mardi 9 mars 2021

Elu(e)s allochtones: Fadila Laanane ou ....

 .


....la femme qui voulait devenir "Calife" (bourgmestre) à la place du Calife Tomas



Retour à ses sources marocaines


Fadila Laanane qui était la chouchoue de Di Rupo, est de mon point de vue de modeste observateur de la dynamique participationniste des allochhtones, la femme politique marocaine qui a connu un parcours politique autant passionnant que semé d'embûches 


Dans la dernière partie de cet article, je détaillerai cette carrière unique en son genre. En attendant, je me permets de retracer son parcours de fille d'immigrés et surtout de son statut de jeune maroxelloise

Penchons nous sur le passé marocain de celle qui avait déclaré dans le Soir, il y a cinq ans, qu'elle s'était toujours sentie Belge, franc-maçonne et laïque et que le communautarisme la révulsait

En effet, avant de s'intéresser à la politique, la jeune Fadila fréquentait assidûment les locaux de l'ASBL Jeunesse Maghrébine, situés à cette époque derrière le Petit château, à deux pas du canal.


Cette ASBL a une histoire très intéressante  qu'il est important de connaître


Jeunesse Maghrébine fut fondée en 1978 par un jeune de la seconde génération, du nom de Noureddine Jazairi. 

les locaux de la JM  se situaient à cette époque, sur le territoire de Saint Josse, au coin de la rue du Méridien et de la rue du Moulin, à un jet de pierre du siège du parti communiste belge.

Les Jeunesses communistes (JS) disposaient de locaux au sein du bâtiment abritant les activités de la formation pro - soviétique dont le secrétaire général n'était autre que le regretté Louis Van Geyt. 

Les locaux des JS portaient le nom de "Le 1917", allusion à l'année de la révolution léniniste qui mit fin au règne du Tsar. 

Les locaux de Jeunesse Maghrébine n'étaient guère loin de ceux du Regroupement démocratique marocain, association très critique à l'encontre du régime de Hassan II, sise rue Traversière en face de l'auberge de jeunesse Le Chab, guère éloignée de la Maison des jeunes le Clou et  des locaux du Mrax situés, eux, rue de la Poste.

Il faut dire qu'entre toutes ces structures actives et militantes, les contacts et les collaborations étaient très fréquents.

Jeunesse Maghrébine animait un atelier Ciné Club et un second dédié aux cours de rattrapage en faveur des enfants de ce quartier.

Les projections de films contre le racisme et pour la justice sociale étaient souvent suivis de débats qu'animaient les membres de cette association.

Des conférences et autres pièces de théâtre avaient lieu dans la grande salle de ces locaux.

Ce fût d'ailleurs là,  entre autres, que les cinéastes et acteurs belgo-marocains Abdelghani Hammoumi et le regretté Stéphane Plouvier  avaient présenté leur long métrage "Etrangers s'abstenir", devant un public très nombreux. Ce film fût suivi d'un débat très fructueux.

Une permanence juridique à laquelle participaient, entre autres avocats,  Georges Henri Beauthier et Jacques Hamaide, accueillait les Marocains de ce quartier confrontés aux problèmes divers.

Guy Cudell qui avait octroyé ces locaux à Jeunesse Maghrébine rendait souvent visite aux jeunes de cette ASBL.


Le coup d'état


Arrivés quelques années plus tard au sein de l'ASBL Jeunesse Maghrébine, des jeunes marocains de Bruxelles qui se connaissaient  prirent part à la dynamique et aux activités de cette association.   

Certains d'entre eux comme Khalid Zian, actuel président du CPAS  de la ville de Bruxelles et ex secrétaire particulier de  Fadila Laanan lorsque celle ci gérait le ministère de la culture en Communauté française, prennent des responsabilités au sein de la JM.

Durant les années 1990, ces jeunes qui étaient proches d'Ivan Mayeur, l'ex bourgmestre PS de la Ville de Bruxelles-ville, tombé en disgrâce suite à l'affaire du SAMU social, imprimèrent à Jeunesse Maghrébine une nouvelle orientation: celle de s'intéresser à la participation politique des jeunes issus de l'immigration.

Craignant pour la récupération politique de Jeunesse Maghrébine par le PS, Noureddine Jazairi s'opposa de toutes ses forces à ce virage qui modifiait radicalement la vocation culturelle et sociale de l'association.

Un conflit ouvert s'installa entre lui et ce courant participationniste . 

Ce conflit alla prendre des proportions semblables à une guerre durant laquelle, de graves accusations furent proférées contre le fondateur de la JM. 

Des accusations, pour détournements de fonds notamment, furent colportées vers l'extérieur de Jeunesse Maghrébine.

