dimanche 13 juillet 2014

Ecolo perd les élections, son âme et ses Arabes

.
.
They had a dream....

Oui, à ses débuts il y a trente ans, la naissance d'Ecolo constitua un beau rêve pour beaucoup de démocrates et de progressistes, lassés des piliers traditionnels et éternels (Socialiste, chrétien et libéral).

Ce fut un rêve pour tous ceux qui avaient lutté durant les années septante, contre la présence des missiles américains en Belgique, contre la militarisation de l'occident, pour une citoyenneté active et participative et pour une ouverture des forum de débats démocratiques.

Les promoteurs de ce mouvement qui se situait dans la droite ligne de la promotion de la lutte contre l'emprise de la surconsommation, avaient vu juste lorsqu'ils avaient répondu à cette large aspiration citoyenne vers plus de démocratie et d'implication.

Nombre d'entre eux avaient d'ailleurs participé activement aux diverses mouvements citoyens contre la malbouffe et la domination des marchés. Des pacifistes notoires et des  opposants au nucléaire avaient pris part au lancement de ce mouvement frais et vivifiant.

Ecolo séduira à ses débuts et durant les années fastes des luttes citoyennes et antiracistes.

Il avait également représenté un nouvel idéal pour les nouvelles formes de productions paysannes.

Mais également auprès des associations de la société civile agissant en différents milieux: les cadres et les intervenants du terrain associatif convergèrent de manière importante vers cette formation qui se défendit alors d'être un parti politique comme les autres.

La "politique autrement"ou l'"Ecologie politique", furent entre autres slogans et dynamiques, lancées par les fondateurs d'Ecolo, comme des appels à l'adhésion de tous ceux qui estimaient que les possibilités de débats au sein des formations traditionnelles avaient atteint leurs limites et qu'au sein de ces partis, les wc étaient fermés de l'intérieur.

Les militants associatifs et syndicaux issus de l'immigration, lassés par le peu d'écoute, voire par les relents de racisme et de stigmatisation provenant des autres formations, décidèrent également de partager ce rêve avec les autres progressistes.

A Bruxelles, le regretté Aziz Benotmane, brillant universitaire et syndicaliste dans le monde de l'enseignement francophone, n'hésita pas à s'impliquer très tôt au sein de ce parti. Il fut le premier député provincial Ecolo d'origine étrangère au début des années 1990

D'autres comme lui, remplis d'espoirs quittèrent le PS et les résidus du Parti communiste et mirent leur énergie dans le nouveau mouvement.

Plus que le PS de Picqué et de Moureaux qui parlaient à cette époque des quotas d'inscriptions des étrangers dans leurs communes, Ecolo fut la formation qui attira ceux et celles qui voulaient un autre rapport à la politique et à la société. 

Toujours à Bruxelles, des militants associatifs et syndicalistes issus de l'immigration comme Meriem Bousselmati ou Abdellah Dougna rejoignirent Aziz Benotmane.

Rien qu'à Saint Josse, nombreux étaient les jeunes de seconde génération, d'origines turque comme Marocaine, qui rallièrent Ecolo et furent élus par la suite comme conseillers communaux: Hariye Balci et sa soeur Nuran, Zemmouri M'feddal, Mohamed Boughaba, Jaouad Mantrach...

D'autres restèrent sympathisants de ce mouvement mais n'en demeurèrent pas inactifs

A Schaerbeek, le jeune El Arnouki Mohamed avait été élu déjà en 1994 comme conseiller communal Ecolo


Quelques carriéristes dont un plan de carrière était déjà conçu, rejoignirent Ecolo pour décrocher sans passer par les "bases" du mouvement, un poste de député régional. 

Ce fut surtout le cas du président de foot ball club Atlas et néanmoins banquier Mostafa Ouezekhti, qui avait séduit, parce qu'il savait recevoir les dirigeants bruxellois d'Ecolo.

Ceux ci, subjugués par  monsieur Pepsodent (un Berlusconi avant l'heure), l'imposèrent aux instances du parti en infraction aux statuts du mouvement. 

Des dents avaient déjà grincé à cette époque face à ce diktat de l'aile droite d'Ecolo à Bruxelles

Fatiha Saidi aussi avait bénéficié des mêmes faveurs et fut également imposée aux militants pour figurer en place éligible au parlement bruxellois.

Ces deux députés Ecolo de la "Société civile" (on ne parlait pas encore de Diversité à cette époque (1995), vont quitter Ecolo avec armes et bagages pour rejoindre, l'une le PS et l'autre le MR de Louis Michel. 

Pour justifier son départ vers le PS, Fatiha Saidi avait été jusqu'à accuser de racistes, les dirigeants "blancs" du parti Ecolo, pour l'avoir "empêché de présenter sa candidature comme candidate à l'équipe de direction du mouvement

Pour Ouezekhti point n'était nécessaire de justifier le passage au MR de ce banquier quelque peu douteux.

Cette pratique de la direction de s'accoquiner avec certains "cadres" carriéristes issus de l'immigration, avait déjà poussé un certain nombre de militants de la première heure, comme Aziz Benotmane et Abdellah Dougna, soucieux du respect des règles au sein d'Ecolo, à claquer  la porte. D'autres, moins connus leur avaient emboîté le pas.

