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...ou "Marocains résidant à l'étranger"!?
Le sont ils toujours ? Bien sûr que non ! Du moins pour la majeure partie d'entre eux vivant en Europe depuis deux, voire trois ou quatre générations.
L'état marocain de même que les principales officines partisanes marocaines de gauche comme de droite persistent toujours et signent:
M.R.E. étaient ceux de la première génération, Marocains résidant à l'étranger resteront leurs enfants ad vitam eternam
Du moins sur papier puisque chez les parents et les grands parents, la tendance au recours à l'inscription des nouveaux nés auprès des consulats marocains à l'étranger, demeure vivace et constitue un réflexe quasi automatique. Bien qu'il soit en nette régression.
Il n'en reste pas moins que la majeure partie des générations natives d'Europe sont davantage attachées économiquement, professionnellement, politiquement et intellectuellement à la société au sein de laquelle elles travaillent, commercent, produisent, paient leurs impôts, votent et se présentent comme candidats tant aux scrutins politiques qu'aux élections sociales (syndicales).
Il est vrai qu'au niveau de leurs penchants culturels et religieux, ces petits enfants d'anciens immigrés manifestent davantage de sympathie à l'égard du pays de leurs grands parents que vis à vis des pays européens dont ils portent la nationalité
On peut dire que leur rapport aux pays européens sont plus fonctionnels que découlant d'une adhésion de cœur.
Le cas belge
Jusqu'à la fin des années quatre vingt du siècle dernier, la demande pour une intégration structurelle dans les secteurs vitaux de la société belge constituait un objectif important auquel aspiraient tant les parents immigrés de la première génération que leurs enfants nés en Belgique.
Si dans un premier temps, cette demande découlait d'un souci fonctionnel et matériel dont la préservation du droit au séjour et la recherche d'un travail procurant des moyens de subsistance, constituaient les principaux objectifs à satisfaire, les rapports à la nationalité n'ont pas cessé d'évoluer.
Le tournant
Ce fut à partir du milieu des années 2000 que l'aspiration à un retour définitif vers le Maroc finit par faire place à une volonté sincère d'insertion dans les divers secteurs de l'activité sociale et politique au sein des pays européens ayant accueilli durant les Golden sexties, d'importants contingents d'émigrés venant du Maroc
De fait et après une longue période de près de 40 ans de présence en Belgique, période marquée par une réticence et même un refus de l'accès à la nationalité belge, la course pour l'obtention de cette nationalité s'accélèra mais sans rimer à ses débuts avec une adhésion franche et massive aux valeurs culturelles des pays européens encore moins avec une volonté de participation au fonctionnement des institutions politiques de ces sociétés
Ce sera vers l'entame des années 2000 que, dragués par les partis politiques de gauche, les composantes des générations issues du Maroc commencent à se laisser séduire par le chant opportuniste et electoraliste des sirènes politiques.
D'abord timidement mais comme dit le proverbe "l'appétit vient en mangeant", de plus en plus de jeunes nés en Belgique, furent attirés par l'entrée en politique; un créneau qui n'exige aucune formation ou diplôme pour rattraper un ascenseur social inatteignable par d'autres biais.
Le temps passant, des tabors de plus en plus massifs de jeunes parviendront à se hisser à des niveaux de responsabilités politiques et institutionnelles de plus en plus sensibles et élevées.
Adjoints aux maires, députés, conseillers municipaux ou occupant des fonctions liées aux instances decisionnelles.
Et le Maroc officiel dans tout cela?
Si les méthodes de l'état marocain ont changé de forme, la philosophie de base n'a guère connu de changement.
A savoir que depuis le vivant du défunt Hassan II, les autorités marocaines au plus haut niveau avaient abordé la diaspora marocaine établie à l'étranger sous la seule et unique approche sécuritaire
Hassan II n'avait il pas déjà dans les années 1970, rendu illicite toute implication de ses "ressortissants" dans la vie publique des sociétés ayant fait appel aux premiers contingents de travailleurs issus du Maroc?
N'avait il pas interdit à ses sujets établis en Europe de se mêler des affaires qui ne les "regardaient pas ?"
Pour se faire aider dans cette besogne, le défunt roi avait impulsé en Europe, la création de milices policières auxquelles il avait accolé le terme "sympathique" d'Amicales.
