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Le créateur de "Je suis Charlie"
Joachim Roncin : "Récupérer mon logo pour le fric, c’est honteux"
Seulement
une demi-heure après l’attentat contre «Charlie Hebdo», Joachim Roncin
invente le slogan «Je suis Charlie». Des millions de personnes vont
immédiatement s’en emparer sur la toile.
Aujourd'hui, il dénonce les
dérives mercantiles sur les sites internet.
Un logo sombre et frappant, trois mots en blanc et gris sur fond noir à la typographie semblable à celle du journal d’origine.
«Je suis Charlie» est né. En quelques heures, ces trois mots sont devenus la traduction de l’émotion collective de tout un pays après l’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo qui a fait douze morts mercredi en fin de matinée.
Des millions d’internautes se sont aujourd’hui emparés du slogan-choc et en ont fait un hashtag sur la toile, #jesuischarlie, inondant les réseaux sociaux et le monde entier.
Avec le temps, l’image est reprise par les journaux français et se décline à l’international.
De nombreux médias dans le monde l’affichent en Une de leur journal et le traduisent en plusieurs langues, même en arabe.
Sur la toile, des milliers d’utilisateurs utilisent «Je suis Charlie» comme photo de profil, par exemple l’ambassade des Etats-Unis en France ou encore l’Opéra de Paris.
Qui en est le créateur ?
Joachim Roncin, directeur artistique et journaliste musique au magazine gratuit «Stylist», publie le logo «Je suis Charlie» sur Twitter, sur son compte @joachimroncin.Moins d’une demi-heure après l’attentat, à 11H52. Il est maintenant emporté dans un tourbillon.
«C’est très étrange ce qui est en train de se passer, ça me dépasse totalement», a-t-il confié à l’AFP.
«Je n’avais pas beaucoup de mots pour exprimer toute ma peine et j’ai juste eu cette idée de faire ‘’Je suis Charlie’’ parce que notamment, je lis beaucoup avec mon fils le livre ‘’Où est Charlie’’, ça m’est venu assez naturellement».
Ce journaliste, professionnel de l’image, ajoute pour finir : «Ce que je voulais dire, c’est que c’est comme si on m’avait touché moi, je me sens personnellement visé, ça me tue, quoi.
Je trouvais logique de reprendre la typographie de Charlie, le logo».
Dès le début d’après-midi, une dizaine d’étudiants en journalisme brandissaient en premier la phrase «Je suis Charlie» près du périmètre de sécurité entourant le siège de l’hebdomadaire.
Dans la soirée, les villes de Paris, Toulouse, Lille, Grenoble, mais aussi Berlin ou Londres, ont brandi des pancartes «Je suis Charlie» lors de manifestations de soutien au journal.
Des milliers de personnes étaient rassemblées.
Récupération commerciale
Le succès immense du slogan a attiré les appétits les plus mercantiles.On apprend samedi que des t-shirts, des tasses, des casquettes, des badges, et de nombreux autres produits à l’effigie de «Je suis Charlie» sont à présent en vente sur internet.
Pour éviter toute polémique, plusieurs sites assurent ne pas vouloir tirer profit de ce drame. «Amazon.fr reversera au magazine Charlie Hebdo les commissions qui seraient perçues sur les ventes de produits proposés sur sa Marketplace par des marchands tiers utilisant ‘’Je suis Charlie’’», assure le site.
De son côté eBay s’engage également à reverser «à Charlie Hebdo les éventuelles commissions perçues sur les produits concernés».
Dans une interview accordée à nos confrères de «Ouest France», le créateur du logo Joachim Roncin a souhaité se confier à propos de cet usage commercial.
«Je n’ai pas grand chose à dire… Chacun sa conscience. Mais les gens sont dingues, ils ne réfléchissent pas à la portée de ce qu’ils font.
Récupérer ‘’Je suis Charlie’’ à des fins mercantiles, c’est honteux. Des personnes m’ont contacté, j’ai reçu des demandes, que j’ai ignorées».
Joachim l'avait déjà fait savoir dans un récent tweet : «Le message et l’image sont libres de toute utilisation, en revanche je regretterais toute utilisation mercantile».
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