lundi 1 décembre 2014

Le forum mondial des droits de l'homme vient de s'achever

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spectacle terminée...à Marrakech ....


ANALYSE ET ENSEIGNEMENTS


Une très belle réussite d'étape, en matière de com' de la part de l'Etat marocain.

S'ils avaient plus que deux mains, les dirigeants occidentaux et les dictateurs arabes les auraient utilisées pour applaudir cette réussite sans plis, en matière de marketing et de vente d'image de marque.

Sans doute, ceux qui ne lésinent pas sur les moyens pour approvisionner l'Etat marocain en deniers sonnants et trébuchants, ne vont pas manquer de présenter la  réussite du show Marrakchi à leurs opinions publiques, pour justifier le renforcement de l'aide qu'ils fournissent à l'Etat marocain, aide que le peuple ne perçoit que les relations dans les journaux.

Les récentes inondations constituent la démonstration flagrante de la grande précarité sociale du peuple d'en bas.

Ce grand  spectacle terminé, que peut on dire, sans prendre le risque d'être taxé d'aigri, de has been et de revanchard, pour ce qui concerne les droits de l'homme au Maroc ?

Remuons un petit peu le passé, pas si ancien que cela et intéressons nous à certaines situations que l'Etat marocain au plus haut niveau a enterrées pour de bon ou qu'il pense avoir inhumées!

1- Quid du dossier de l'affaire Ben Barka, dans lequel cet Etat marocain a joué un rôle de premier plan, aux cotés d'autres états étrangers, et notamment la France?
Depuis octobre 1965, (nous commémerons l'année prochaine, le 50 ème anniversaire de cette sinistre disparition), aucun gouvernement  marocain n'a été en mesure de convaincre le palais royal de procéder avec Paris à l'ouverture de ce dossier dans lequel le nom de feu le roi Hassan II fut, à de nombreuses reprises, cité.

En somme, l'affaire M.B.B est un peu notre affaire JFK, nous Marocains.

Malgré l'IER (Instance Equité et Réconciliation), initiée par le roi Hassan II et présidée par un ancien prisonnier politique, rescapé des années de plomb, nonobstant la nomination par Hassan II, d'un premier ministre socialiste, compagnon de route de MBB et condamné à trois reprises à la peine capitale avant d'être gracié...par Hassan II et malgré la nomination durant cette période, de nombreux ministres socialistes, eux mêmes camarades du disparu, toutes les tentatives de déterrer cette affaire furent vouées à l'échec.

Oufkir, âme damnée de feu le roi Hassan II, se "suicida" suite à son coup d'état manqué contre le défunt monarque, et emporta avec lui, le secret de la mort de Mehdi Ben Barka.

2-En évoquant le général Oufkir, et parce qu'il est question de droits de l'homme au Maroc par les temps qui courent, qu'en est il de la justice à rendre à l'épouse et aux enfants de cet ancien officier français, héros de la guerre d'Indochine?

Une femme et des enfants en très bas âge dont le tort fut, après le "suicide" de leur mari et père, d'avoir été les enfants de celui qui avait intenté à la vie du roi disparu. 

Plus de dix ans d'enfermement dans la sinistre prison mouroir de Tazmamart, par la volonté du roi Hassan II.

3 - Qu'en est il de ces tortionnaires qui ont sévi des décennies durant, à l'encontre d'opposants marocains et dont beaucoup, comme le sinistre Tangérois OUJHAINA, se sont éteints de leur propre mort, alors que d'autres, vivent tranquilles, bénéficiant de leur pension d'officiers ou d'agents de l'Etat?

4 Et le syndicaliste belgo marocain Houcine El Manouzi, dont le frère occupe aujourd'hui la présidence du FVJ (Forum Vérité et Justice), qui, parti de Bruxelles en 1973, fut enlevé par la police tunisienne lors d'une escale à Tunis et remis, selon de nombreux témoignages, à la police marocaine. 

A ce jour, aucune information n'a pu être obtenue par sa famille et son père, ancien résistant du sud marocain contre l'occupant français, a quitté récemment ce bas monde sans avoir réussi à obtenir la moindre information sur la disparition de son fils.

Ces affaires tragiques qui font à jamais partie de notre histoire, ne sont pas relevées ici pour tenter d'obstruer une quelconque dynamique de démocratisation du Maroc ou de promouvoir un esprit de revanche. 

Elles le sont, pour la bonne et simple raison que l'on ne peut pas refermer définitivement les plaies qui peinent à se cicatriser, sans avoir, au nom  du véritable respect des droits de l'être humain, rendu justice aux victimes de cette époque sombre de notre histoire.

Avec la condamnation du Général argentin Videla, de ses compagnons et collaborateurs, responsables de graves atteintes aux droits de l'homme en Argentine, ce pays a pu réussir une véritable réconciliation et ouvrir une page blanche et rayonnante que les démocrates argentins sont occupés à remplir.

Ces situations du passé sont également rapportées ici parce que les mêmes pratiques ont tendance à se répéter aujourd'hui au Maroc du nouveau règne: 

condamnation de journalistes, interdiction de droit de réunion à des organismes de défense des droits de l'homme, relèvement de cas de tortures, constatées par des organisations telles qu'Amnesty international ou Human Right Watch, obstructions aux droits de la défense dans les affaires impliquant des salafistes, pratiques inhumaines dans les prisons du royaume etc.

Le Maroc qui cherche aujourd'hui à rompre avec son passé sombre en matière d'atteintes aux droits de l'homme, peine  à emprunter la voie véritable de l'Equité et de la Réconciliation.  


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