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Le Maroc en état de siège
Après une longue disparition du roi Mohammed VI qui a duré plus de 4 mois, le monarque marocain absolu est apparu sur les chaînes de la télévision marocaine le 29 juillet dernier, jour de son vingt et unième anniversaire de l'accession au trône alaouite.
Lors du très court discours du trône (17 minutes) enregistré qu'il a lu à partir de feuilles pré écrites, le souverain éprouvait énormément de difficultés à réciter son discours.
Toussant, haletant et respirant avec peine, Mohammed VI ne pouvait cacher une très grande fatigue physique.
De sa bouche, les mots ne sortaient qu'avec peine. Certains de ces mots n'étaient guère compréhensibles.
Durant sa très longue absence, celui dont le visage ne quittait jamais les 4 chaînes des télévisions d'état, fut montré à la population par les soins des services sécuritaires, à travers des photos grossièrement montées.
Même la photo qui illustra son "opération" cardiaque exécutée selon les mêmes services dans le bloc opératoire de Rabat, provenait d'une intervention chirurgicale subie deux ans auparavant à Paris.
Durant cette absence qui mit le roi en veilleuse, qui dirigeait le Maroc et qui continue à le diriger actuellement?
Bien malin celui qui pourrait répondre avec précision à cette question.
En revanche et au vu de ce qui se déroule au Maroc aujourd'hui, il n'est pas sorcier de voir la patte des redoutables moukhabarate (services sécuritaires) que dirige en sous main l'homme fort et puissant du Maroc: le conseiller du monarque, Fouad Ali Al Himma.
Celui là même qui fut jadis le collaborateur le plus proche du sinistre vizir de l'Intérieur du défunt Hassan II et son âme damnée.
Al Himma qui à l'ombre de Driss Basri, fut lié aux terribles années de plomb et des centres "secrets" de détention dont le mouroir de Tazmamart qui engloutit des centaines d'opposants entre 1974 et 1997
Aujourd'hui, de nombreuses villes marocaines sont soumises à un état de siège militaire des plus étouffants.
Sous le fallacieux prétexte de la lutte contre la propagation du Covid 19, les blindés et les chars de l'armée sont à tous les carrefours de ces cités.
Des quartiers entiers sont isolés par des centaines de gros blocs de béton armé.
Les déplacements entre les principales villes du pays sont interdits et les gares tant routières que celles émargeant aux chemins de fer sont tout simplement fermées.
Des milliers de citoyens ont été arrêtés depuis mars passé, traduits devant des tribunaux de flagrant délit et jetés en prison pour non respect des dispositions liées à la lutte contre le Corona.
Quand on sait que près de 12 millions de Marocains (statistique du bureau du plan) vivent sous le seuil de la pauvreté et émargent à des occupations précaires dans les secteurs de l'informel, on ne peut que s'étonner de la répression de ces pères et mères de familles contraints de braver l'interdiction de sortir de chez eux pour essayer de gagner de quoi nourrir leurs enfants.
Les 20 000 marocains ayant quitté leur pays avant la fermeture des frontières marocaines intervenue le 14 mars 2020, restent à ce jour bloqués en Europe et dans certains pays arabes et africains
Beaucoup d'entre eux qui se retrouvent avec des visas échus et sans le sous....errent dans les rues de Bruxelles, de Paris, de Dusselforf, de Madrid ou d'Amsterdam, où ils en sont réduits à mendier...alors que nombre d'entre eux sont indépendants, commerçants, employés ou salariés au Maroc.
Il va sans dire que la plupart d'entre eux ne retrouveront plus leur emploi lorsqu'un jour le gouvernement marocain daignera leur ouvrir les frontières
Le sommet de ce cynisme gouvernemental réside dans les tarifs fixés par la seule compagnie aérienne (La RAM - Royale air Maroc) autorisée à transporter ce public, atteignent des montants dépassant les 1000 € par tête de pipe.
A Tanger, ville balnéaire par excellence, les plages sont fermées aux citoyens de la ville depuis la mi-juin.
Nous sommes face à un coup de force qui ne dit pas son nom. Un coup d'état qui a réussi à mettre de facto à l'écart le roi Mohammed VI.
Les Marocains étouffent sous les dizaines de mesures prises sans arrêt tant par le gouvernement national que par les divers pouvoirs provinciaux ou locaux.
Le parlement de Rabat avec ses deux instances ne se réunit plus depuis mars 2020.
Les pouvoirs des corps sécuritaires dépendant directement du Palais et de l'intérieur régalien (les gouverneurs, les Walis, les Caids, les Pachas, les Moqaddems...) ont pris l'ascendant sur les pouvoirs publics élus tels conseils communaux urbains et ruraux
Le Maroc est aujourd'hui un état policier qui a gelé toutes les libertés et notamment celles de la presse.
Des dossiers de mœurs des plus grossiers sont fabriqués par les services policiers et entérinés tels quels par une magistrature debout et assise aux ordres pour "faire tomber" des journalistes dérangeants.
Tous les indicateurs attestent d'une dérive ultra sécuritaire rapide et inarrêtable dans ce pays que beaucoup pensaient il n y a guère, avoir rompu avec la répression et le déni de droit.
Pas mal comme description de la situation au Maroc. Bonne continuation !
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