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L'Éxecutif des Musulmans de Belgique (E.M.B.)
DOSSIER
Bref rappel historique
La patience du ministre de la Justice de notre pays a atteint ses limites...
Et s'il devait exister un Prix Nobel de cette vertu, c'est sans doute aucun à nos institutions politiques belges qu'on devrait le décerner pour le temps, l'énergie et même une certaine complaisance dont elles ont fait preuve depuis 1998, date des premières élections de l'organe chef du culte islamique de Belgique
Je dirais même que la manifestation de cette patience institutionnelle remonte à une date bien antérieure à cette élection, puisque c'est depuis la promulgation de la loi reconnaissant en 1974, le temporel du culte islamique, que la porte du jardin d'enfants musulmans a été ouverte.
Il y a moyen de rédiger un ouvrage de plus de 1000 pages, si l'on voulait réellement immortaliser l'histoire tumultueuse et souvent fantaisiste de la vie de l'islam made in Belgium.
Mais comme je dois m'inscrire dans l'actualité, Je me contenterai de tracer les principales étapes de ce fiasco - j'écris bien fiasco, parce que je veux rester poli - que fut la gestion de ce temporel du culte islamique par une pseudo élite islamique qui a eu à prendre en main la direction administrative des affaires des Musulmans de notre pays.
Rappelons pour l'histoire, qu'au moment où le gouvernement belge s'apprêtait en 1973, à reconnaître le temporel du culte islamique, de nombreuses voix parlementaires, dont celle de feu Philippe Moureaux, s'étaient étonnées de cette démarche, se demandant s'il fallait entériner une telle option, puisqu'aucun musulman, hormis le wahabite roi Fahd d'Arabie saoudite, n'avait formulé une telle demande de reconnaissance.
C'est que les jeunes celibataires turcs et marocains de la première génération d'alors avaient à cette époque d'autres chats à fouetter.
Des chats sous forme de regroupements familiaux pour les jeunes immigrés d'alors
ou fonder des familles en donnant naissance à une génération native de Belgique.
Quand la plupart de ces mêmes immigrés ne songeaient qu'à cumuler les heures sups pour ramasser un pactole apte à leur assurer un retour définitif à leurs pays d'origine.
En conséquence, la reconnaissance d'un temporel de culte pour des travailleurs manuels désireux de retourner "là bas", n'occupait pas, loin s'en faut, les esprits de ceux qui s'acquittaient de leurs prières dans des caves ou des hangars de fortune.
De 1974 à 1887, et à défaut d'interlocuteurs issus des rangs des immigrés provenant du Maghreb et de Turquie, la Belgique confia les clés de cette gestion à l'Arabie saoudite, qui elle, chargea la Ligue islamique mondiale (dominée par les Frères musulmans ayant trouvé asile en Arabie suite à la purge que Nasser avait menée contre la confrérie de l'oncle de Tarik Ramadan, en 1956).
Manquant cruellement de personnel enseignant à affecter dans les écoles belges de l'enseignement officiel pour prendre en charge les têtes brunes musulmanes au sein de ces établissements, la Ligue islamique dut ratisser large pour recruter.
L'état belge répondit avec énormément de facilités aux demandes du centre islamique du Cinquantenaire pour ce qui concernait les centaines de requêtes de régularisations d'étudiants maghrébins - marocains en particulier - dont pas mal de marxistes provenant de nos universités et désireux de s'incruster en Belgique au terme de leur séjour universitaire.
Ce seront ces étudiants qui, après avoir opportunément adhèré au Wahabisme et effectué pour nombre d'entre eux des séjours à Djeddah pour les besoins d'une formation conforme aux options saoudiennes en la matière, se positionneront après 1987, pour succéder à la Ligue islamique mondiale, devenue structure non grata pour les institutions belges..
Passons sur les raisons ayant poussé les autorités belges à cracher dans la soupe de la Ligue islamique mondiale que ces mêmes autorités adulaient dans un passé guère lointain, mais retenons tout de même l'assassinat de l'imam directeur du Centre islamique qu'on attribuera à Abdelkader Belliraj et à l'affaire du voile islamique fortement conseillé aux fillettes musulmanes par le directeur de ce Centre.
Exit donc la Ligue islamique mondiale de la gestion du temporel du culte islamique.
Mais c'était sans compter sur la Takkya (dissimulation) dans laquelle excellent les tenants de l'islam politique.
Battant le rappel de ses troupes, dont des dizaines d'enseignants de religion islamique et des présidents de comités de mosquées belges ayant obtenu des enveloppes provenant d'Arabie, la Ligue islamique lança en 1998, par le truchement de ces affidés, un vaste mouvement "indépendant", porteur d'un projet de création d'un Organe chef du culte islamique.
