lundi 19 avril 2021

EN HOMMAGE A AHMED EL KARROUTI QUI NOUS A QUITTÉS CE 20 AVRIL 2021:

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 Le Maroc officiel n'a jamais contribué, ni de près ni de loin
à la reconnaissance des soldats marocains morts en mai 1940 à Gembloux



Ahmed El Karrouti ou le combat de toute une vie







Vers le milieu des années 1980 du siècle dernier, Rachida Attar, alors étudiante à l'ULB, avait été informée par son professeur, Anne Morelli, de l'existence près de Gembloux, d'un cimetière abritant des tombes de soldats marocains de l'armée française, tombés en 1940 lors de la bataille dite de Gembloux.

Son défunt père, Si Mohamed, alors très actif au sein du vivier associatif marocain de Belgique informa quelques uns de ses amis de l'existence de ce cimetière, leur disant que sa fille avait consacré son mémoire de fin d'études, à cet événement historique de la seconde guerre mondiale.

Il n'en fallait pas plus pour qu'une poignée de Marocains de Belgique, entourant monsieur Attar, ( je citerai de mêmoire Mohamed Zennoune, Abdeslam Kaouas, Hamid Oukassi ...) prennent la direction du cimetière de Chastre pour s'enquérir de visu de l'existence de ce cimetière où reposent plus d'un millier de soldats marocains de l'armée française.

Cette découverte par ce groupe d'amis alla donner lieu à la naissance de nombreux mythes et autres mouvements de foules marocaines, en lien avec le cimetière de Chastre

Une figure folklorique : Ahmed El Karrouti  

Bien que n'ayant pas été parmi ceux des marocains qui avaient fait les premières visites à ce cimetière, après sa "découverte" par Rachida Attar, le travailleur immigré originaire du Maroc Ahmed El Karrouti s'investira corps et âme, depuis le début des années 1990,  pour contribuer à "instituer" en quelque sorte, un pèlerinage annuel à ce cimetière.

Ces pèlerinages de commémoration s'étaient toujours fait à l'initiative de l'armée française, propriétaire des lieux et dont des milliers de soldats se trouvent encore à ce jour et depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ensevelis.

Les deux ou trois premières participations des Marocains de Belgique n'avaient réuni qu'une dizaine de personnes, parmi lesquels aucune trace d'Ahmed Karrouti.

Ce ne sera que quelques années après, qu'informé de ces visites de Marocains au cimetière de Chastre, celui qui allait  devenir le principal organisateur de la participation marocaine à ce lieu, prit en main la mobilisation du tissu associatif marocain de Belgique, dans le cadre de ces visites.

Peu instruit et loin de saisir les tenants et les aboutissants de cette commémoration dont le monopole et la responsabilité revenaient à la seule armée française, El Karrouti tentera tant et plus d'imposer le drapeau marocain lors des cérémonies entourant cet événement..

Il en sera systématiquement et en permanence éconduit par les organisateurs français

Les officiels marocains ne voulaient rien entendre

Il s'adressera alors aux officiels marocains en poste à Bruxelles, pour plaider "sa cause"...

Ceux ci le prendront pour un illuminé et se contenteront des années durant, de lui refiler quelques sous pour imprimer ses affiches invitant dans les mosquées et les cafés marocains, ceux d'entre ces derniers qu'il pensait pouvoir mobiliser.

El Karrouti ne déposera pour ainsi dire jamais les armes et continuera à donner le meilleur de lui même pour mobiliser ses compatriotes dans le cadre de ce pèlerinage.

Mais seuls les associatifs, en grande partie anciens membres des Amicales marocaines, feront partie de la centaine de Marocains qui rallièrent chaque année le cimetière de Chastre.

Le rejet d'El Karrouti par les officiers français et par les officiels marocains 

Considérant que cette affaire est purement française et que les soldats originaires du Maroc avaient combattu sous bannière hexagonale, les ambassadeurs successifs du royaume du Maroc en Belgique maintiendront leur position quant au brossage de cette manifestation 

Dans ces entre-faits, celui qui fit de "sa" bataille pour la reconnaissance des sacrifices "marocains" lors de la bataille de Gembloux, une affaire de quasi vie et mort, créera une association qu'il présidera comme de bien entendu et qui fut dédiée aux anciens combattants marocains de la bataille Gembloutiste.

