samedi 27 février 2016

Rendons à César...

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Loubna, cauchemar de l'islamiste Khalfi (Le titre est de Bruxellois surement)

طنجة7
Loubna Abidar


Par Karim Boukhari


Le meilleur film marocain de l’année a été honoré à Paris. Et pas à Tanger qui abrite en ce moment le festival national du film. Absurde et schizophrène!

Les César du cinéma français n’ont jamais autant passionné le grand public marocain. La cérémonie d’hier soir a été très largement suivie et commentée. 

Ce n’est pas que le grand public est subitement devenu accro au cinéma français, à ses films et à ses coulisses. 

Nous en sommes loin encore. Allez savoir pourquoi, mais les Marocains se passionnent plus pour la politique française et pour les nouvelles tendances de la petite vie parisienne que pour le cinéma du pays de François Truffaut et de Robert Bresson.

Alors quoi ? Alors Loubna Abidar. Et «Much loved». Encore et encore.

A cause ou grâce à cette actrice et à ce film, nous avons suivi la cérémonie des César comme on suit généralement un match de foot, avec beaucoup de passion et de bruit, et en étant séparés en deux mondes bien distincts: les pour et les contre. 

Comme un choc Barça-Real ou Raja-Wydad. Il y avait les pro-Abidar et les antis. Chaque camp poussait et promettait l’enfer à l’autre.

Le plus drôle, pour ne pas dire le plus absurde, c’est qu’au moment où l’actrice et le film qui ont fait l’événement au Maroc étaient à l’honneur lors de la cérémonie des César à Paris, le cinéma marocain donnait le coup d’envoi à son festival à Tanger. 

Un triste festival puisqu’il passe en revue tous les films marocains de l’année, tous sauf un: celui, précisément, qui a drainé l’attention de tout le monde. Le seul aussi dont la réputation aura dépassé les frontières du royaume.

Tenir un festival en ayant pris le soin d’exclure le meilleur film : voilà un geste d’une absurdité absolue. 

Dans le langage du foot, c’est comme organiser le concours du ballon d’or en ayant, au préalable, exclu Ronaldo ou Messi. Du pur non-sens !

Plus amusant encore, je parie que le premier responsable de cette aberration, notre ami Mustapha El Khalfi, était scotché, hier soir, à son écran de télévision ou à son compte twitter, impatient de savoir, si ou non, Loubna Abidar et «Much loved» allaient gagner.  

Que notre ministre de la Communication et de la morale se rassure: Loubna Abidar et «Much loved» n’ont pas gagné de César. 

Mais on se rappellera longtemps d’eux. Ils se sont invités à la table des grands. Parce qu’ils ont représenté avec les honneurs le Maroc et son cinéma. Ils ont dépeint un tableau sans concession de la société marocaine. 

Notre société. C’est courageux et c’est remarquable. C’est cela qui marque les esprits, c’est cela qui arrive aux oreilles du monde extérieur, et pas du tout le couinement des gardiens de la morale et le petit bruit des ciseaux de la censure. 

N’en déplaise à leurs détracteurs, qui sont très nombreux, ce film et cette actrice auront montré, avec beaucoup de courage, qu’il était possible de faire un bon film tout en tendant un miroir à la société marocaine.

Quand on n’est pas content de son reflet dans le miroir, il ne sert à rien de casser le miroir. Il viendra un jour où «Much loved» et Loubna Abidar seront réhabilités chez eux, au Maroc. Amen!

Commentaire de Bruxellois surement

Ce qui est fou dans cette affaire, c'est que ni Loubna Abidar, ni Nabil Ayouch n'ont à aucun moment demandé quoi que ce soit à personne et que les nombreux hommages reçus par Much Loved de même que la candidature de Loubna Abidar aux Césars, ont été à l'initiative du monde du cinéma français

Aussi, lorsque Loubna n'a pas remporté ce prestigieux prix qu'elle n'a jamais demandé, ce sont les jurys qui en ont décidé de ne pas suivre l'avis du comité organisatateur

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