mercredi 21 août 2024

Le pilier Catholique belge qui fut jadis une formation . ..

 

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...dominante, est devenu aujourd'hui, un parti marginal et d'appoint

 

" Un pilier  est un réseau ou ensemble d'organisations  spécialisées réunies par une base idéologique commune dont elles soutiennent l'influence dans la société,  notamment par le biais d'un parti politique" (Le Crisp)

 

1ère partie; de la naissance à la disparition du Parti social chrétien

 

Parti quasi unique


Elle est loin, très loin l'époque où de 1884  à 1914, le courant chrétien belge disposait de la majorité des sièges dans les deux Chambres et  gouverna seul de manière continue pendant trente ans.

Et ce, malgré la concurrence du parti libéral, fondé lui, en 1846

Depuis la naissance de la  Belgique, le courant conservateur catholique usa et abusa du vote plural, pratique par laquelle un seul individu avait le droit de voter plusieurs fois à une même élection, en raison de critères de propriété, d'imposition, de scolarisation ou de statut social

L'hégémonie des Catholiques sur la gestion  des affaires du pays se trouvera malmenée, voire sérieusement mise à mal à la sortie de chacun des deux conflits mondiaux, lorsqu'en 1919, le suffrage universel fut élargi à tous les hommes en âge de voter et en 1949 à l'occasion de l'acquisition par les femmes de ce même droit.


La question royale  


 
Le 19 novembre 1940, Léopold III rencontra Hitler à Berchtesgaden. Sa sœur, la princesse Marie-José, épouse de l'héritier du trône d'Italie, en avait transmis verbalement la requête à Hitler un mois plus tôt.


A l'issue de la deuxième guerre se posa aux Belges le délicat comportement de leur roi durant ce conflit mondial et son rôle ambigu dans la défense du pays face à l'invasion allemande

Lorsque les piliers laïco - progressistes se mobilisèrent pour demander des comptes au souverain belge au sujet de son alignement sur les visées allemandes à travers une curieuse neutralité vis à vis des envahisseurs nazis, le parti chrétien qui changea de nom en 1945 devenant le PSC (Parti social chrétien)  se trouva isolé au sein de l'échiquier politique, social et culturel belge qui exigeait l'abdication du souverain

La question royale fut une des plus graves crises à laquelle le pays dut faire face au sortir de la seconde guerre mondiale

Si 72% des Flamands votèrent lors du referendum du 12 mars 1950 en faveur du retour du roi auto - exilé en Suisse, seuls 42% des Wallons et 48% des Bruxellois furent favorables à ce retour.

La question royale qui avait nécessité 5 années de débats déchira la Belgique et faillit conduire à la dislocation du pays

Sentant ce grave danger qui menaçait l'unité du pays et surtout l'existence même de la monarchie, Léopold III qui avait serré  publiquement la main d'Adolf Hitler durant l'occupation d'une bonne partie de l'Europe, dut se résigner à abdiquer en juillet 1951 et céder le trône à son fils Baudouin 1er. 


 La deuxième guerre scolaire




 La première guerre scolaire ayant eu lieu de 1879 à 1884 ne fera pas l'objet d'un développement dans cet article 


Ceux qui en Belgique avaient cru qu'avec l'abdication du roi Léopold III, le pays allait aborder une phase plus sereine de son existence, en furent pour leurs frais. 

Chasse gardée des Catholiques depuis la naissance de la Belgique, l'enseignement fut invité au débat sur la place publique dès 1950. 

En effet, tant les libéraux que les socialistes s'accordèrent pour exiger le renforcement du réseau officiel (public) de l'enseignement à travers un partage plus juste et davantage équitable des fonds scolaires, entre réseau privé et secteur scolaire public

Ce positionnement des deux principaux piliers progressistes alla, on s'en doute, susciter l'ire du très droitiste PSC à telle enseigne que ce que l'on appela à cette époque "Guère scolaire" alla durer près de 10 ans. 

De 1950 à 1959, manifestations, affrontements et autres mouvements empreints de violence opposèrent les militants de la droite catholique à ceux émargeant aux piliers laïcs.

Les résultats des élections nationales de 1958 n'ayant permis aucun compromis pour la formation d'un gouvernement, poussèrent en novembre de la même année les trois principaux partis unitaires de l'époque (PSC - PSB - Libéraux) à convenir d'un accord lié à la réforme de l'enseignement qui fut intitulé "Pacte scolaire".

Cet accord modifiant de nombreuses dispositions en matière d'enseignement, fut traduit en norme de droit dans le cadre de la loi du 29 mai 1959


Grands chantiers, Golden sexties, Europe et accalmie politique


https://www.rtbf.be/article/les-tours-wtc-a-bruxelles-sont-tombees-retour-sur-le-fiasco-du-projet-manhattan-et-de-ses-54-gratte-ciel-10727387




Depuis la conclusion de cet accord entre les courants idéologiques, le conservateur d'une part et le progressiste de l'autre, et l'avènement d'une longue ère de prospérité économique marquée par les soixante glorieuses (Golden sextises), les rapports entre ces courants connurent une longue période de compromis politiques à travers lesquels le PSC s'imposa comme une formation incontournable pour la gestion des affaires du pays.