Les promesses d'Yvan Mayeur de faire jouer ses relais à la communauté française pour ramener des fonds substantiels vers Jeunesse Maghrébine finirent par braquer Noureddine Jazairi, qui, attristé par la tournure que prenaient les choses, décida de quitter l'association.

Noureddine que j'avais rencontré quelques mois après son départ de Jeunesse Maghrébine était devenu méconnaissable et taciturne.  

Il avait maigri et refusait d'évoquer son histoire au sein de Jeunesse Maghrébine.

J'appris deux ou trois années après son éviction de Jeunesse Maghrébine qu'il venait de décéder à un âge précoce. 

Yvan Mayeur s'impliquera de plus en plus dans la gestion de Jeunesse Maghrébine jusqu'à devenir président honoraire de cette association.


Fadila, la Marocaine


Fin des années nonante, l'étudiante Fadila Laanane qui habitait le quartier marocain de Molenbeek (chaussée de Merchtem),  situé derrière la maison communale, commença à fréquenter les activités de la JM.

Cependant, ses occupations ne lui donnaient pas l'occasion de prendre part de manière assidue aux activités de de cette association.

Ce ne sera que plus tard que celle qui proclamera au Soir en 2013, n'avoir jamais été attirée par le milieu marocain, deviendra à l'initiative d'Yvan Mayeur, président de Jeunesse Maghrébine.

Tous ses lieutenants au sein de cette association furent pris en charge par Yvan Mayeur qui en fit de fidèles militants du PS. 

Et ce fût sous l'impulsion du même Mayeur que les Khoubzistes Khalid Zian, Ben Hmidou Si Mhamed, Ouriaghli Mohamed, Faouzia Hariche, constitueront le réseau électoral des candidats immigrés du PS.

A l'arrivée, l'on retrouva Fadila Laanan comme ministre de la Culture, entourée d'ex responsables de JM: Khalid Zian comme directeur de son cabinet et Si M'hamed comme collaborateur au même cabinet.

Quant à Ouriaghli et Hariche, Mayeur leur a ouvert grande la porte du Collège de Bruxelles-Ville.


Le section anderlechtoise du PS: Fadila et Tomas, Amour et haine 


En 2005, Eric Tomas est élu au Parlement régional bruxellois. Les instances bruxelloises de la fédération du parti le désignent comme secrétaire d'état. 

Eric Tomas qui adorait la jeune Fadila Laanan, au sens platonique de l'expression,  la prend comme juriste au sein de son cabinet.

Deux années plus tard, le même Tomas décida de mettre fin à la présence de Laanan au sein de son cabinet en évoquant son "incompétence" et ses absences à répétition.

Dépitée, animée par une haine amazigh à l'encontre de celui qui l'avait "humiliée", Fadila, hors de ses gonds, jura qu'elle fera tout pour briser la carrière de celui qui alla devenir bourgmestre de la commune d'Anderlecht.

Elle était déjà conseillère communal depuis 2000, mais sans grand relief. 

En 2009, Fadila Laanan est élue comme députée à la Région bruxelloise à la surprise générale, bien que sa candidature sur la liste du PS ne put se concrétiser qu'un mois avant le scrutin. De plus elle fut placée par Moureaux à une position très peu visible.

Di Rupo mettra son poids dans la balance et la désigne comme ministre de la culture et de l'audiovisuel à la Communauté française. Ce fut son heure de gloire.

En 2012, elle descend sur Anderlecht pour exiger du haut de son maroquin communautaire, d'occuper la seconde place de la liste du PS aux communales.

Tomas qui fut candidat pour occuper la première place sur la même liste, fera appel à son sens de la ruse politique pour bloquer les prétentions de sa concurrente Fadila. 

Il réussit à mettre la liste en pole, entre les mains de l'assemblée générale de la section PS d'Anderlecht.

Fadila refuse net ce recours à l'AG. Et pour cause, en 2006, cette même assemblée générale avait relégué la candidate Laanane à une place très peu visible sur la liste. 

En 2012, en revendiquant la seconde place sur la liste sans passer par le Pole, Fadila Laanane était persuadée qu'au lendemain du scrutin, elle allait "écraser" par ses voix de préférence, le candidat au maïorat, Eric Tomas. Et le déstabiliser par la suite.

Elle décidera suite à son refus de passer sous les fourches caudines de l'AG, de pousser en dernière position, la liste PS de la section. 

Elle ne mènera pas campagne et ne réussit pas à détrôner Tomas en voix de préférence. Celui ci arrivant largement en tête, le soir des élections.

