mercredi 24 octobre 2012

L' énigme Kir...

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Kir, le phénomène
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  Pourquoi un politicien, sans grande expérience, n'ayant aucun bilan à présenter et à défendre, ne connaissant aucun dossier lié à la gestion de la commune de Saint Josse, ....est il si populaire et parvient à détrôner un maïeur en place depuis 1976, défiant les instances de son parti et  terrorisant l'ensemble des élus de sa liste ?

 Qu'est ce qui fait, que tels des courtisans, l'ensemble des élus PS et au delà ( le turbulent Balsat a déjà fait allégeance ), s'aplatissent devant le nouveau " seigneur" de la municipalité, espérant bénéficier de sa part, de "miettes" de pouvoir ?

Entrées destinées à tenter de cerner le phénomène Kir



Les débuts


J'ai côtoyé Emir Kir, pour la première fois, vers mai 1992, lorsqu'il s'était présenté dans mon bureau, situé au 3 ème étage de la maison communale de Saint Josse.

L'année d'avant, j'avais pris en charge, à la demande de feu Guy Cudell, la création d'un service de la Jeunesse, attaché à l'administration ten noodoise. 

Cette matière était auparavant gérée par le Service de l'Instruction publique ten noodoise.

Quelques mois plus tard, Feu Yves Debraz rejoint le service pour assurer le suivi administratif, me laissant le soin de coordonner toutes les activités de terrain.

Une année plus tard, le service de la Jeunesse fut enrichi par l'arrivée de Nora El Othmani, qui apporta un soutien important à l'action de ce service.

L'Opération Eté Jeunes, initiée par la Communauté française, permettait aux communes de Bruxelles et de Wallonie, d'émarger à des moyens destinés à offrir à la jeunesse, durant les deux mois de l'été, diverses activités, afin de rendre leur quotidien utile et instructif.

Dans ce cadre, le service de la Jeunesse ten noodois, nouvellement crée, engageait des jeunes de la commune  pour occuper des fonctions d'animateurs des espaces verts et des plaines communales de jeux.

Emir Kir avait été engagé par le service, comme animateur de plaines durant l'un des mois de l'été 1992.

Un jeune homme poli à l'extrême, affable, souriant et imaginatif. Pas bavard pour un sou et peu actif physiquement 

Il fut affecté à l'encadrement d'enfants et d'adolescents fréquentant la plaine des jeux reliant la rue de la Poste et la rue Verte, son quartier de résidence.  

A cette époque, les Kir n'étaient pas très connus, du moins auprès de l'administration communale de Saint Josse, comme l'étaient d'autres grandes familles provenant de Turquie, à l'instar des Yuksel, des Saglam ou des Taskatigicci..

Lorsque j'ai quitté, en 1993 le service de la Jeunesse et la commune de Saint Josse, j'ai perdu de vue quasi tous ces jeunes qui avaient beaucoup donné pour l'animation et la vitalité culturelle de Saint Josse.

A cette époque, Emir Kir n'était pas encore membre du PS qu'il aurait rejoint en 1995.

2 années après le décès de Guy Cudell, survenu en 1999, ce fut Jean Demannez qui batailla pour faire figurer Emir Kir, en position visible, et pour la première fois, sur la liste des communales de l'année 2000. 

Le score enregistré par Emir Kir était très impressionnant ( juste après Jean Demannez ) à cette occasion. 

Malgré l'opposition de certains membres de la section dont Anne Sylvie Mouzon, Jean Demannez prit sur lui, de favoriser  la montée de Kir au sein du collège des bourgmestre et échevins ten noodois. 

En réalité, vu le score du jeune Kir, Le bourgmestre ne pouvait pas se permettre écarter Kir du collège.

Echevin notamment de l'instruction publique, Kir évite de faire des vagues et se montre très conciliant à l'égard de tous les membres de la section.

En 2003, Il est intégré dans la liste des Fédérales et obtient un score plus qu'honorable, mais sa position sur la liste ne lui permit pas de décrocher un siège à la Chambre.

Suite à ses succès électoraux, tant à Saint Josse qu'auprès des médias, Kir commence à devenir un "nom" qui compte.


Le tournant: 

En 2004, il casse la baraque lors des élections régionales, toujours sur la liste du PS. 

La direction du PS, Picqué en particulier, l'appelle,  pour occuper, sous la tutelle du ministre président de la Région de Bruxelles Capitale, le secrétariat d'Etat à la Propreté publique et au Patrimoine.

