jeudi 13 avril 2023

L'univers terroriste d'Oussama Atar

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...décrit magistralement dans l'ouvrage

 "LE CLANDESTIN DE DAECH"

 

Auteurs Georges Dallemagne et Christophe Lamfalussi

 


S'il fallait confirmer point par point, le récit des deux auteurs quant au rôle  joué par Oussama Atar dans la préparation et l'exécution de ces attaques meurtrières qui ont endeuillé notre pays, Abrini et Salah s'en sont récemment chargés face à leurs juges dans le procès de ces attentats.


Sans que les juges ne le leur demandent, les deux prévenus ont pointé le rôle prépondérant du natif de Laeken en 1984, tant dans leur recrutement, leur endoctrinement que leur participation aux attentats de Bruxelles et Zaventem 


Dans les pages de cet ouvrage passionnant, le parlementaire Dallemagne qui sait de quoi il parle, puisqu'il a présidé la Commission parlementaire "Attentats", semble avoir pisté depuis longtemps, le jeune Oussama Atar, qu'Abou Bakr Al Baghdadi himself appelait Abou Yassir al - Belgiki.

 

Les deux auteurs nous donnent l'occasion de faire une connaissance approfondie avec le cerveau de ces attaques meurtrières et sanglantes que rien dans ce quartier de la place Willems, sise à Laeken, où Oussama a vécu une enfance insouciante ne le laissait prévoir.


La vie du jeune Atar qui sera le cerveau "présumé" des attaques terroristes exécutées par d'autres jeunes de cette commune, empruntera de manière subite et à l'insu de quasi tous ceux qui le connaissaient, un virage des plus dangereux.

 

Oussama qui fréquentera la maison des jeunes Montana dès son inauguration en 1993, fut le second des quatre enfants que comptait la famille Atar. 

 

Mère au foyer mais prestant des heures comme nettoyeuse de bureaux et père ouvrier en bâtiment.

 

Les petites filles des Atar allaient à l'école vêtues d'un foulard 

 

L'animatrice de la maison des jeunes Montana qui avait beaucoup enduré en raison de la violence qui caractérisait le comportement des adolescents et des jeunes ayant fréquenté les lieux, déclarera que seul Ouassama sortait du lot   

 

Premier voyage en Syrie


Etait ce le hasard des rencontres qui fera que Oussama Atar effectuera durant l'été 2001, son premier voyage en Syrie en compagnie de Cheikh Bassam, celui là même qui mariera la veuve noire du Jihad Malika El Arroud à celui qui exécutera de sang froid le commandant Massoud à la veille des attentats du World Trade Center ou ce fut un plan imaginé par le syrien Bassam, destiné à embarquer avec lui le jeune Atar pour ce séjour syrien ?

 

Toujours est il que le jeune futur compagnon de route d'Abou Bakr Al Baghdadi se retrouva dans le camping car du gourou salafiste, en compagnie d'Abdallah, rejeton de Ayachi Bassam et d'un autre jeune molenbeekois. 

 

Sans doute, ce voyage initiateur fut la première et importante rencontre d'Oussama avec celui qui radicalisa une bonne partie de ceux des jeunes bruxellois, qui plus tard, commettront l'irréparable.

 

Abdallah et Oussama avaient fréquenté le même athénée: celui de Serge Creuz, situé à un jet d'arbalète de la maison communale de Molenbeek.

 

De retour à Bruxelles après des "vacances" à Idlib, Oussama quittera son athénée pour s'inscrire dans une école professionnelle forestoise. 

 

Il n' y restera pas longtemps, puisqu'en septembre 2003, il s'envolera, sur le conseil de Cheikh Bassam vers Damas, pour dit il, "parfaire sa connaissance" de la langue arabe.

    

Non sans en avoir averti sa mère à qui il confiera ne plus se sentir dans sa peau en Belgique.

 

Comme la plupart des jeunes européens qui optent pour des études en Syrie, ce fut à l'école damascène Al Fath Al Islami (La conquête islamique) qu'atterrit le jeune Oussama

 

Nous sommes à la veille de la chute de Saddam Hussein et de l'invasion US de l'Irak.

 

En  2004, le jeune et très discret Oussama Atar disparait de la circulation, suite à la fermeture de l'école Al Fath. Abdallah, le fils de Bassam verra une dernière fois, via skype, un Oussama barbu à Damas

 

Dès le début de l'offensive américaine en Irak, Bachar Al Assad adhère à l'appel du Baath irakien et autorise les jeunes vivant à Damas à rejoindre le front irakien. 

 

Oussama Atar se radicalise de plus en plus. Le contact avec son parrain Bassam est alors rompu.

 

 Le passage en Irak 


Il décide à son tour de rallier l'Irak

Selon des témoignages de certains jihadistes, il est repéré par les limiers de l'antiterrorisme US et arrêté en février 2005, quelques semaines après son entrée au pays du Tigre et de l'Euphrate


Après avoir déclaré aux américains qui l'interrogeaient être un soldat d'un armée islamique, il changera de version pour se présenter comme comme un humanitaire servant au sein d' une organisation appelée Fatah. (Nom de son école à Damas)


L'avocat bruxellois Jacques Bourgaux qui fut commis en juin 2006 par la famille pour défendre le détenu Oussama Atar, est avisé par la soeur du jeune "humanitaire", que le prisonnier d'Abou Ghraieb s'était blessé en dégoupillant une grenade. 