Elle voulait par ailleurs obtenir de la section de lui dévaloir un mandat scabinal. Un mandat qu'elle n'exercerait pas puisque ministre, elle en sera "empêchée. La section lui refuse cette "faveur"

Rebelote en 2018: Sa revendication de la seconde position sur la liste alors qu'elle avait été reléguée de la Culture en Communauté française aux Poubelles en Région de Bruxelles-Capitale, est à nouveau refusée, beacause obligation de passer par le Pole.

Ouvrons une petite parenthèse,  pour noter que tous les élus régionaux allochtones PS qui furent désignés successivement  par la Fédération bruxelloise du parti à des postes de Secrétaires d'état, durent gérer le Département des déchets ménagers bruxellois !!!!!(Kir, Madrane et Fadila)

Poursuivons sur Anderlecht: 

Elle se battra comme une belle diablesse pour tenter de s'imposer à la Pyrrhus, en vain.

Elle décide alors de ne pas figurer sur la liste en tablant machiaveliquement sur un échec de celle ci aux communales de 2018. 

Son plan diabolique fut de provoquer la défaite du PS aux élections communales de 2018, pour prendre la tête de la section après la "débâcle" de Tomas, et préparer ainsi son come back pour le scrutin de 2024.

Nouvelle déconvenue pour Fadila: Le PS passe au forceps et Tomas est à nouveau maïeur par le truchement d'une grande ouverture vers d'autres formations politiques de la place.


Le même Tomas, pour assassiner Fadila Laanan et annihiler tout espoir de son retour, fera désigner Fabrice Cumps pour lui succéder à mi mandat. 

De sa retraite de Dorgdogne, le très calculateur Eric doit méditer sur les ambitions perdues de la belle Fadila

Et dire que tout avait commencé par un amour subliminal entre les deux protagonistes.

Tout est donc perdu pour Fadila Laanan qui depuis 2019, se contente de siéger, quand elle a le temps au parlement de la Région de Bruxelles Capitale et d'assister à des soirées marocaines du Ramadan aux cotés de barbus, tels que l'imam antisémite Toujghani.

Oubliant au passage qu'elle avait, il n y a guère dénoncé le trop plein d'adeptes d'Al Qaeda à la STIB


https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10213448898046172&id=1512001667&sfnsn=mo


Certaines mauvaises langues rapportent que la députée PS a opéré des investissements dans l'immobilier au Maroc et que ses contacts assidus de certains partis politiques marocains dont le très droitiste PAM (Parti Authenticité et Modernité), seraient destinés à lui permettre de rebondir, comme Valls en Catalogne,  sous d'autres cieux

Ah, les mauvaises langues !

  

 



2 commentaires:

  1. Bonjour Khalil,
    Je me permets d'apporter quelques éléments d'information sur la Jeunesse Maghrébine que j'ai rejoins en 1988 à la rue de Flandre en même temps que Stéphane Plouvier. Stéphane assumera le rôle de trésorier pendant plusieurs années alors que j’assurais la présidence pour un bref intérim.
    La crise qui a écarté un membre fondateur résultait bien d'une gestion approximative qui a mis L’ASBL dans l'impossibilité d'honorer ses dettes salariales et ses dettes sociales.
    Il n'y a jamais eu de titre honorifique dans les statuts de l'ASBL, ni membre d'honneur, ni Président d'honneur ou autre. Yvan n'a jamais été membre du Conseil d'administration même si à un moment il a rejoint l'Assemblée générale.
    Pour ce qui est de la récupération de l'association par le PS bruxellois, je te fais suivre une réaction d'anciens membres face à une analyse similaire formulée par Henri Goldman en 2017.
    Bien à toi

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    1. Cher Mustapha. Je te remercie pour ton intérêt pour cette modeste contribution. Pour réagir à ton commentaire, je dirai 2 3 choses:
      1 l'article que j'ai rédigé ne constitue pas un travail de recherche scientifique ou académique, mais bien un témoignage personnel lié à mes souvenirs quant à l'histoire a laquelle j'ai été directement ou indirectement associé
      2 L'article concerne le parcours de Fadila Laanan dont je trace abondamment les péripéties.
      3 Quand j'ai rédigé cet article, j'avais les statuts de Jeunesse Maghrebine et je n'ai jamais prétendu que Mayeur était statutairement président d'honneur ou administrateur de la JM. En revanche, dans ses relations avec l'extérieur, il annonçait qu'il était président d'honneur.
      4 Quant aux raisons qui ont décidé Noureddine Jazairi à quitter la JM, nous disons toi et moi ma même chose: il s'agissait d'une affaire de gestion de l'association.
      5 Au sein de Jeunesse Maghrebine, il y avait des cadres qui militaient par idéalisme et sans arrière-pensée pensée carriériste. Je pense notamment à Zoulikha Attahrouch, à Abdelouahid Khalili et à un certain Mustapha Bentaleb ......


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