N'étant pas nées de la dernière pluie, les autorités du plat pays sentirent la grossière manœuvre et refusèrent d'entériner les résultats de la structure "sortie des urnes" avec la bénédiction du centre islamique saoudien
Dans la foulée de ce refus, le gouvernement fédéral belge fera appel à l'ex ministre du "Train" (Elle fut ministre des chemins de fer par le passé), Paula d'Hondt, pour lui confier le portefeuille du Commissariat royal à la politique des immigrés (CRPI)
Après six mois de rencontres de spécialistes es immigration et autres acteurs de terrain, Paula d'Hondt sort un volumineux rapport, destiné à guider les actions des différentes entités fédérées belges, en matière d'intégration des immigrés en Belgique.
Le principal chapitre qui se tailla la part du lion dans le rapport de la Commissaire d'Hondt, fut celui relatif - vous avez deviné - à la mise en place d'un organe chef du culte islamique ayant la tâche de gérer le temporel du culte islamique dans notre pays
Pour y parvenir, le CRPI préconisa des élections libres et ouvertes - les écoles communales acceptèrent d'accueillir l'organisation de ce scrutin qui donna lieu à l'émergence d'une assemblée générale des Musulmans de Belgique.
Laquelle assemblée élira en son sein un Exécutif chargé de la gestion administrative de l'islam de notre pays.
Les structures de l'EMB depuis la mise en place de l'organe chef du culte
Soulignons au passage une première intervention des autorités belges qui, dès l'issue de ces élections, créera un réel malaise parmi les élites musulmanes de notre pays: l'opposition de la Sûreté de l'Etat belge à certaines désignations que cet organisme étatique soumettra à un scanning peu clair quant à ses motivations.
Le premier Exécutif fut divisé quant à cette ingérence. Et si certains au sein de l'assemblée générale des 67 y furent particulièrement hostiles, d'autres plaidèrent pour un courbage du dos pour, disaient ils, éviter de "saloper" l'ensemble du travail accompli qui a abouti à l'émergence en Europe du premier organe chargé de gérer les affaires musulmanes.
Les Français, Allemands, Hollandais et autres Espagnols ou Italiens étaient sur le cul, face à cette réalisation belge.
C'est dire la grande ouverture dont ont bénéficié les Musulmans de notre pays avec l'énorme soutien de nos institutions politiques, universitaires et syndicales.
Au cinéma, on aurait écrit "a star is born", mais dans la vie des relations des Musulmans avec leur pays d'accueil, force est d'admettre qu'un tel chef d'œuvre, transformé aujourd'hui en ruines, fut unique en son genre dans une Belgique marquée par les conflits et les déchirements communautaires.
Malgré un certain nombre d'erreurs émanant de nos autorités politiques, nous ne pouvons pas, après cette immense patience et ouverture d'esprit de nos gouvernants, reprocher à nos autorités publiques d'avoir manqué à notre tradition du compromis pour ce qui concerne ce dossier.
L'élite musulmane a très largement failli.
Commençons par le scrutin de décembre 1998, auquel avaient pris part près de 50.000 musulmans émargeant à toutes les Régions de Belgique.
Signalons tout de même que la campagne pour ces élections avait été marquée par une certaine tension entre les 350 candidats s'étant inscrits sur les listes.
Et quasi aucun de ces prétendants à la gestion du temporel du culte islamique n'avait réellement saisi l'enjeu de ce scrutin.
Laquelle consultation, comme le stipulait clairement le contrat établi entre les Musulmans et l'Etat belge, devait donner naissance à une structure avant tout administrative chargée de gérer le temporel du culte islamique et point éditer des fatwas ou interpréter les textes coraniques ou les hadiths de la Sounna.
Or, en feuilletant les supports promotionnels de la plupart des candidats (tracts, dépliants et autres livrets électoraux), force était de relever que la phraséologie contenue dans ces outils de propagande était aux antipodes de la mission spécifiquement gestionnaire de l'organe à élire.
Tel candidat défendant la création d'un enseignement privé spécifiquement islamique, un autre promettant s'il est élu, de favoriser l'émergence de homes islamiques pour personnes âgées.
Quand une candidate s'engage, la main sur le cœur à œuvrer pour l'ouverture de maternités pour femmes musulmanes ou l'ouverture d'abattoirs Halal.
Le port du foulard occupa également un espace non négligeable dans la propagande de nombreux candidats salafistes à ces élections
D'autres propositions plus osées comme l'exigence de la séparation hommes - femmes dans les piscines ou les salles de sport furent émises
Quasi aucun candidat n'avait abordé lors de cette campagne, des points relatifs à la véritable vocation de la future instance de la gestion du temporel du culte islamique.
Installation de l'organe des 17.
Comme évoqué plus haut, l'exigence de la Sûreté de l'état d'éliminer de la liste des 17 membres de l'Exécutif ceux qui lui semblaient présenter un profil "radical", créa beaucoup de débats au sein de l'assemblée des 67 élus et faillit mettre en danger la sortie officielle du premier EMB.
Mais la sagesse de certains membres élus finit par calmer le jeu.
Le premier président du premier organe chef du culte fut un liégeois, cadre au ministère belge des finances, monsieur Maloujahmoum Nordin.