Bien plus tard, l'horizon s'éclaircira devant El Karrouti avec l'arrivée au ministère de la défense du PS André Flahaut.

Sa première participation aux commémorations de la bataille de Gembloux le mettra au contact des quelques dizaines de Marocains présents à Chastre, sous la conduite de Ahmed El Karrouti.

Celui ci jouera à la provocation et forcera le barrage militaire qui barrait le chemin menant à l'emplacement des drapeaux auquel seuls les officiers et les officiels pouvaient accéder.

Il en fut chassé par le service d'ordre de manière peu avenante  et je dirais même humiliante.

A cette occasion, le boycott officiel marocain de cette cérémonie demeurait l'attitude officielle du royaume chérifien...Nous sommes au milieu des années 2000. 

Outré par cette attitude, le ministre belge de la défense, André Flahaut, prit fait et cause pour les Marocains présents à Chastre mais maintenus à distance " respectable " par les services d'ordre de l'armée française.

Sa rencontre avec El Karrouti devant le portail du cimetière le poussera à défendre la présence de la bannière marocaine lors de ce pèlerinage.

Ce qui sera obtenu l'année qui suivra....

A la suite de cette "victoire" marocaine sur l'entêtement et un certain mépris de l'armée française, El Karrouti aura sa place chaque année sur le devant de la scène lors de cette commémoration, aux cotés des officiels ...

Les honteuses récupérations politiques et khoubzistes du souvenir de Chastre

Hassan El Bouharrouti, journaliste et cinéaste, qui officiait en Belgique pour le compte de la chaîne marocaine 2M fut de toutes les présences marocaines à ce pèlerinage.

Ses reportages diffusés tant au Maroc qu'en Europe par la seconde chaîne marocaine, contribueront très largement à éveiller l'intérêt de l'état marocain, qui quelques années auparavant ignorait l'existence même de ce cimetière et le déroulement de la bataille de Gembloux



 


Diffusés en Belgique, les programmes de 2 M éveilleront assez vite les appétits des élus et autres candidats politiques "marocains" de Belgique.

http://bruxellois-surement.blogspot.be/2014/05/oiseaux-predateurs-et-vautours-en-tous.html

Ce fut ainsi que d'année en année, et surtout lors des rendez vous électoraux, des dizaines de candidats prendront, toutes affaires cessantes, le chemin de Chastre pour " commémorer" le sacrifice des Marocains morts en 1940.

Les plus opportunistes furent Fatiha Saidi, Jamal Ikazbane, Sfia Bourafa et surtout Fadila Laanan

Petit à petit, la présence officielle marocaine et celle de très nombreux politiciens khoubzistes escamotera le rôle joué par le vaillant El Karrouti sur la voie de la reconnaissance de ces sacrifices.

http://bruxellois-surement.blogspot.be/2010/06/le-recuperateur-general-jamal.html

Un certain Jamal Ikazbane utilisera les deniers de son échevinat et profitera de sa position politique pour marginaliser El Karrouti et ses amis, dans le cadre de l'organisation de cette commémoration

http://bruxellois-surement.blogspot.be/2013/05/rubrique-pris-la-main-dans-le-sac-du.html

Les élus khoubzistes mobiliseront les moyens de leurs cabinets ou de leurs secrétariats pour "voler", comme Fouad Ahidar, la vedette à ceux des Marocains, qui avaient déterré ce souvenir et hissé le drapeau marocain à Chastre.

Lorsque j'ai assisté en 2014 (année électorale) à cette commémoration et vu Ahmed El Karrouti, tenu à distance des rangs officiels, j'ai eu un pincement au coeur de voir ses yeux humides ...

Les charognards sont passés par Gembloux 


http://bruxellois-surement.blogspot.be/2014/05/ikazbane-etait-absent-de-gembloux.html




 
 
Les Français n'avaient pas tort de considérer tous les soldats qui se sont battus sous leur bannière, l'ont fait en tant que soldats de la France.
 
Car l'état français n'avait ni durant la première guerre mondiale ni pendant le second conflit demandé à qui que soit au Maroc, encore moins à des sultans et des rois placés sous la tutelle du protectorat, d'autoriser des  volontaires ou des recrues par la contrainte, de se joindre à l'effort de guerre français.
 
 
 
 
 
   


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Le Maroc ne fut jamais autant isolé...