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Histoire des Marocains de la première génération.
Ouvrage de 180 pages, rédigé par Khalil Zeguendi
(1) 1964
– 1990
Comment
se sont constitués les ghettos marocains à Bruxelles
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Fête de mariage à Bruxelles (1976) d'un immigré marocain de la première génération
Aujourd'hui: arrivée et installation des premiers immigrés marocains
Au départ et à l'instar des
Espagnols, des Grecs et des Portugais, les Marocains de la première
génération, arrivent en Belgique par le sud de l’Europe.
Les trains qui les transportèrent
effectuaient les débarquements de leurs passagers à la gare du midi
(sud de Bruxelles).
Et c'est tout naturellement autour
et alentour de cette gare qu'ils s'installeront dans des vieux
quartiers du sud bruxellois, que les Belges de souche, attirés en pleine conjoncture de plein emploi, par
les zones périphériques de la capitale belge, commençaient déjà à
quitter,
Dès l'année 1962 alors que que les
tractations belgo marocaines autour de l'élaboration de la
convention de février 1964, relative à l'envoi de la main d'oeuvre
marocaine vers le plat pays ne fut pas encore conclue entre le Maroc et la
Belgique, les contractuels ayant fait l'objet d'un recrutement
concerté entre les gouvernements des deux pays arrivaient par milliers
sur le territoire belge
Provenant essentiellement de la
Région du Rif marocain, ces travailleurs, pour la plupart jeunes et
célibataires, étaient accueillis par des agents disposant au sein
de la gare du midi, d'un local mis à leur disposition par les entreprises
belges ayant délivré les contrats de travail aux candidats à l'émigration.
A la même époque, des milliers
d’autres immigrés, citadins pour la plupart, rallièrent la
Belgique à titre individuel
On les appela: les touristes
Si les contingents furent dirigés
vers les bassins miniers de Wallonie et accessoirement vers les sites sidérurgiques de la même région, d'autres rejoindront
leurs lieux de travail, accessibles par train, à Diegem, Buda,
Vilvorde ou Forest situés à la périphérie industrielle de
Bruxelles
La plupart de ceux qui rallièrent
les mines wallonnes
furent entièrement pris en charge
par les responsables des charbonnages qui les logèrent dans des
baraquement miniers, qu'occupèrent les travailleurs italiens avant
la catastrophe de Marcinelle (Charleroi) survenue en 1956,
Ce ne sera que vers la fin des
années septante que les familles marocaines installées autour de la
gare du Midi entameront un timide essaimage vers des communes situées
en dehors des zones ferroviaires et s’éparpilleront
progressivement dans d’autres quartiers de Bruxelles.
Mais cet essaimage ne s’effectua
que vers les quartiers delabres des communes situées à l’intérieur de la
première couronne du 19ème siècle ; quartiers vieux et peu
accueillants, que les Belges, profitant de la prospérité et du
plein emploi, quittèrent pour s’installer dans des zones
verdoyantes de la périphérie de la capitale.
Plus tard, vers le milieu des années 1980 et en raison d'une
politique belge, particulièrement généreuse en matière de
regroupement familial, le gabarit des familles nombreuses fondées
par les premiers marocains de Belgique, alla poser des problèmes sérieux liés au
manque criant de logements susceptibles d’accueillir les parents et
la nombreuse progéniture issue des mariages intervenus suite à
l’établissement de ces travailleurs.
Le refus de nombreux propriétaires
belges ou européens de céder en location partie de leur bien à de
telles familles incita les Marocains de Bruxelles, â leur corps défendant à recourir à
l’acquisition de vieux immeubles que les membres de la famille et
les connaissances et amis s’employaient à rénover pour les rendre
habitables.
Ainsi, les communes de Molenbeek,
Schaerbeek, Bruxelles Ville, Saint Gilles ou Saint Josse, verront une
installation massive de ces familles dans nombre de leurs vieux quartiers,
Des
ghettos hermétiquement fermés
Marché schaerbeekois dans un quartier ghetto
Aujourd’hui, les quartiers à
forte présence marocaine présentent un aspect des plus figés et
toute tentative visant à démanteler ces ghettos ethniques est vouée
à l’échec.
De fait, quasi tous les immeubles
habités par les familles turques ou marocaines et situés dans les
quartiers ghetto de Bruxelles sont désormais propriété de ces
familles.
Cette situation était déjà bien
établie à la fin des années 80.
Les bâtiments ainsi acquis et
rénovés hébergent aussi bien les parents que leurs enfants mariés.
Il s’avère, en effet plus aisé pour le père propriétaire et ses
enfants mariés habitant l’immeuble familial de rembourser à deux
ou à trois, les mensualités dues à la banque ayant consenti le
prêt hypothécaire.
Une fois les espaces répartis entre
les résidents membres de la même famille, les greniers, mansardes
et autres entresols sont remis à neuf grâce à la mobilisation de
ces mêmes résidents et loués à des étudiants ou des candidats au
refuge politique.
Ironie du sort, il n’est pas rare
de trouver comme locataires de ces petits espaces aménagés et
rénovés, des vieux bruxellois de souche ayant été contraints de
vendre leur bien aux étrangers devenus propriétaires de ces lieux
Comme on peut également rencontrer
un nombre non négligeable de ces nouveaux propriétaires sévissant
comme marchands de sommeil à l’encontre de candidats à l’asile
politique ou de migrants
Beaucoup de ces immeubles disposent au
rez - de chaussée, d’un espace assez vaste susceptible d’être
affecté à une activité commerciale.
Les prix de locations réclamés
pour ces locaux sont tous simplement prohibitifs dans certains zones
commerciales ghettoisées de Bruxelles.
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Une vie socio culturelle autarcique
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