Ce cadre compétent et maîtrisant la gestion administrative qui était un homme de dialogue et de consensus, fera long feu à la tête de l'EMB
Non habitué aux "violences" régissant les rapports au sein du milieu associatif, d'où sont issus tous les membres tant de l'AG des 67 que l'EMB, Nordin Maloujahmoum qui fut élu pour une période de 10 ans, fera les frais des tensions existant - déjà! - au sein de l'organe chef du culte islamique et démissionnera, trois années après sa prise de fonction.
Lui succédera alors un autre cadre issu de l'immigration marocaine, Mohamed Boulif, économiste et expert en finance islamique.
Tant Maloujahmoum que Boulif furent formés à l'école belge depuis leur tendre enfance.
Il restait donc à l'EMB reconnu et financé par l'état belge quelques 7 ans à tirer avant de clôturer son premier mandat.
Mais c'était sans compter avec les socialistes Charles Picqué et Laurette Onkelinckx qui estimèrent que cette présidence serait mieux gérée par le président de la mosquée Saint-gilloise de la rue de Suède, feu Kissi Benjelloun, qu'Allah l'accueille dans sa miséricorde.
Cette mosquée et son staff dirigeant servait de base électorale pure et dure au PS Saint Gillois qui renvoya l'ascenseur à son président, alors membre de l'EMB mais aspirant à plus, puisqu'il y avait affinités avec le bourgmestre de 1060 Bruxelles.
De sales méthodes furent utilisées par certains auxiliaires du ministre de la Justice d'alors Laurettte Onkelinkx, pour déstabiliser le président Boulif et le pousser vers la porte de sortie
Parmi les exécutants de ces manœuvres suspectes, on peut citer l'ex mari de la ministre, Abbés Guennad pour ne pas le nommer, qui occupait à cette époque la fonction de .....conseiller de Laurette au cabinet de la Justice.
Hassan Boucetta qui sera sénateur PS plus tard agissait de concert avec Abbés, de même qu'une flopée de khoubzistes proches du parti de la rose.
Ainsi et agissant à l'encontre de l'arrêté reconnaissant l'EMB pour une période de 10 ans avec le renouvellement d'un tiers des membres de cet organe après 5 ans d'exercice, Onkelinkx decrèta en toute illégalité l'organisation en 2005, d'élections générales.
Nous sommes en 2005.
Tijjini alias Erroukho profita de ce coup de force Laurettiste pour se présenter aux élections imposées par la ministre.
https://www.dhnet.be/actu/faits/2007/02/02/boulif-je-veux-comprendre-Z3HBEVKSTBFGPAF6ZA326RAUGM/
Mohammed Boulif sera accusé de détournements de fonds par des éléments internes à l'EMB, manipulés de l'extérieur et de soutien financier au terroriste Nabil Trabelsi.
Une descente policière aura lieu aux locaux de l'EMB et procédera à une perquisition en règle pour finir par arrêter le président Boulif.
Celui-ci, avant d'être blanchi plus tard de ces accusations, passera 9 jours à la prison de Forest à la requête du juge Claise.
Il n'arrêtera jamais de clamer son innocence, mais sa blessure sera si profonde pour de très nombreuses années
Le temps turc
Désertées et même boycottées par la communauté marocaine de Belgique, les élections organisées par Onkelinkx et coordonnées par le PS Hassan Boucetta, le scrutin de 2005 verra en revanche une participation massive de la communauté turque de notre pays.
Le triomphe des éléments de la Diyanet conduira tout naturellement à l'élection d'un président turc à la tête de l'EMB: monsieur Goscun Beyazgul sera ce président.
Lui succédera quelques années plus tard, un enseignant de religion islamique du nom de Semsettin Ugurlu
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Les présidents successifs de l'EMB ont été :
- l'inspecteur des finances Nordin Maloujahmoum (1999-2003) ;
- l'économiste Mohamed Boulif (2003-2005)
- l'employé de la Diyanet Coskun Beyazgül (2005-2008), diplômé de l'enseignement religieux turc officiel (lycée imam Hatip) et de l'université libre de Bruxelles, section « philologie et histoire orientales », option islamologie ;
- Semsettin Ugurlu enseignant de religion islamique (mars 2008-avril 2014) ;
- Noureddine Smaili (avril 2014-mars 2016) ; enseignant vervietois de religion islamique et imam d'une mosquée
- Salah Echallaoui (mars 2016-mai 2018). Inspecteur de religion islamique en Communauté française
- Echallaoui était auparavant souvent déjà considéré comme le « décideur de l'ombre » de l'Exécutif
- Mehmet Ustun de l'organisation turque Milli Gorus (mai 2018-) ;
- Salah Echallaoui, réputé propagateur d'un islam modéré, avait de bonnes relations avec les ministres successifs belges de la Justice (Joëlle Milquet, Anne mieux Turtelboom et Koen Geens
- Malgré sa demission de la présidence de l'EMB, echallaoui reste très actif dans l'ombre
Le sera t - il un jour ?
HEUREUSEMENT QUE TU ES LA MEMOIRE DE CETTE TENEBREUSE AFFAIRE !
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