Le public ne retiendra que la première fonction dans l'action de Kir au sein de l'Exécutif bruxellois.

Cette nomination constitua un tournant dans la carrière de Kir et dans son positionnement politique, sur l'échiquier du PS bruxellois.

Depuis son succès relatif, aux Fédérales de 2003, Kir fut pris pour cible par les milieux laïcs turcs de Belgique, pour ses réponses évasives quant au génocide arménien de 1919.


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Dans une interview à Mehmet Koksal fin mai 2003, après les élections législatives, Emir Kir disait

Emir Kir : L’histoire a débuté suite à mon passage à la place Pogge à Schaerbeek. Un commerçant énervé m’a interpellé en me disant que j’avais assisté à l’inauguration de ce monument…

M.K. : Quel monument ?

Emir Kir : Le monument sur…le prétendu génocide arménien et…

M.K. : "Prétendu", je note. Je peux dire que vous n’êtes pas d’accord sur le terme alors ?

Emir Kir : Oui, je ne suis pas d’accord sur le terme

(...)

Emir Kir : (...) De toute façon, les partis politiques belges ont une position sur le sujet.

M.K. : Laquelle ?

Emir Kir : Et bien ils tendent tous à reconnaître qu’il s’agit du premier génocide du siècle. Vous savez, il faut comprendre les difficultés qu’on a rencontrées, comme immigré, durant notre enfance en Belgique. Je me souviens par exemple dans les manuels scolaires et à l’école, les profs commençaient toujours la leçon d’histoire sur le sujet en disant que c’était le premier génocide du siècle perpétré par les Ottomans et si vous n’étiez pas d’accord ou que vous aviez d’autres arguments, on ne vous donnait pas vos points tout simplement…


-         Katrhyn Brahy (journaliste à Bel-RTL et RTL-TVI, interviewée dans l'hebdomadaire Télémoustique, 23 mars 2005):
1.     "je lui ai demandé (à Emir Kir): "Vous allez aussi reconnaître le génocide des Arméniens?". Et là, il s'est défilé. Il a dit qu'il y avait bien eu quelques massacres mais qu'il ne lui appartenait pas à lui de rentrer dans ce débat, qu'il n'était pas historien, etc. 
Il a aussi dit après qu'il n'avait pas à juger ce que disaient des organisations internationales. Entre parenthèses, il s'agit des Nations Unies qui ne reconnaissent que trois génocides, dont celui des Arméniens. Le génocide arménien est un fait. Point."

2.     "Emir Kir aurait tenu les mêmes propos sur la Shoah, il sautait dans la minute. Mais voyez-vous, comme cela concernait les Arméniens, peu nombreux en Belgique, tout le monde s'en est foutu. C'était vraiment nul. Kir n'a pas reconnu ce génocide. Ne pas le reconnaître, pour moi, c'est le nier."


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Après son éclatante élection à la Région en 2004 et son intronisation par le PS comme secrétaire d'état, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer ses "sympathies" avec les thèses négationnistes, liées au génocide commis par la Turquie à l'encontre du peuple arménien. 


En juin 2006, à la veille des élections communales, Kir est très conforté dans sa stratégie négationniste, par la ministre Laurette Onkelinkx. 

Celle ci fait des convictions du secrétaire d'état, la position de son parti:

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Voici le contenu d'un article publié par la Dernière heure de l'époque:


Génocide arménien : Onkelinx sème le doute
(20/06/2006)

Propos tenus samedi par la ministre lors d’une réunion à la Pensée d’Atatürk rapportés par plusieurs témoins

BRUXELLES Alors que les communales approchent, certains n’hésitent pas à caresser l’électorat ethnique dans le sens du poil. C’est ce qu’ont conclu plusieurs témoins critiques qui assistaient samedi dernier à une réunion publique organisée par l’association de la Pensée d’Atatürk et à laquelle participaient Laurette Onkelinx et le secrétaire d’Etat bruxellois Emir Kir.

Très vite, si l’on en croit le blog du journaliste indépendant Mehmet Koksal, la ministre de la Justice a envahi le terrain des massacres des populations arméniennes commis par l’empire ottoman en 1915. 

Répondant aux questions, la socialiste a déclaré : “C’est le MR et le FDF qui ont proposé au Parlement qu’on vote une loi qui reconnaîtrait le génocide arménien et condamnerait ceux qui ne le reconnaîtraient pas. Je m’y suis opposée ! 

