Tel-Aviv
Cet article a été publié dans Le Figaro du 23 août 2025

Plus que jamais isolé, Israël veut tenter de redorer son image à l’étranger. […]

Le ministère israélien des Affaires étrangères a décidé de passer à l’action, sans lésiner sur les moyens. Quarante millions de dollars ont été débloqués pour financer d’ici à la fin de l’année la visite de 400 délégations comprenant 5 000 invités étrangers : des responsables politiques, des influenceurs sur les réseaux sociaux, des journalistes, des responsables religieux, des juristes, des personnalités du monde de la culture ou du sport…

Ces invitations vont être lancées aux États-Unis, mais aussi en Europe (en particulier en Allemagne), en Asie, en Amérique latine et en Afrique. Chaque groupe aura droit à un séjour taillé sur mesure en fonction de sa composition, de ses centres d’intérêt et de l’impact qu’il est susceptible d’avoir sur les différentes opinions publiques.

Au programme figureront des visites dans les localités sinistrées où les commandos du Hamas ont semé la mort le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël; des rencontres avec des survivants de ces massacres; des briefings avec des responsables israéliens; et des projections de vidéos montrant les attaques du Hamas il y a deux ans. Selon le ministère, cette opération de relations publiques est d’une ampleur « sans précédent ». Ces dernières années, seules un peu plus d’une vingtaine de délégations étrangères avaient reçu de telles invitations.

Le ministère israélien chargé de la diaspora s’est lui aussi mobilisé pour participer à cette offensive de communication. Une dizaine d’influenceurs, pour la plupart américains, ayant des dizaines voire des centaines de milliers de « followers », ont été acheminés ces derniers jours à l’intérieur de la bande de Gaza accompagnés par l’armée israélienne. Alors que les journalistes étrangers, eux, n’ont toujours pas le droit d’entrer dans l’enclave afin d’y effectuer des reportages indépendants.

Cette opération visait, elle aussi, à « révéler la vérité sur les conditions humanitaires dans la bande de Gaza » et « à réfuter les mensonges du Hamas qui sont diffusés par les médias étrangers », selon le ministère. Elle a porté ses fruits : certains invités ont repris mot pour mot la thèse des autorités israéliennes, en mettant en cause L’ONU et des organisations internationales qui « refusent par négligence ou inefficacité de distribuer des tonnes de nourriture qui sont en attente ».

Tous ont loué la Gaza Humanitarian Fondation, un organisme israélo-américain piloté par d’anciens militaires et paramilitaires pour remplacer les agences onusiennes et dont les distributions alimentaires se soldent souvent par des violences mortelles et qui fait l’objet d’une enquête en Suisse pour irrégularités juridiques.

Xaviaer DuRousseau, un jeune influenceur de Los Angeles ayant participé à cette «visite guidée» à Gaza, a ainsi conclu à l’attention de son million d’abonnés sur Instagram, Facebook et TikTok : « Israël ne bloque PAS l’entrée de nourriture à Gaza. »