lundi 22 mars 2021

Mars 1965: Massacre à Casablanca, Assassinat à Paris de Ben Barka et procès politiques à la pelle

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Mars 1965:

Quand le roi Hassan II avoua l’échec des politiques publiques


 A lui seul, le discours que feu le roi Hassan II prononça le 29 mars 1965 (Source Le Maroc politique, Claude Pazzioli – éditions Sindbad) , à l’issue de la répression policière sanglante qui fit à Casablanca des centaines de morts parmi les jeunes lycéens et les chômeurs, représenta un aveu des plus éclatants, quant à la totale incapacité de la classe politique marocaine, à résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques du pays, durant les dix premières années de l’indépendance du Maroc.

Tout en s’accordant le beau rôle dans la gestion du pays, le souverain chargea dans son discours, les parents des jeunes manifestants, les professeurs des lycées du pays, les intellectuels et les élus de la nation:

Parlant de ses réalisations, le roi dit:



«(…) Il n’existe pas un Etat, même celui qui vivrait au dessus de nos moyens, qui consacre une aussi grande proportion de son budget à l’éducation de ses fils et à leur culture. En dépit de notre situation économique et financière, dont la faiblesse ne t’échappe pas (ndlr, le roi s’adresse au peuple qu’il tutoie), l’Etat marocain entreprend un grand effort dans ce sens puisqu’il consacre 20% de son budget à l’éducation de nos enfants(…)»


S’en prenant aux parents des jeunes manifestants, le roi dit:

«(…) Ces mères, ces pères, qui incitent leurs enfants aux manifestations ont eu tort, car ils leur ont donné pour habitude la pratique de l’anarchie et de la loi de la jungle. Je vous mets en garde, vous parents, car celui que vous avez poussé un jour à profaner la dignité des autres, ne vous attendez pas à être respecté(…)»



Accusant les professeurs de «lâcheté», le roi leur dit:

«(…) Par ailleurs, je m’adresserai aux professeurs pour leur rappeler qu’il est de l’habitude des hommes et des intellectuels en particulier, d’avoir assez de courage pour exprimer leurs idées et non pas pour exploiter les élèves et se cacher derrière des enfants. Ils devraient par contre être des hommes dignes de cette définition et assumer leur part de responsabilité.

Or, ces enseignants ont fermé les écoles et ordonné aux élèves de descendre dans les rues pour manifester. Pourquoi donc ne sont-ils pas descendus eux-mêmes dans les rues à la place de leurs élèves. Où sont donc ces qualités de bravoure, de courage et de bon sens(…)»



Brossant un tableau des plus sombres de la situation économique du pays, le roi accable les chômeurs et les désoeuvrés:

«(…) En effet, une autre intervention s’est ajoutée à celle des élèves, c’est celle des mécontents, des chômeurs et des désespérés. Je sais qu’avant la catastrophe, une usine de sucre s’est trouvée dans l’obligation de congédier 900 ouvriers. Je sais également que 10 000 ouvriers ont perdu leur emploi à cause de la crise économique.

Je sais aussi qu’on s’attendait, si de tels incidents se produisaient, à ce que les désespérés ayant également la responsabilité de garantir la subsistance de leurs enfants, grossiraient les rangs des manifestants et donnent un caractère plus violent à ces manifestations qu’à celles des élèves(…)»


A propos de la conjoncture économique en crise, le roi dit:

«(…) J’ai dit dans le discours du trône (ndlr, le 3 mars 1965), que la production du pays et l’investissement des fonds étrangers ne sont pas suffisants. Je vous ai dit que les résultats agricoles ne sont pas satisfaisants (…)

Ajoutant:


«(…) Moi aussi je vous dis en toute clarté et en toute franchise, sans vous le cacher, que l’avenir n’est pas brillant, qu’il est plutôt un avenir ne dépendant que du travail assidu et des efforts continuels(…)»

Enfin vint le tour des parlementaires, pour être sévèrement sermonnés par le monarque:

«(…) A cette occasion, je m’adresse aussi à ceux auxquels vous avez témoigné votre confiance et accordé vos voix qui les ont portés au parlement pour leur dire:

‘Assez de discours creux et de vaines paroles. Cessez de vous dire des choses auxquelles vous ne croyez pas vous-mêmes. Cessez de brandir le slogan de telle ou telle réforme, car vous êtes tous, ou au moins une bonne partie d’entre vous, dans l’ignorance totale de ce que vous prétendez’


Dans ce sens, je me permets de citer la parole du prophète qui a dit: ‘Quand l’honnêteté disparait, prépare toi à voir l’univers s’effondrer’


Le souverain enfonce le clou 
et harangue le peuple contre les députés:

«(…) Peuple, depuis leur arrivée au Parlement, le service de la législation se trouve paralysé, ainsi que l’imprimerie officielle, et le Bulletin officiel n’a publié que trois lois, alors que nous sommes déjà dans notre troisième année de l’expérience constitutionnelle(…)»

Le tableau ainsi dressé par le roi, ne souffre aucune ambiguïté quant à l’état de la situation économique et sociale du pays en cette année de procès et d’enlèvements politiques.

Quelques mois plus tard, le 29 octobre 1965, le leader tiers mondiste Mehdi Ben Barka est enlevé en plein cœur de Paris par des agents marocains, français avec le soutien du Mossad.


L'on se souvient que 3 mois après les manifestation de mars 1965, le roi décréta l'instauration du service militaire.


Cette opération fut un échec cinglant






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