vendredi 10 juillet 2015

Décentralisation et régionalisation au Maroc :

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  Mission impossible  ?

Depuis plus de vingt ans, les autorités marocaines au plus haut niveau, promettent d'entamer un processus visant à décentraliser le fonctionnement de l'Etat.

Une décentralisation destinée selon ces autorités à rapprocher les centres décisionnels du citoyen marocain.

Plusieurs études et projets ont été commandités au privé ou confiés à des commissions royales ou parlementaires ad hoc, installées en grandes pompes, en vue de concrétiser cet objectif et de doter l'état marocain, d'un statut semi fédéral

Un statut qui supposerait le renvoi de compétences socio - économiques, politiques et culturelles vers les villes ou les régions du pays.

Sans aller jusqu'à évoquer dans le cadre de ce statut en éternel élaboration, le transfert vers les régions de compétences régaliennes, de nombreux discours royaux, depuis Hassan II jusqu'au règne du roi Mohamed VI ont insisté sur cette nécessité décentralisatrice et vanté ses mérites

Mais rien n'est venu et rien ne pointe à l'horizon, qui suggérerait que l'état marocain hyper centralisé, serait réellement animé de la volonté maintes fois réitérée - dans les discours du moins- à procéder à cette décentralisation tant politique qu'administrative

Ce discours officiel s'est trouvé davantage ressassé tant le projet d'autonomie interne proposé aux habitants du Sahara marocain (et par extension au Polisario) semblait indiquer la nécessité de ne pas limiter cette décentralisation aux seuls territoires sahraouis mais de l'élargir à l'ensemble des provinces marocaines.

Si le roi Mohamed VI a très largement été à l'écoute des populations Amazigh et notamment celle du Rif, lorsqu'il a accordé à ces populations de larges prérogatives liées surtout à la promotion de la langue et la culture amazigh, sur le plan d'une décentralisation socio économique ou politique, rien n'a encore été mis en route à ce jour.

A ces tergiversations et autres blocages, trois explications

- La première est liée à l'histoire des pays ayant été longtemps placés sous le joug du colonialisme durant la première partie du siècle écoulé

Ces pays sont animés à ce jour et par dessus tout, par le souci majeur d'achever leur unité territoriale, mise à mal par les puissances coloniales et de renforcer leur intégrité géographique  suite à la dislocation dont ils étaient l'objet de la part de ces puissances.

Pour ce qui concerne le Maroc, de nombreux territoires jadis partie intégrante du pays, se trouvent à ce jour, sous domination étrangère, comme c'est le cas du Sahara marocain, de Sebta et Melilla et des îles Jaffarines.

Et partant, la préoccupation première et la priorité essentielle des dirigeants marocains réside dans la l'achèvement de cette intégrité territoriale. 

Pour les états ayant échappé à la colonisation et pour nombre d'entre eux, souffert du trop plein de centralisme étouffant (Pays d'Europe sous les rois et l'Eglise, Union soviétique...), la tendance menant irrémédiablement vers la régionalisation , la fédéralisation et la décentralisation se trouve très avancée et rien ne semble pouvoir l'arrêter comme c'est le cas en l'Espagne, en  Suisse ou dans l'actuelle Russie

- La seconde est liée à la culture de la boulimie du cumul  des leviers  décisionnels que les dirigeants des pays jadis colonisés, n'ont pas réussi à évacuer de leurs comportement centralisateur et contraire à une saine gestion démocratique des affaires de leurs pays.  

Au Maroc, quasi toutes les importations ou les exportations structurelles du pays se doivent de transiter par le port de Casablanca. 

Avec tout ce que cela comporte comme tracasseries administratives et retards dans les livraisons vers les villes et les centres périphériques du pays.

Cette manière de faire se trouve être la résultante de comportements et d'attitudes obéissant à des calculs et à une gestion affairiste qui profite à un système politico - administratif peu enclin à céder ne serait qu'une partie de ses privilèges, via une décentralisation qui le priverait d'avantages qu'il considère comme éternellement acquis.

A ce sujet, un ami à moi, responsable au port de Casablanca dans le département des transferts de marchandises importées, vers les régions périphériques, me disait il n y a guère longtemps, que les retards qu'accusent ces opérations de transfert, ne sont pas dus à des problèmes techniques ou administratifs mais obéissent à un logique vicieuse qui rapporte des primes aux divers acteurs ayant la gestion de ce département dans leurs attributions, pour chaque jour que le bateau importateur, passe au port de la capitale économique du pays.

- La troisième explication est de nature religieuse. Cela peur paraître cocasse mais la réalité de cette dimension qui s'oppose à la décentralisation du Maroc, réside aussi dans cet aspect lié à la place qu'occupe dans l'unité du pays, l'institution religieuse 

Cette institution peut craindre, même si elle a la volonté de procéder théoriquement à cette réforme majeure qu'est la décentralisation du pays, pour son pouvoir et son autorité qui ne peuvent être qu'hégémoniques et peu enclins à la cession de compétences  qu'elle détient.

       



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