jeudi 9 juillet 2015

Débats :

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Pourquoi les pouvoirs arabes qui s’instituent comme islamiques ne pourront pas gagner la bataille contre les islamistes

laicité-tunisie.
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Par Khalil Zeguendi
Parce qu’en Islam, chacun est libre de son interprétation des textes fondateurs de cette religion
Si les terroristes de Daech et d’Al Qaeda sont furieux contre l’orientation sociétale et politique prise par l’Etat tunisien, c’est parce qu’en optant pour la séparation entre les sphères du cultuel, qui relève du privé et du domestique individuel et celle du public qui constitue l’espace civil commun à tous, les démocrates tunisiens, qui ont conçu et promulgué la constitution d’après Ben Ali, ont enlevé à ces terroristes, toutes les raisons de surenchérir, sur le plan de l’interprétation des textes coraniques et ceux émargeant à la Sunna.
En conséquence, l’évacuation du recours à l’exégète et  l’effort d’interprétation des textes religieux qui aboutissent dans la majeure partie des pays arabo musulmans à cette surenchère entre l’Etat et les groupes salafistes,  a libéré le champ de la réflexion et de la pratique politiques de l’état et du peuple tunisiens


Ce peuple et ses forces démocratiques ont décidé d’opter pour le recours à l’intelligence des femmes et des hommes  pour asseoir les bases du contrat social qui détermine les rapports entre les diverses composantes de la société tunisienne.
Partant de cette option et de ces choix qui semblent aujourd’hui irréversibles et aucunement sujets à remise en cause, les démocrates tunisiens qui représentent la majorité du peuple tunisien, (islamistes comme laïcs ou progressistes) ont barré la route devant toutes velléités d’aborder le débat relatif à la conduite des affaires civiles du pays, par l’entrée religieuse.
Les islamistes légalistes tunisiens d’Annahda ont probablement compris que leur existence de même que leur implication dans l’espace public et politique se trouvent être garanties par cette option qui s’inspire largement des fondements de  la laïcité régissant les rapports au sein des sociétés européennes.
Au Maroc, Imarat Al Mouminine a fait un choix différent: celui de s’instituer comme seule source de promulgation des textes légaux se rapportant à l’éthique islamique. 
Cette option arrêtée et décrétée à tous par l’Etat marocain n’est pas du goût de tous les groupes islamistes, même ceux que la monarchie pense avoir domestiqués, à l’instar du PJD.
Les récentes polémiques liées à des sujets relevant de l’éthique et des "bonnes meours" islamiques au Maroc, n’ont pas réussi à cacher ou à évacuer les divergences profondes qui opposent la Commanderie des Croyants à son allié islamiste du gouvernement marocain.
Que ce fut sur l’homosexualité, le droit des femmes à s’habiller comme bon leur semble, la production culturelle, le rôle des médias ou au sujet du mariage des mineures…le fossé entre les islamistes du PJD, débordés sur leur droite par les barbus de tous poils, et l’Etat marocain, à ce jour identifié chez le Marocain lambda par la monarchie, ne cesse de s’approfondir
Le PJD qui a commencé par lancer certains ballons d’essais au début de l’actuelle législature, semble aujourd’hui, face à ce qu’il considère comme une timidité du palais, s’enhardir et n’hésite pas à prendre une partie du bras après avoir mangé les doigts de la main
L’influence du grand pourvoyeur de fonds saoudien n’est pas sans lorgner vers ce qui se déroule actuellement au Maroc
L’état marocain quant à lui, pourra tenter lorsque la situation semblera lui échapper, user de moyens relevant du sécuritaire, pour juguler les tendances violentes de certains de ces groupes et d’encadrer l’expression et l’action de leaders islamistes par la récupération et la « clémence » envers  « brebis égarées ».
Sauf que ce petit jeu qui s’apparente à celui du chat et de la souris, peut ne pas produire à long terme, les résultats escomptés par l’état, à savoir l’annihilation totale chez ces groupes et ces individus, de toutes velléités de retour aux sources de la violence, dès l’opportunité se faisant jour.
Le choix de la jeune démocratie tunisienne est celui qui devrait constituer l’inspiration des états arabo musulmans.
Car, quand bien même les terroristes et autres barbares seraient déterminés à briser cet élan de liberté, ils trouveront sur leur chemin, ce peuple qui a commencé à goûter aux bienfaits de sa participation à l’élaboration de l’avenir de son  pays.

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