C'est dire que la gestion des militants de la diversité par la direction d'Ecolo a connu des couacs depuis la sortie publique de ce mouvement.

Ceci sans parler de la totale absence des belgo turcs qui, hormis quelques rares militants d'extrême gauche issus de cette communauté, n'ont jamais et à ce jour, trouvé leur place au sein de ce mouvement "petit bourgeois et élitiste".

Plus tard, lorsque les jeunes issus de l'immigration privés d'ascenseur social dans le monde de l'emploi et du travail, découvrirent que la politique pouvait leur offrir cette opportunité, nombre de ces jeunes, choisirent de venir à Ecolo, pour espérer décrocher l'un ou l'autre mandat politique.

Ce fut le cas du député sortant Ahmed Mouhssine et de Fouad Lahssaini entre autres.

Si Lahssaini se proclamait comme Laic convaincu et sympathisant de formations gauchistes marocaines, Ahmed Mouhssine, lui, ne cachait pas ses sympathies islamistes et sa proximité avec les officiels marocains à Bruxelles.

Lahssaini qui s'avérera peu expert en matière de lobbyisme au sein des associations à connotation arabo musulmane, sera surtout soutenu par les courants altermondialistes, qui sur le plan de l'apport électoral ne pèsent guère beaucoup.

Ceci alors qu'Ahmed Mouhssine qui investira au sein du tissu associatif islamique bruxellois, bénéficiera durant un temps, du soutien de l'appui de son ami Radouane Bouhlal qu'Ahmed Mouhssine avait aidé pour décrocher la présidence du MRAX.

Ahmed Mouhssine, Mouhssine Mouedden, Radouane Bouhlal et Abdelghani Benmoussa furent les principaux promoteurs de l'islamisation du MRAX.

Ils feront durant des années de la question du foulard et de son interdiction, l'élément central et quasi exclusif de l'engagement du MRAX sur le terrain d'antiracisme. 

A tel point que cet antiracisme sera centré sur la seule islamophobie.

En réalité et bien qu'il ne fut pas idéologiquement, parce que laic,  porteur de ce combat exclusif contre l'islamophobie, Radouane Bouhlal dut céder aux pressions de ses "amis", ci dessus cités, qui l'assurèrent de leur aide active, dans son désir irrépressible de prendre la présidence du MRAX.

Ahmed Mouhssine dont l'épouse avait, avec le soutien de Bouhlal, décroché un job salarié au MRAX, n'avait apporté ce soutien à Bouhlal que dans l'optique de s'assurer un retour sous forme d'un appui franc et massif de la sensibilité islamiste du mouvement antiraciste, dans son positionnement politique.

Cette stratégie lui réussit au delà de ses espérances puisqu'en 2009, il est élu comme député bruxellois avec l'aide efficace de tout ce beau monde tournant dans le giron d'Abdelghani Benmoussa et de Vigilance islamique

Ces amis de Mouhssine Ahmed avaient même formé un comité de soutien au candidat député vers lequel avaient convergé tous les défenseurs du port du voile (Fatima Zhibou notamment). 

C'est qu'Ahmed Mouhssine avait fait croire à ses soutiens très actifs à l'époque pour un vote en faveur d'Ecolo, que ce parti avait épousé leurs revendications en cette matière.

Guère plus tard, et surtout depuis qu'Ahmed a entamé sa présence sur les bancs du parlement régional, la droite laicarde Ecolo, renforcée par l'arrivée de Josy Dubié, plus laicard que lui tu clamses, décida de reprendre les choses en main et de s'aligner sur les positions les plus radicales émanant du PS et du groupuscule Le Rappel, quant à l'affaire de l'interdiction du foulard au sein des écoles et des administrations publiques.

Ce fut dans le cadre de cette reprise en main droitière, que de brillants militants Ecolo, issus de la diversité, furent appelés à l'ordre par la tendance Durant.

La dernière victime en date fut Youness Salhi, professeur de son état, contre qui la mafia Durant avait allègrement il y a deux ans enfreint les statuts de la section de Schaerbeek

Ecolo est aujourd'hui un parti sans pilier, sans sections locales et sans troupes. 

Le sigle demeure demeure le seul attrait pour les voix, qui tout en continuant à s'accrocher à l'idéal des pères fondateurs, diminuent en nombre à chaque consultation.

Aujourd'hui, Ecolo n'a pas à se pencher uniquement sur la dégelée électorale du 25 mai passé. 

Ecolo dit qu'il n'est ni à gauche ni à droite. En attendant et grâce à l'aval de Durant, Ecolo a siégé à Schaerbeek, avec des Nolsistes notoires comme Beranrd Guillaume ou Nimal. A Molenbeek, il s'est rangé du coté de la libérale Françoise Schepmans....

Il est aujourd'hui là où les mandats et les jetons de présence se trouvent  

S'il veut renaître de ses cendres, il ne peut pas faire l'économie d'un très large débat sur son long parcours et les dérives qui ont conduit à la mainmise d'une droite hénophobe, sionisante et affairiste sur ses destinées.

Prochain article

Le Cdh ex PSC perd également ses arabes et tend à disparaître  


1 commentaire: