dimanche 8 janvier 2012

Bidonvilliers et squatters de force au Maroc

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Pourquoi vouloir raser les bidonvilles au Maroc ?
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Le plan des 200.000 logements, lancé en 2004, par les hautes autorités marocaines, s'est axé essentiellement sur la lutte contre l'existence des bidonvilles.

Or, la crise du logement au Maroc, ne concerne pas les seuls habitants de ces lieux.

Elle touche énormément de monde dans les zones populaires urbaines et rurales.

La seule entrée " Bidonvilles ", dans laquelle s'est inscrit cette dynamique, n'est en conséquence, pas justifiée.

Car, au Maroc, l'existence des bidonvilles n'est que la partie visible de l'iceberg de la marginalisation et de l'exclusion sociales, vécues par des millions de familles marocaines, sur l'ensemble du territoire national, tant urbain que rural.


S'il est exact que d'un point de vue purement esthétique, le phénomène "Bidonvilles", attire davantage l'attention des décideurs et appelle leur intervention, il n'est pas sûr que ce phénomène soit plus prioritaire que celui relatif à l'habitat dit " anarchique " ou 3achwaï.

Cet habitat là, constitue une réalité relativement récente, comparée à l'existence des immenses cités de baraquements, qui ceinturent les grandes agglomérations, comme Casablanca, Kenitra, Tanger ou Agadir.

En revanche, les conditions de vie dans ces petites villes bâties anarchiquement, en dur et sans permis, ni autorisations, souffrent des mêmes maux que vivent les résidents des bidonvilles: absence de canalisations, d'arrivées d'eau courante, d'électricité... ( celle ci est souvent piquée aux pylônes traversant les agglomérations bâties anarchiquement ). On s'éclaire comme on peut, mais on peu peu.

Si les habitants des bidonvilles sont, depuis longtemps, recensés et repris sur les registres de la population des municipalités urbaines, en cela compris les registres électoraux, il en va autrement des zones anarchiquement bâties, où se sont installées, de force, ou en sucrant les autorités locales, pour acheter leur silence, des centaines de milliers de familles.

Des familles, qui contrairement à celles résidant dans les bidonvilles, ne disposent d'aucun lien familial ou social entre elles.

La réponse destinée à casser les ghettos bidonvilliers, apportée par les autorités, ne respecte en rien les réalités sociales et culturelles vécues depuis des décennies, par les familles présentes dans les les carrières Thomas, ou Sidi Moumen, pour l'exemple et point pour l'exhaustivité.

Dans les bidonvilles, la disposition horizontale du bâti, a permis depuis des lustres, à des familles très élargies, de pratiquer une solidarité que les cages à poules, construites dans des cités dortoirs des banlieues tangéroises, casablancaises ou Marrakchies, ne pourront en aucune manière, assurer aux ex bidonvilliers, à familles nombreuses, devenus propriétaires d'espaces, ne dépassant pas les 60 ou 70 mètres2.

Les habitations des bidonvilles ont toujours permis à des familles nombreuses de se partager, en horizontal, des espaces assez vastes, permettant d'accueillir, les enfants mariés et leur progéniture.

Nombreux sont ces habitations qui disposent de coins et autres recoins, susceptibles d'abriter la marchandise destinée à être étalée dans les travées des souqs et des rues de la ville.

Les Français qui ont tenté de trouver une alternative à la crise du logement social, en sont revenus de leurs cités, situées en banlieues.

Cités n'ayant accueilli que des familles vivant l'exclusion et la marginalisation.

L'absence de mixité sociale et le regroupement des familles à partir du critère de la pauvreté et du dénuement, créera, à terme, des situations de tension au sein de ces cités.

Ceci sans parler des multiples dysfonctionnements, devenus la règle dans la construction des immeubles situés dans ces cités et de l'octroi des logements au public concerné.

Il n'est pas rare de relever que des acquéreurs fortunés, achètent auprès du promoteur des logements dits économiques, quantités d'appartements, pour les revendre, quelque temps plus tard, à de vrais nécessiteux, à un prix avoisinant les 150% du prix initial.

Comme il n'est pas rare - c'est même devenu la règle - qu'une partie substantielle du prix d'acquisition, soit payée au promoteur immobilier, en dessous du Tayfor,

Si, au départ, comme dans quasi toute initiative au Maroc, le projet de sortir les démunis, de la précarité et du provisoire, en matière de logement, était une initiative des plus louables, à l'arrivée, comme quasi toujours au Maroc, ce ne sont pas ceux qui étaient visés par ces initiatives qui s'en trouvent être les bénéficiaires.

On ne le dira jamais assez ...

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