Liées aux ambassades et aux consulats, ces structures dépendant en ligne droite du ministère marocain de l'intérieur, devaient veiller à espionner et intimider les ressortissants marocains. Et surtout à les empêcher à s'impliquer dans les structures syndicales et politiques des pays européens
Mohammed VI fait semblant de changer de cap
L'actuel roi du Maroc qui hérita de son père une situation relativement apaisée au niveau des atteintes passées aux droits de l'homme, inaugura sa première décennie de règne (2000 - 2011) par une ouverture, certes prudente mais ouverture quand même vers les forces progressistes marocaines et surtout vers les victimes de la répression des opposants ayant souffert le martyr durant les années de plomb
Un coup de maître
Dans la foulée de ces gestes royaux, Mohammed VI réussit la prouesse d'associer dans certaines structures initiées par le palais royal, d'anciens militants de gauche et des rescapés des Amicales jadis utilisés par son père à l'étranger
La principale instance initiée par le roi en 2007 pour incarner ce montage royal fut le fameux CCME (Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger).
Une structure chargée par le roi de fournir conseils, recommandations et avis destinés à éclairer le monarque sur les initiatives à lancer envers la communauté marocaine établie hors du Maroc
Créée par Dahir royal (décret) et composée de 37 membres, cette structure qui devait fonctionner pour une période de 5 années, éventuellement renouvelables, fut dotée d'un budget qui rendit jaloux de nombreux ministères ayant "pognon" sur rue.
Gérée par le président de l'institution et son secretaire général - une véritable mafia - sans contrôle aucun et en dehors de toute transparente ou reddition de comptes, l'enveloppe annuelle de 50 millions de dirhams est déposée chaque début d'exercice, sur le compte du CCME
Un trésor dilapidée en organisation de pseudo journées d'études, d'événements médiatiques à répétition, très coûteux en billets d'avions pour des centaines de convives affluant des 4 coins de la planète et des séjours en palaces 5 étoiles à Casa, Rabat, Tanger et même dans certaines villes européennes.
De ces réunions byzantines, rien de concret ou de palpable ne sortira durant les 5 premières années d'existence du CCME.
Alors qu'en 2011, date de fin du mandat du CCME, de nombreux cadres marocains agissant à l'étranger attendaient un geste du roi pour une évaluation de l'in - action de cette instance. Ce fut Sœur Anne.
Secoué par les dommages collatéraux du Printemps arabe, et ébranlé par d'imposantes manifestations de rue aspirant à plus de liberté et de dignité, Mohammed VI annonça en mars 2011 dans un discours très attendu, une révision de la Constitution marocaine.
Les Marocains vivant à l'étranger eurent leur part dans ce discours et dans le texte constitutionnel qui fut en juillet 2011 soumis à référendum.
Une réforme profonde du CCME est inscrite alors dans le texte de la cnstitution révisée
Plus important, l'implication des MRE dans le processus politique marocain via une participation de la diaspora aux élections appelées à avoir lieu au Maroc, devient constitutionnelle.
Ni l'un de ces engagements (réforme du CCME) ni l'autre (participation aux scrutins marocains comme électeurs et candidats des MRE) n'auront lieu depuis cette promesse d'ivrogne, un soir de beuverie.
Les "cadres" ont vieilli
Nous sommes en 2025. Et les promesses royales devenues constitutionnelles sont tombées dans les oubliettes.
Cela n'empêcha point le monarque marocain de faire allusion à l'occasion de l'un ou l'autre de ses discours à la "nécessité" de mettre en œuvre les engagements pris par lui envers les MRE, engagements gravés dans le marbre de la constitution depuis 2011.
Mais sitôt saluées par tout ce que le Maroc compte comme parasites partisans, ces discours sont rangés verticalement par les spécialistes de l'applaudimètre politique.
Les "militants MRE" ont vieilli depuis lors sans qu'une poignée d'entre eux, portant des couches, ne renoncent à saluer régulièrement les discours du roi qui rappelle "sa volonté inébranlable " d'associer ses sujets à la vie civile et politique du Maroc
En attendant, les jeunes générations natives d'Europe considèrent Marrakech, Agadir, Essaouira ou Tanger au même titre que Phuket, Dubai ou Malaga, comme des zones de vacances et de farniente
Leur vie professionnelle, culturelle, politique ou économique se déroule aujourd'hui en Europe et nulle part ailleurs.
Ils ne sont pas MRE mais citoyens européens à part entière
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