mardi 30 décembre 2014

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Condamné à mort pour apostasie: Le silence des ONG



Source Le360
 
Mauritanie

 
Un jeune Mauritanien de 29 ans a été condamné à mort pour blasphème et apostasie, le 24 décembre. 

Une sentence choc qui n'a plus été prononcée depuis l'indépendance de la Mauritanie et qui a, étrangement, laissé sans réaction les défenseurs des droits de l'Homme.
 

Mon monde est malade. Il ne veut pas du monde. Il veut la fin du monde. C’est une géographie d’hystérie que n’éclairent plus mes allumettes.


Rideau baissé sur le balcon, puis pensée pour Mohamed Cheikh Ould M’khaitir. Que puis-je pour lui? A l’annonce du verdict, un détail terrible: des coups de klaxons, des youyous pour fêter le crime commis au nom d’une justice hallucinée. 

Le pauvre jeune homme est donc seul. Celui qui ne proteste pas, consent. Tout le monde tue Mohammed, d’une façon ou d’une autre.

Kamel Daoud
Nouakchott et Nouadhibou, le 24 décembre. Les villes sont en effervescence. Les automobilistes jouent du klaxon, comme pour un mariage ou un match de football. 

Ailleurs, on s’apprête à célébrer Noël. Pas ici, évidemment. Il s’agit d’une pure coïncidence et l’événement salué par la population n’a, de plus, rien de la douce magie qui drape en général les jours de fête. 

Car, étrangement, c’est la mort promise à un homme que les gens dans la rue applaudissent. 

Accusé de blasphème et d’apostasie après avoir publié, sur les réseaux sociaux, un texte où il dénonçait le système de castes et la terrible condition de ceux qui gisent tout en bas de l’échelle, à savoir les forgerons (maalemines), Mohamed Cheikh Ould Mohamed, 29 ans, vient en effet d’être condamné à la peine capitale. 

Pourquoi ces chefs d’inculpation? Parce que l’homme, dans sa révolte, s'était hasardé à comparer ce quadrillage social au système qui prévalait au temps du prophète. 

Une hypothèse qui lui fut fatale. Il est condamné à la payer de sa vie. Lourd tribut. 

Et d’aucuns d’applaudir et d’affirmer, comme l’a fait Jemil Ould Mansour, chef du parti Tewassoul, que l'homme est "un criminel" qui "a eu le sort qu'il mérite", alors même que l’Islam ne cesse de prôner la miséricorde…
L'inculpé clame son innocence, les ONG restent muettes

Le jeune homme aura eu beau clamer son innocence, rien n'y fera. 

En effet, il plaidera non coupable, affirmant qu'il n'avait nullement été dans son intention de porter atteinte à l'image du prophète. Son but, déclarera-t-il, était de réhabiliter certaines classes sociales fortement marginalisées, soit "les maalemines, les descendants d'esclaves et les griots".  

"Une marginalisation au nom de l'islam" dans une société mauritanienne qui, avait-il écrit, reprend "un ordre social inique hérité de l'époque" du prophète. Le juge près la Cour criminelle de Noudhibou restera ainsi insensible a la plaidoirie de l'accusé, condamné à mort "pour avoir parlé avec légèreté du prophète Mahomet et enfreint aux ordres divins". 

Une première depuis l'indépendance, en 1960, de la Mauritanie, que cette condamnation à la peine capitale pour apostasie. 

Et pourtant, les réactions se sont faites aussi rares que discrètes, même au sein des organisations de défense des droits de l'Homme.



Commentaire de Bruxellois surement

Nous sommes tous complices


La conscience de ceux qui s'arrogent comme défenseurs des droits de l'homme dans le monde arabe est à l'arrêt, sclérosée, en panne, Kapput, et pour tout dire en totale hibernation.

Où sont ces intellectuels, comme Tahar Benjelloun qui aligne les Prix de prestige, comme Fouad Laroui, comme Marcel Khalifa, qui lui, assure ses arrières financières au Maroc en donnant des concerts sur l'amour de son prochain, comme Azmi Bchara, comme Driss El Yazami, désigné par le roi du Maroc comme le patron du business officiel droit de lhommiste.

Où sont ces "artistes" comme Jamal Debbouze, Gad El Maleh, Tayeb Seddiqi, Cheb Khaled, Mohamed Achaari....dont les yeux sont davantage rivés sur le compte en banque que sur l'état de la démocratie et des libertés.

Où sont ces partis politiques dits de gauche dans le monde arabe et en Europe ?

Pour les défenseurs des droits de l'homme européens, à géométrie variable, il aurait fallu que ce jeune écrivain mauritanien soit un Yazidi ou un chrétien irakien ou encore un journaliste otage, exhibé par un terroriste, couteau sur la gorge, pour mériter le soutien que chaque homme de conscience se doit d'apporter à tout être humain victime d'injustice. 

S'il est connu que Dieu reconnait les siens, il est aussi de notoriété publique que les écoles religieuses et philosophiques ne se mobilisent que pour celles des victimes qui appartiennent à leurs doctrines.

Seul un condamné à mort avec sursis, l'intellectuel algérien Kamal Daoud, sur la tête duquel pend, telle une épée de Damoclès, une fatwa émise par un uléma algérien, a réagi à ce jour à cette condamnation d'un autre âge.

Interdit - interdit - illicite - haram -prohibé - Hchouma - ...

Le monde arabe et musulman par extension, n'a que ces mots à la bouche. 

Des films interdits, des écrits prohibés, des manifestations de rue noyées dans le sang ou dispersées par la force, des journalistes muselés, des accidents interdits d'investigation, des attaques racistes anti subsahariens étouffées....

Et ce ne sont pas les seuls dirigeants politiques de ces pays, qui recourent à l'interdit pour tuer nos libertés mais également les peuples

Dans l'affaire de ce jeune intellectuel mauritanien, les rues se sont emplis de quidams assoiffés de sang, pour approuver le verdict prononcé par le tribunal.

Je ne suis pas loin de conclure à l'impossibilité d'une récupération de cette conscience arabo - musulmane et de son sursaut salutaire.

Chez nous, ces élus arabes spécifiques, comme Fouad Ahidar ou Ahmed Mouhssine et la liste est évidemment loin d'être exhaustive, qui réagissent au quart de tour à ce qu'ils appellent l'islamophobie, se taisent par rapport à ce crime abject.

El Khannouss qui a été jusqu'à rencontrer, l'année passée, des dirigeants militaires fascistes Yéménites pour plaider la cause d'un  détenu belgo, somalo yéménite, se tait aussi aujourd'hui face à cette condamnation abjecte.

C'est que dans l'affaire de ce détenu triple naturalisé, il  y avait à Molenbeek, des voix à glaner auprès de sa famille établie au canton 1080.


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