... Mohammed VI proclame sa grâce en faveur d'une poignée de détenus politiques
...A l'occasion de sa fête du trône consacrant sa vingt cinquième année de règne, le roi du Maroc vient de promulguer des mesures de grâce en faveur d'une poignée de détenus politiques et de youtubers, incluant dans ces mesures, des personnes détenues pour des faits "de terrorisme" ayant, selon le palais royal, opéré des révisions de leurs positions extrémistes.
Le remake de l'opération Équité et réconciliation.
Comme son dictateur de père qui, sentant sa mort proche, avait imaginé en 1996, une opération visant à se réconcilier avec les centaines de victimes des années de plomb afin de léguer à l'actuel monarque une situation apaisée au niveau des droits de l'homme, Mohammed VI, malade et au bout du rouleau, pratique étrangement le même scénario pour passer le témoin à son rejeton, censé lui succéder sous l'appellation de Hassan III.
L'instance Équité et Réconciliation (I.E.R) mise en place en 1996, par feu le despote Hassan II avec l'aide du leader "socialiste" Abderrahman El Youssoufi, avait donné lieu à la libération de centaines de détenus de la gauche marxiste léniniste et autres militants de la gauche réformiste
Un nombre important de ces détenus avaient subi des tortures physiques atroces au tristement célèbre centre Derb Moulay Chérif de Rabat, à Kénitra, à Marrakech et surtout dans le mouroir de Tazmamart dont l'existence avait été effrontément niée par "Leur Ami le Roi".
Cellules du centre de détention de Tazmamart
D'autres détenus n'auront pas eu l'opportunité de bénéficier de cette relaxe puisque la machine à broyer les opposants les avait purement et simplement envoyés dans des tombes. Ce fut notamment le cas d'Abdellatif Zeroual et de Saida Mnebhi.
Pilotée par le conseiller du roi Fouad Ali Al Himma, l'I.E.R avait obtenu du Palais d'importants moyens financiers pour indemniser les détenus libérés dont Abraham Serfaty, Abdellatif Laabi et des dizaines d'autres victimes
Ces indemnisations visaient l'achat du silence des opposants ainsi relaxés.
Leurs tortionnaires eux, ne furent guère inquiétés. Certains de ces Hadj* furent même promus par le pouvoir tandis que d'autres accédèrent à des fonctions politiques de haut niveau
le leurre d'un roi faussement féministe
Pour endormir la vigilance des progressistes marocains qui avaient cru en la bonne foi de Mohammed VI au début de son règne, le successeur de Hassan II procéda à quelques réformes qui se révéleront plus tard autant de mensonges destinés à jeter de la poudre aux yeux en direction de l'opinion publique marocaine et de celle qui en occident, s'intéresse à l'évolution politique du Maroc.
Il s'agit de deux grandes manœuvres tendant à présenter le nouveau roi comme celui qui "libéra" la femme marocaine du poids des traditions sociétales oppressantes
La première de ces manoeuvres fut le lancement en 2005 par le monarque, du chantier de la Moudawwana (réforme du statut de la famille) qui fut présentée comme une grande révolution visant à permettre l'émancipation de la femme marocaine.
En réalité, cette Moudawwana qui subit actuellement une révision réclamée depuis des années par les forces modernistes marocaines, n'a rien résolu quant aux problèmes essentiels que rencontrent les femmes et les filles marocaines
En ce sens, que la latitude laissée aux juges, conservateurs dans leur immense majorité, en matière de mariages de filles mineures, a produit des situations aux antipodes des objectifs escomptés, à savoir: les exceptions accordées aux hommes désireux de prendre des mineures pour femmes, sont devenues la règle
Accédant à l'avis du père ou du tuteur souvent pauvre ou indigent, les juges vont très souvent dans le sens d'un mariage imposé à la mineure d'âge avec un homme fortuné.
Un mariage oppulent et une répudiation humiliante
Toujours dans sa volonté de donner de lui même l'image d'un souverain moderne et occidentalisé, Mohammed VI organisa en mars 2002, son mariage avec Salma Bennani, une jeune fille de Fez, dans une ambiance digne de noces de dirigeants européens.
Apparue sans foulard - ce qui ne fut jamais le cas pour les sultans et les rois ayant précédé Mohammed VI - L'épouse du monarque marocain fut très fortement mise en avant de par sa participation à de nombreuses activités charitables et humanitaires, avant de faire subitement l'objet d'une répudiation unilatérale humiliante commise par le commandeur des croyants et de disparaître des radars.
Elle sera remplacée auprès du roi par un boxeur délinquant ayant purgé de nombreuses scènes de prison en Allemagne
Que ce fut à travers la promulgation de la Moudawwana ou en ce qui se rapporte à l'échec de son mariage, le chapitre "féministe" voulu par le roi fut une cinglante faillite
Le roi renoue avec la nature répressive de ses prédécesseurs
Si Mohammed VI réussit en 2011 à éviter de justesse les retombées sur son règne des événements du Printemps arabe, il renouera en 2016 avec les pratiques répressives de son défunt père
La révolte du Hirak pacifique du Rif fut étouffée dans l'œuf et les principaux leaders de ce mouvement furent arrêtés, torturés et croupissent actuellement en prison. Nacer Zefzafi, leader de cette révolte pacifique et à caractère social écopa d'une peine de 20 ans
Si sous Hassan II, les opposants politiques comparaissaient devant leurs juges pour répondre de leurs actes politiques et étaient condamnés pour leurs idées, sous le monarque actuel, tous les contestataires (journalistes, youtubers, militants anti normalisation avec Israel) font l'objet d'accusations fallacieuses (sexe, traite d'êtres humains...) fabriquées de toutes pièces par les services de renseignement téléguidés à partir du palais royal.
Le Maroc est un état policier
Âgé de 82 ans, le bâtonnier Mohammed Ziane vient de voir récemment sa peine alourdie de 5 ans par un tribunal politique marocain pour avoir dénoncé l'accaprement par Mohammed VI des principales richesses du pays.
Il vient de déclarer qu'il va mourir en prison.
Le champ du sacré qui concernait le roi du Maroc, a été élargi ces dernières années pour toucher le Sahara, le directeur de la Direction général de la Sûreté nationale (DGSN), l'alliance du royaume avec l'entité sioniste, les juges et les institutions politiques infeodées au Makhzen
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