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Invitée du Grand Oral la Première le Soir, Simone Susskind, chargée par le parti socialiste d’une mission de médiation au sujet du génocide arménien, se réjouit des propos de Charles Michel.
La députée socialiste estime que les élus d’origine turque devront, à présent, se positionner clairement. Le mot « génocide » doit être entendu dans leur bouche. Ce sera le cas pour Emir Kir. En attendant, elle poursuit son travail de médiation, de rencontres, de débats entre Belgo-turcs et Belgo-arméniens. Quatre questions à Simone Susskind
Jusqu’à présent les élus belges d’origine turque se retranchaient derrière le fait que la Belgique ne reconnaissait pas officiellement le génocide pour se soustraire à toute déclaration ou manifestation publique reconnaissant le génocide. La déclaration de Charles Michel met à néant leur argumentation. Vont-ils devoir, à présent, se positionner clairement et ouvertement ?
« Emir Kir et d’autres élus d’origine turque seront obligés de se positionner. C’est très difficile pour eux parce que leur électorat est majoritairement d’origine turque et ne comprendrait pas qu’ils fassent ce pas là. Ce serait plus facile pour eux si la Turquie reconnaissait le génocide. Il faut savoir que le débat est ouvert en Turquie. Le HDP, qui a réalisé une grande percée lors des dernières élections et qualifié de parti kurde mais qui s’est ouvert à d’autres parties de la population, reconnait le génocide. C’est le cas aussi de quelques chercheurs et historiens turcs de renom ».
Le parti socialiste va-t-il demander à ses élus belgo turcs, dont Emir Kir de se positionner clairement et d’être présent au Parlement lors du débat et du vote sur une nouvelle résolution reconnaissant le génocide ?
« Le parti socialiste dans son ensemble reconnait le génocide. Souvenez-vous qu’en 1998 c’est Philippe Mahoux qui a piloté la résolution prise par le Sénat. Donc, c’est évident que nos élus d’origine turque vont être obligés de se positionner même s’ils vont être confrontés à un choix cornélien et le parti aussi d’ailleurs ».
Le mot génocide doit sortir de leur bouche ?
« Je pense que c’est ce qu’attend notre opinion publique, c’est ce qu’attend le monde politique. Donc je ne sais pas ce qui va se passer, mais ce qui est clair c’est que le parti socialiste dans son unanimité reconnaît le génocide arménien ».
Votre travail de médiation est toujours d’actualité après la déclaration de Charles Michel ?
« Je pense que oui. Je ne sais pas ce qui va se passer avec nos élus mais je suis convaincue qu’il y a un travail très important à faire avec la communauté belgo-turque, avec les enfants et les jeunes. Ils se trouvent confrontés à la fois à leur famille, où on leur dit que ça n’a pas existé, et ensuite à l’école, à des gosses qui leurs disent que leurs parents sont responsables d’un génocide. Je pense qu’il y a un travail pédagogique à faire dans notre pays. En ce sens, la déclaration de Charles Michel et le débat au Parlement sur une nouvelle résolution sont importants parce que cela va permettre d’inscrire l’enseignement du génocide arménien dans le cursus scolaire de nos élèves, avec l’enseignement des autres génocides. C’est quelque chose de fondamental parce qu’on ne peut pas se contenter de regarder ce qui se passe maintenant, mais il faut s’interroger sur ce qui va se passer avec cette nouvelle génération qui grandit dans la communauté belgo-turque et qui ne peut pas comprendre qu’on dise que c’est un génocide alors que l’identité turque est littéralement centrée sur la négation du génocide ».
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