lundi 6 août 2018

Comment se sont formés les ghettos marocains de Bruxelles

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Histoire des Marocains de la première génération. 

Ouvrage de 180 pages, rédigé par Khalil Zeguendi


(1) 1964 – 1990
Comment se sont constitués les ghettos marocains à Bruxelles



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Fête de mariage à Bruxelles (1976) d'un immigré marocain de la première génération


Aujourd'hui: arrivée et installation des premiers immigrés marocains


Au départ et à l'instar des Espagnols, des Grecs et des Portugais, les Marocains de la première génération, arrivent en Belgique par le sud de l’Europe.

Les trains qui les transportèrent effectuaient les débarquements de leurs passagers à la gare du midi (sud de Bruxelles).

Et c'est tout naturellement autour et alentour de cette gare qu'ils s'installeront dans des vieux quartiers du sud bruxellois, que les Belges de souche, attirés en pleine conjoncture de plein emploi, par les zones périphériques de la capitale belge, commençaient déjà à quitter,

Dès l'année 1962 alors que que les tractations belgo marocaines autour de l'élaboration de la convention de février 1964, relative à l'envoi de la main d'oeuvre marocaine vers le plat pays ne fut pas encore conclue entre le Maroc et la Belgique, les contractuels ayant fait l'objet d'un recrutement concerté entre les gouvernements des deux pays arrivaient par milliers sur le territoire belge

Provenant essentiellement de la Région du Rif marocain, ces travailleurs, pour la plupart jeunes et célibataires, étaient accueillis par des agents disposant au sein de la gare du midi, d'un local mis à leur disposition par les entreprises belges ayant délivré les contrats de travail aux candidats à l'émigration.

A la même époque, des milliers d’autres immigrés, citadins pour la plupart, rallièrent la Belgique à titre individuel

On les appela: les touristes


Si les contingents furent dirigés vers les bassins miniers de Wallonie et accessoirement vers les sites sidérurgiques de la même région, d'autres rejoindront leurs lieux de travail, accessibles par train, à Diegem, Buda, Vilvorde ou Forest situés à la périphérie industrielle de Bruxelles

La plupart de ceux qui rallièrent les mines wallonnes
furent entièrement pris en charge par les responsables des charbonnages qui les logèrent dans des baraquement miniers, qu'occupèrent les travailleurs italiens avant la catastrophe de Marcinelle (Charleroi) survenue en 1956,

Ce ne sera que vers la fin des années septante que les familles marocaines installées autour de la gare du Midi entameront un timide essaimage vers des communes situées en dehors des zones ferroviaires et s’éparpilleront progressivement dans d’autres quartiers de Bruxelles.

Mais cet essaimage ne s’effectua que vers les quartiers delabres des communes situées à l’intérieur de la première couronne du 19ème siècle ; quartiers vieux et peu accueillants, que les Belges, profitant de la prospérité et du plein emploi, quittèrent pour s’installer dans des zones verdoyantes de la périphérie de la capitale.

Plus tard,  vers le milieu des années 1980 et en raison d'une politique belge, particulièrement généreuse en matière de regroupement familial, le gabarit des familles nombreuses fondées par les premiers marocains de Belgique, alla poser des problèmes sérieux liés au manque criant de logements susceptibles d’accueillir les parents et la nombreuse progéniture issue des mariages intervenus suite à l’établissement de ces travailleurs.

Le refus de nombreux propriétaires belges ou européens de céder en location partie de leur bien à de telles familles incita les Marocains de Bruxelles, â leur corps défendant à recourir à l’acquisition de vieux immeubles que les membres de la famille et les connaissances et amis s’employaient à rénover pour les rendre habitables.

Ainsi, les communes de Molenbeek, Schaerbeek, Bruxelles Ville, Saint Gilles ou Saint Josse, verront une installation massive de ces familles dans nombre de leurs vieux quartiers,

Des ghettos hermétiquement fermés

Marché schaerbeekois dans un quartier ghetto

Aujourd’hui, les quartiers à forte présence marocaine présentent un aspect des plus figés et toute tentative visant à démanteler ces ghettos ethniques est vouée à l’échec.

De fait, quasi tous les immeubles habités par les familles turques ou marocaines et situés dans les quartiers ghetto de Bruxelles sont désormais propriété de ces familles.

Cette situation était déjà bien établie à la fin des années 80.

Les bâtiments ainsi acquis et rénovés hébergent aussi bien les parents que leurs enfants mariés. 

Il s’avère, en effet plus aisé pour le père propriétaire et ses enfants mariés habitant l’immeuble familial de rembourser à deux ou à trois, les mensualités dues à la banque ayant consenti le prêt hypothécaire.

Une fois les espaces répartis entre les résidents membres de la même famille, les greniers, mansardes et autres entresols sont remis à neuf grâce à la mobilisation de ces mêmes résidents et loués à des étudiants ou des candidats au refuge politique.

Ironie du sort, il n’est pas rare de trouver comme locataires de ces petits espaces aménagés et rénovés, des vieux bruxellois de souche ayant été contraints de vendre leur bien aux étrangers devenus propriétaires de ces lieux

Comme on peut également rencontrer un nombre non négligeable de ces nouveaux propriétaires sévissant comme marchands de sommeil à l’encontre de candidats à l’asile politique ou de migrants

Beaucoup de ces immeubles disposent au rez - de chaussée, d’un espace assez vaste susceptible d’être affecté à une activité commerciale. 

Les prix de locations réclamés pour ces locaux sont tous simplement prohibitifs dans certains zones commerciales ghettoisées de Bruxelles.

Prochain article

Une  vie socio culturelle autarcique

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