Pourquoi ? Parce que ce n’est pas au politique d’écrire l’histoire mais aux historiens. Par ailleurs, plus aucun témoin vivant de l’événement n’existe et aucun tribunal international ne s’est prononcé sur ce sujet, j’ai donc empêché cette loi et je m’en suis expliquée à ce moment. 

Je ne suis pas d’accord avec cette loi qui impose la reconnaissance du génocide arménien et condamne ceux qui ne pensent pas la même chose.” 

Alors, y’a-t-il eu génocide ou non dans le chef de la ministre de la Justice alors que le PS l’a reconnu en son temps ? Du côté de ses conseillers, on explique que “la ministre a tenu des propos identiques et sans ambiguïté lors des discussions qui ont eu lieu l’année dernière à ce sujet à la Chambre et au Sénat. “ 

Pour l’instant, le dossier de la répression des négationnistes concernant le génocide arménien est remisé dans les frigos du Parlement.
K. F.
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Sa "résistance" face à ce qu'il considérait comme une campagne de dénigrement de sa personne, orchestrée par des personnes "jalouses" de son succès, vaut à Kir le soutien franc et massif des autorités d'Ankara, et de l'ambassade de Turquie en Belgique, téléguidée par ces mêmes autorités.

Cette représentation diplomatique s'investit intensément  alors dans une grande opération visant à mobiliser la communauté originaire de Turquie, en vue d'assurer à Kir, protection et soutien populaires.


Comme chacun sait, l'adhésion de la quasi totalité des Turcs, à la thèse négationniste du génocide arménien, commis en 1915 par la Turquie ottomane, unit les citoyens turcs, par delà leurs divergences politiques, religieuses ou idéologiques.

Majoritairement mus par des sentiments nationalistes, les ressortissants originaires de Turquie font bloc autour de Kir, victime et cible des attaques et des campagnes de dénigrement visant le jeune ministre.

Il ne fit aucun doute pour les "partisans" de Kir, que c'est en réalité la Turquie qui est visée par les attaques des "ennemis" historiques de la leur pays.

Kir devient alors le symbole de la résistance de cette Turquie historique, défaite par l'occident chrétien.


Kir est un homme de l'autorité

C'est ainsi, que depuis son accession à la fonction de secrétaire d'Etat, que Kir est perçu par les membres de sa communauté d'origine.

Pour beaucoup de Turcs et de Marocains d'ailleurs, être dans la proximité de l'Autorité, constitue une espèce de privilège.

Kir ministre, et qui plus est, soutenu par les hautes autorités turques, doit être soutenu et "obéi", abstraction faite de son rendement sur le plan de son action politique, à la tête de son département.

Les structures exerçant de l'influence au sein de la communauté turque de Belgique ( grands commerçants, mosquées, associations religieuses ) sont sommées de serrer les rangs derrière Emir Kir.

Il n'est pas rare d'entendre dans l'une ou l'autre mosquée, lors des prières du vendredi, notamment en période électorale, des appels clairs, à voter pour Emir Kir, présenté comme le ministre des Turcs.

Si la rumeur publique attribue les succès électoraux de Kir, à l'octroi à des jeunes issus de Turquie, de dizaines d'emplois dans les services de Bruxelles Propreté, ces succès, allant crescendo, enregistrés par Kir dans sa jeune carrière politique, le nouveau bourgmestre de Saint Josse, les doit essentiellement à l'adhésion de sa communauté d'origine, à sa splendide gestion de la question liée au génocide arménien.       

L'erreur fatale de Kir ?

Le fait d'avoir bataillé pour "dégager" Demannez de la fonction de maïeur de Saint Josse,  afin de s'introniser bourgmestre de la petite commune, constitue t il une erreur de la part de Kir ?

Assurément:

1- Parce que la gestion au quotidien d'une commune populaire, habitée majoritairement par des familles allochtones, ayant des besoins élémentaires urgents et concrets, ne manquera pas de mettre Kir face à des centaines de doléances terre à terre, en matière de logement, d'emploi, d'inscriptions, de scolarité, etc...

2- Emir Kir a laissé entendre récemment, qu'il tient à s'octroyer la compétence de l'Etat civil et de la Population, jusqu'ici détenues par Eric Jassin. 

De fait, ce sont des matières qui apportent une visibilité certaine à l'édile qui en assure la gestion.

En revanche, ce que Kir ignore, c'est qu'au delà de cette visibilité, la gestion de telles matières, comporte des risques certains. 

En ce sens, qu'aucune famille "turque", se présentant chez Kir pour marier sa fille ou son fils, avec un conjoint devant bénéficier du regroupement familial, n'acceptera que l'enquête " Mariages blancs" aboutisse à un refus d'un tel mariage.

