dimanche 7 juillet 2013

Hollande et Morsi



"La France prend acte" : Comme c'est bien dit 

après une année de présidence égyptienne, Mohamed Morsi vient d'être dégommé par l'armée égyptienne.

Ce qui est cocasse dans cette affaire, c'est que ce sont les officiers que Morsi a récemment nommés en lieu et place des vieux croulants Moubarakistes, qui lui ont donné son préavis.

Un coup d'état militaire comme il s'en passe souvent dans des pays du tiers monde. Un de plus.

On a beau se cacher derrière la volonté populaire de la Place Tahrir pour justifier le coup d'état, il n'en reste pas moins vrai que les millions d'Egyptiens descendus dans les rues des principales villes égyptiennes, pour décrier la politique de Morsi, ont été largement manipulées par certaines forces occultes, dont les agendas n'ont rien à voir avec la diminution du prix du butane ou de la galette du pain.

Que Morsi ait commis de graves erreurs de jugement et appliqué une politique sectaire en excluant de la participation toutes les forces démocratiques égyptiennes, cela ne fait aucun doute. 

Que Morsi ait commandité à ses parlementaires Frères musulmans, l'élaboration d'une constitution sur mesure pour placer notamment la femme égyptienne, sous la tutelle de son père, frère ou mari, cela fut une grave erreur de la part du président écarté, qui a agi durant cette année de législature, comme un président des seuls Frères et pas de tous les Egyptiens

D'autres erreurs émanant du réflexe Frériste sont à imputer à Morsi comme le fait de ne pas avoir tenté d'intégrer dans les appareils de l'état égyptiens, des cadres compétents, non étiquetés Frères Musulmans.

Sauf que ce que Morsi a fait, Hollande l'a également commis:

* Comme Morsi, Hollande n'a pas ouvert sa majorité gouvernementale à d'autres forces politiques (sauf aux  lilliputiens Écologistes). 

Personne n'ose le lui reprocher, puisqu'il a remporté les élections législatives. Morsi, lui ne peut pas se le permettre.

* Comme Morsi, Hollande est en totale chute de popularité et des millions de Français sont descendus dans les rues pour contester certains aspects de sa politique.

* Comme Morsi, Hollande n'a pas réussi à barrer la route à la récession et à la montée du chômage

* Comme Morsi, Hollande est en chute libre dans les sondages et sa popularité se trouve aujourd'hui, au raz des pâquerettes.

Circonstances atténuantes pour Morsi: le président Frère Musulman n'a pas l'expérience politique de Hollande.

D'autant que la présence de Morsi à la tête de l'Egypte, qui n'a duré qu'une année succède à plus de quarante années de dictatures militaires en Egypte. 

En conséquence, ne faut il pas être indulgent à l'égard de Morsi et de ses Frères, pour ce contexte ?

D'autant que les Frères Musulmans reviennent de très loin: de fait, après avoir pratiqué la terreur et encouragé le terrorisme islamiste, les héritiers d'Al Banna ont, depuis plus de vingt ans, effectué un travail très  dense et très profond, sur leur approche de la politique et du pouvoir, pour finalement, opter pour le jeu démocratique.

Le coup d'état est de nature à donner raison à tous ceux des frères musulmans, qui n'avaient accepté que bout des lèvres, l'entrée dans le jeu démocratique.

D'autant que Morsi est le premier président civil  DÉMOCRATIQUEMENT ÉLU, depuis près de quarante années de pouvoir militaire sans partage. 

Probablement que les prises de position, bien que timides, de Morsi, en faveur des Palestiniens, de par l'ouverture du passage de Rafah ou le soutien au Hamas, lors de la dernière agression israélienne, ont pesé dans la décision de l'armée égyptienne, très fortement soutenue par les USA.

Évoquer les manifestations de rue, fussent elles massives, pour justifier la destitution d'un président démocratiquement élu, c'est ouvrir la boite de pandore et pousser tous ceux qui chercheront à l'avenir, à déstabiliser, les futurs chefs d'état d'Egypte, élus, à recourir aux démonstrations massives de rue.

Il y avait probablement d'autres formules, pour ramener Morsi à rectifier le tir pour ce qui concerne les dérives de sa politique, trop fortement favorable aux seuls Frères Musulmans.

Il devient aujourd'hui, de par ce coup d'état militaire qui ne résoudra en rien les problèmes économiques du peuple égyptien, le martyr de la démocratie et tous ceux qui lui succéderont seront considérés comme des marionnettes, arrivés sur les canons des chars militaires.

Morsi et les Frères musulmans ont bien compris cette nouvelle posture et jouent merveilleusement la partition victimaire et défenderesse de la démocratie et de la légitimité.


   

  

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