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...que grands adolescents....
...nous éprouvions beaucoup de gêne à montrer que nous pleurions, ....à l'écoute de Fakkarouni (Ils m'ont rappelé) de l'astre de l'Orient Oum Kaltsoum.
Un garçon, ça ne pleure pas...au Maroc
Je me souviens de cette semaine de 1967 que nous avions vécue, à une dizaine de copains tangérois, tentant de rassembler les 500 dirhams (45 €) pour partir à Rabat, assister au concert d'Oum Kaltsoum, que la diva arabe de tous les temps devait tenir au théâtre Mohamed V.
J'avais fait le tour de tous les membres de ma famille pour emprunter auprès des uns et des autres, le montant de 300 dirhams nécessaires à l'acquisition du billet d'entrée à ce concert et les 200 dirhams indispensables au trajet en car de Sadraoui (La CTM et le train: trop cher pour le budget d'un étudiant comme moi, issu d'une famille modeste ....et mélomane)
Chez moi, tout le monde chantait. Chez mes amis aussi et quasi au sein de toutes les chaumières de Tanger.
Mes trois soeurs Amina, Anissa et Batoul (Allah Yarhamha) chantaient à la cuisine, en nettoyant les pièces de la maison unifamiliale et ....en se disputant entre elles...Elles se disputaient en chansons...
A l'âge de 16 ans, je chantais dans l'oreille de Malika qui fut à 15 ans, mon premier grand amour. Je chantais aussi sous la pluie...comme dans le film que vous savez...sous la douche... (Non, nous n'avions pas de douche à la maison...alors je chantais sur la route du hammam)
Tout le monde chantait à Tanger, à Casablanca, à Kénitra et même dans les campagnes marocaines...Tous, nous chantions l'amour et la joie de vivre.
Nous passions allègrement d'Oum Kaltsoum, Farid Al Atrach ou Najat Assaghira aux 4 garçons dans le vent que furent les Beatles, à Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Johnny Halliday, Dick Rivers, Bob Dylan Joan Baez etc...
Nous voyagions entre le Chaabi, le Charqi, la chanson juive marocaine de Sami Al Maghribi (Dor biha ya chibani dor biha), en passant par Hadja Hamdaouiya et ses T3alalou ou Ana Ba3da baghya nekhrouj wenjibou (trop difficile à traduire en français)....
Du moment que cela permettait de déhancher, c'était bon et c'était pour nous....
C'était le temps où Tanger tangérisait, où Casa baïdaouisait et où Marrakech ta3rijisait
Nous adorions la chanson algérienne et surtout les airs coquins de Hadj El 3anqa et nous nous en foutions de la réputation d'homosexuel que ce très grand artiste traînait derrière lui
Nous lisions Spirou, Tintin, Pilote à ses débuts, mais nous adorions les poèmes "osés" d'Al Moutannabi (un prophète après l'heure) et ceux du génial Abou Nawwass.
En 4 ème secondaires déjà, on avait philo et socio....
A Tanger...Tout le monde dansait: les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens...En public en plus, s'il vous plait! lors des 7alqas sur les agoras publics.
Je suis parti en 1969 du "pays" avec ces souvenirs espiègles, coquins et arrosés de rire et de bonheur...
Et depuis lors, chaque année que je "rentre", je relève avec tristesse et incompréhension que mes "compatriotes de là bas" rient de moins en moins et ne chantent que très rarement...
Les intégristes de tous poils et les fondamentalistes d'Orient sont passés par ce pays qui m'avait vu naître, grandir et m'égosiller en chantant
Les wahhabites ont réussi à force d'injection de milliards à contaminer les dirigeants de ce beau pays...
Qui, à leur tour interdisent tout et à tour de bras...
Interdit de chanter,
interdit de danser,
prohibée la divine bouteille et
banni l'amour et la main dans la main entre amoureux....
Haram est le mot que les marocains ont probablement le plus entendu durant cette année 2015 qui s'achève....
Des artistes comme Loubna Abidar (Mutch loved) et d'autres sont contraints de s'exiler après avoir été agressés et takfirisés....Si le film ne contenait pas le mot "loved", je pense qu'il aurait été "toléré"
Des films qui mettent le nez des hypocrites marocains de tous poils dans le caca, sont censurés ou interdits de salles (lorsqu'il y a encore des salles).
Je continue?...
Non, j'ai le blues....! après avoir trop forcé sur la dinde et la bûche....
Bonne année quand même
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