Les traités liés à la construction de l'Europe dont celui de 1957 et suivants, contribuèrent de leur côtés à donner du grain à moudre aux trois principales formations politiques, faisant passer les questions belgo - belges au second niveau des divergences.

L'essor des chantiers de construction (autoroutes, grattes ciel, bureaux ...) permit à toute la classe politique de s'arroser "dignement" sans se soucier de la grave défiguration architecturale et urbanistique que connut la capitale de la Belgique.

Cudell le socialiste flirtant avec Van den Boeynants le catholique pour permettre l'érection de mastodontes imbuvables à Bruxelles.

Bien que s'étant atténués, les clivages idéologiques et politiques entre les trois piliers demeurèrent néanmoins bien présents 


La question "Immigrés"


A l'issue du scrutin communal de 1976, tout ce que la Belgique (Flandre, Bruxelles et Wallonie) comptait comme organisations, associations et autres comités agissant en milieu immigré ou antiraciste, se fédérèrent au sein d'un très vaste mouvement appelé Objectif 82.

"82" étant pour ce collectif, la date (1982) devant concrétiser la revendication populaire de l'octroi de vote communal aux étrangers résidant en Belgique.

Durant 5 années, le champ militant humaniste, progressiste, syndical et même religieux fut mobilisé pour contribuer à faire aboutir la question du droit de vote aux immigrés. 

Les grands partis de cette époque - le PSC et son pendant flamand le CVP furent les plus hostiles à cette revendication - furent incapables d'obtenir en leur sein une adhésion franche et massive à cette attente progressiste.

Le scrutin de 1982 fut une opportunité ratée puisque les porteurs d'objectif 82 échouèrent à faire passer une loi permettant le vote communal des immigrés 
 

Le tournant 1984 

La loi Gol qui fut vouée aux gémonies par les milieux de la gauche et les antiracistes, comportait néanmoins en certains de ses articles, des dispositions assouplissant fortement l'accès à la nationalité belge, surtout pour les enfants nés d'un parent ayant la nationalité belge de même que pour les conjoints de Belges

Ainsi en 1986, la liste des nouveaux naturalisés publiée par le moniteur belge, fit apparaître une augmentation (du simple au triple) plus que sensible du nombre d'immigrés ayant accédé à la nationalité belge
 

L'ère Grard Deprez 
 
De 1981 à 1995, le PSC connut une longue stabilité sous la direction de Gerard Deprez.

Associés étroitement au président pour la gestion du parti, deux fortes personnalités (les ministres Melchior Wathelet et Philippe Meystadt) contribuèrent très largement a cette stabilité.
 
Mais le personnel politique ne connut pas de renouvellement. Les débats d'idées étaient relégués aux oubliettes et seule les participations aux gouvernements trouvaient grâce aux yeux des dirigeants vieillissants du PSC

Si le PS comprit très tôt le bénéfice qu'il pourrait tirer électoralement de cette situation nouvelle que fut l'acquisition de la nationalité belge par un nombre très important de personnes issues de l'immigration, le PSC lui, demeura réticent quant à la nécessité de s'ouvrir à ce public
 
Attaqué à sa droite par les Libéraux du PRL, en son sein par une nouvelle génération de militants chrétiens de gauche et à sa gauche pas le PS, le parti alors présidé par Gérard Deprez entama vers la fin des années 1990, une profonde réflexion sur son devenir. 
 
 
Et Gérard Deprez créa MILQUET  


De fait, fatigués et même usés jusqu'à la moelle. les dirigeants du très vieux PSC sentent qu'ils sont arrivés, de même que leur parti, au bout du rouleau

Deprez est alors très courtisé par le parti libéral qui l'invita à demi - mot, à une fusion bleue orange.

Il n'est pas suivi dans son parti pour tenter ce saut dans l'inconnu.
 
Lorsque peu avant son départ, Gérard Deprez tenta d'introniser Milquet à la tête du PSC, Charles Ferdinand Nothomb se fit élire de justesse en 1996 à cette fonction pour barrer le chemin à Joelle
 
Deprez fit dans la résistance et créa un mouvement dissident du PSC très proche des libéraux (le MCC ou Mouvement des Citoyens pour le changement).
 
Après l'exclusion de Deprez du PSC, ce mouvement constitué d'un poignée de notables du parti, deviendra le tremplin qui permettra à Deprez de se faire élire régulièrement sur les listes libérales au parlement européen  

 
La suite: De MILQUET à PREVOT fera l'objet d'un article à paraitre mardi 27 aout 2024


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