 

Malika Atar n'en demeurant pas moins convaincue de l'innocence de son frère.

 

A l'arrivée de Atar à Abou Ghraieb en 2005,  le centre détention hébergeait pas moins de 5000 prisonniers, soumis à des tortures, humiliations et autres actes innommables par leurs geôliers américains et autres sous traitants

 

Les Belges sont informés de la présence de Oussama Atar dans la sinistre prison d'Abou Ghraieb en octobre 2005 ainsi que des accusations graves qui sont portées à son encontre. 

 

Plus tard, il racontera la même version de militant humanitaire aux agents et diplomates belges ayant obtenu des Américains l'autorisation de l'interroger en Irak.

 

Campagne de soutien en Belgique

Va alors démarrer l'incroyable campagne de solidarité avec Atar à partir de la Belgique. Campagne orchestrée par sa soeur qui parviendra à propager l'information selon laquelle Oussama Atar serait atteint d'une tumeur aux reins. Information qui s'avérera mensongère plus tard.

 

Le comité de soutien au détenu "humanitaire" va alors remuer ciel et terre pour mettre en difficulté les autorités belges à qui il reproche l'abandon d'un de leurs ressortissants "innocent". 

 

Le député Ecolo Ahmed Mouhssin déclarera en marge d'une manifestation de solidarité avec le prisonnier d'Abou Ghraieb: "un Belge vaut un Belge, et donc on doit se mobiliser un max pour tout citoyen belge qui est prisonnier à l'étranger lorsqu'il est innocent.

 

Bien que Atar dispose également de la nationalité marocaine, le comité de soutien fera tout pour éviter d'"embêter" l'état marocain avec cette affaire.

 

Dénonçant l'inaction du ministre des Affaires étrangères, Ahmed El Khannouss surenchérit : "J'ai rencontré le ministre Vanackere dans un cadre stricto privé, je ne vous cache pas que je suis inquiet de sa méconnaissance du dossier..."


Quant au député PS Ikazban, habitué de la démesure, il dit à Médiane TV: "Quand il y a eu ces attentats du 11 septembre, une espèce de frénésie a traversé le monde. Bush a déclaré la guerre du bien contre le mal"

 

La députée écologiste Zoé Genot quant à elle, n'est pas en reste. Et c'est au sein d'un local du parlement bruxellois qu'elle réunit députés et représentants de partis politiques - la famille Atar et ses avocats assistent à la rencontre - pour marquer solennellement sa solidarité et son soutien à l'"innocent" Oussama. 


Le choix par Zoé Genot de la date symbolique de la journée internationale des Droits de l'Homme ne le devait pas au hasard puisque le détenu belge en Irak fut érigé au statut emblématique de la lutte pour ces droits humains dans le monde


Dans la foulée, le comité de soutien enjoint aux autorités de Bruxelles Ville le tissage du portrait d'Oussama sur les fenêtres géantes de l'hôtel de ville. Proposition non retenue par ces autorités 

 

Atar est transféré à une autre prison au moment où sa famille se démène pour tenter de le faire revenir en Belgique.


Les services anti terroristes belges sont intéressées par ce retour qui, espèrent ils, pourrait leur permettre d'avancer dans leurs enquêtes visant à en savoir davantage sur la sphère terroriste et radicale islamiste en Belgique.

 

Le temps passe, la famille change d'avocats. Les Américains eux, ne veulent pas lâcher le morceau.

 

Après les ténors Beauthier et Bourgaux, c'est autour du député Ecolo Vincent Lurquin d'hériter de ce dossier


En 2008, mis sous pression maximale par les soutiens belges de Atar, le gouvernement belge fait signer au prisonnier des documents de libération.

 

Et c'est en 2012 que dans une indifférence générale, Oussama Atar foulera le sol belge de ses pieds, après une escale par la Turquie.

 

Celui qui fut condamné à perpétuité et qui verra sa peine ramenée à dix ans, se fond dans la nature. Des médias, en passant passant par les services belges de l'anti terrorisme, tout le monde semble l'avoir oublié. 


Interrogé par une juge lors de son retour en Belgique, il sera libéré. 


Et pour fournir des preuves liées à sa volonté de s'insérer dans le civil, il parvint à se faire engager par une boulangerie anderlechtoise.


Ce sera pour lui qui ne fera pas de vagues, la posture et la couverture idéales pour préparer dans la discrétion, son retour en Irak afin de continuer auprès de Daech, l'oeuvre criminelle interrompue pour un temps: celle qui plongera notre pays dans le deuil et l'incompréhension

 

De manière magistrale, l'ouvrage commun à Dallemagne et Lamfalussi (Le Clandestin de Daech) plonge le lecteur dans l'univers d'un Atar stratège froid, secret, méticuleux et efficace. Un stratège qui a réussi à mener en bateau l'ensemble de ceux qui se sont intéressés pour des motifs divers, à son parcours syro - irakien 

 

La suite est à découvrir dans l'ouvrage très passionnant et particulièrement documenté des auteurs Dallemagne et Lamfalussi. 

 

Un livre qui fera histoire ! paru aux Editions Kennes, le Clandestin de Daech est à se procurer auprès des auteurs et dans les bonnes librairies

   


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