fait partie de ces champs gardés du roi que les partis feraient bien de ne pas pénétrer.
Au risque pour les dirigeants de ces formations, de se retrouver en prison, comme ce fut le cas pour le défunt Abderrahim Bouabid lorsqu'il avait voulu s'opposer à la décision du roi Hassan II concernant l'acceptation par le défunt souverain, de la résolution onusienne relative au recours au référundum sur le Sahara Occidental.
Depuis l'indépendance, les partis politiques marocains et leurs médias ont entériné au plus profond de leur âme, la peur de contrarier le Makhzen.
Les vieux dirigeants de ces partis ont transmis cette peur aux nouvelles générations gérant ces appareils politiques sans âme et sans projets.
A telle enseigne que même lorsque le roi Mohamed VI appelle ces partis à prendre leurs responsabilités dans la défense des intérêts du Maroc, ces formations, habituées et formatées au respect des frontières, n'accordent aucun crédit à ces appels, allant même jusqu'à s'en méfier.
La société civile marocaine, syndicats et ONG notamment, n'ont pas échappé à cette entreprise de formatage basée sur la peur du Makhzen.
A tel point, que même s'il existe la volonté de répondre positivement aux appels du nouveau souverain et de s'impliquer dans la dynamique de la défense des fondamentaux de l'Etat marocain, jusque là considérés comme chasse gardée du Palais, la peur l'emporte sur le reste.
Aujourd'hui, taraudés par cette peur au ventre, les partis politiques et les médias tournant dans leur giron ne sont pas sûrs que le roi prêche avec sincérité pour leur implication dans la défense des causes "sacrées" du pays.
C'est qu'on n'efface pas d'un revers de la main des décennies de terreur makhzanienne, pratiquée contre tous ceux qui pensaient pouvoir se mêler de ce qui ne les regardait pas.
Et ce ne sera pas demain que cette peur viscérale, inculquée aux dirigeants des partis marocains et à de nombreux journalistes, disparaîtra.
"Historique": C'est le sempiternel qualificatif répété à satiété, par les hommes politiques marocains, à l'issue de chaque discours royal.
A défaut de se convaincre qu'ils ont également un rôle à jouer dans la promotion des causes importantes du pays, les dirigeants politiques marocains se sont cantonnés dans une admiration béate face aux réalisations royales sur ce plan.
Convaincus que cela n'est nullement de leur ressort, ces dirigeants, lors de leurs récents visites en Belgique, n'ont pris aucun contact avec les décideurs politiques belges, encore moins avec les médias du plat pays pour promouvoir les intérêts marocains.
Ni le "conservateur" Cahabat, ni le "progressiste" Lachgar, encore moins l'"islamiste" Benkirane, n'ont cru utile de prendre langue avec ces décideurs.
Le roi devra attendre l'émergence d'autres générations politiques, non atteintes par le virus de la peur du Makhzen, pour voir naître une dynamique civile, apte à prendre à bras le corps, la défense des intérêts fondamentaux du Maroc.
Encore faudrait il aussi que la monarchie cesse de fermer les yeux sur les atteintes aux droits d'expression qui frappent régulièrement les médias autonomes et non partisans.
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