Or, ce ne sera pas Kir qui pourra décider seul en cette matière. Loin s'en faut. 

Car, outre l'enquête de la police de zone, celle des autorités judiciaires ( Parquet ) que celle fixée par la loi Onkelinkx, liée au revenu du demandeur du regroupement familial, échappent largement au pouvoir limité de l'échevin ayant cette compétence dans son attribution.

3- Kir, qui aurait souhaité, en son for intérieur, limiter son score récent à quelques 1300 ou 1400 voix, pour ne dépasser Demannez  que de 100 ou de 200 voix, afin de pouvoir justifier la prolongation de son séjour au secrétariat d'Etat à la propreté publique, a dû constater au soir du 14 octobre, qu'il ne pouvait plus se dérober, cette fois, devant son succès éclatant (1900 suffrages). 

Il s'est, en quelque sorte, senti piégé par ce succès et a dû, face à la pression de ses électeurs, revendiquer le maïorat ten noodois.

4- Contrairement à Demannez, qui se substituait régulièrement à ses échevins, franchement analphabètes en politique, pour répondre souvent à leur place aux interpellations de l'opposition, Emir Kir, déclinera ce rôle. 

D'une part, parce que Kir ne maîtrise pas les matières essentielles de la politique communale, et d'autre part, à cause de ses relations, quasi inexistantes avec le personnel communal, et particulièrement avec une police autonome, depuis la réforme des Polices.

Ces réalités ne vont pas lui faciliter  la tâche dans la gestion de  la municipalité.

En un mot comme en mille: Kir va enfin être confronté à la réalité de la gestion, non pas de dossiers, mais d'une population, qui lui a beaucoup donné et qui attend de lui, des retours palpables, sonnants et trébuchants.

Je doute fort qu'il sera à la hauteur  de ce challenge.

     
 .

4 commentaires:

  1. Bonjour tout le monde,

    je souscris tout à fait à l'analyse de mon ami Zeguendi concernant Emir Kir par rapport à son nouveau poste de bourgmestre. Aussi et surtout faudra-t-il préciser que Emir Kir a toujours été soutenu non seulement par les autorités truques (agents de l'ambassade, etc.), mais aussi et surtout par les confréries religieuses tuques à Bruxelles qui sont extrêmement bien organisées, à savoir:les halévis, les béktachis, les mévlanis,les roufaïs...

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  2. J'attends également avec impatience que les premières photos de Mr Kir célébrant un mariage gay circulent à emirdag :)

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  3. Je suis la fille de" feu " yves debraz(comme c commode!!!), qui contrairement aux propos tenus dans cet article, ne s'est jamais contente de gerer l'administratif et est toujours parti au front!
    Faites attention monsieur a ce que vous dites parce de sa vie il a paye ses sacrifices et sa contribution a un monde plus juste!

    Merci de me repondre!,,

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  4. A Barbara Debraz ( que je n'ai pas eu le plaisir de rencontrer ):

    Je confirme tout à fait vos propos. De fait, feu Yves Debraz ne s'était pas contenté de gérer le seul aspect administratif ( travail de bureau ) du service de la jeunesse. Le travail effectué par Yves était essentiel pour l'existence du service de la jeunesse; c'est grâce à sa ténacité et à son dévouement que les moyens alloués à ce service ont pu être dégagés. Par moyens, j'entends ceux ayant permis l'ouverture de trois maisons de jeunes à Saint Josse, des moyens émanant de la région bruxelloise et de la communauté française.

    Yves se battait tous les jours au sein des services communaux pour faire reconnaître ce service. Il assistait à quasi toutes les réunions du collège pour défendre les dossiers et les attentes de la jeunesse ten noodoise. Et il gagnait souvent.

    C'est en parfaite entente avec lui que lui et moi, avions convenu de répartir notre travail. Lui pour permettre que ce service vive et évolue et moi pour gérer les ressources humaines ( animateurs ) sur le terrain.

    Yves qui était un homme entier, ne s'était jamais plié aux diktats politiques. Il était socialiste de coeur et de convictions. Socialiste comme on n'en trouve plus aujourd'hui.

    Je tiens aujourd'hui à lui rendre un hommage appuyé et sincère et à lui attribuer la pérennité du service de la jeunesse.

    Car bien longtemps après mon départ, Yves était resté seul à bord et a pu gagner cette bataille.

    De plus, Yves fut un homme d'une très grande culture et d'une générosité sans limites.

    Qu'il repose en paix.

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