vendredi 30 septembre 2016

Partie 3: Associations marocaines de la première génération....

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Oubari Ahmed, précurseur de la lutte contre l'analphabétisme au sein des Marocains de la première génération 

1- La C.M.O.L.C.A
Commission marocaine de lutte contre l'analphabétisme

Ancêtre de "Lire et Écrire"


Avec des militants de l’UNFP - Union nationale des Forces populaires (1)- et grâce au soutien de Pierre Legrève, Oubari va fonder en 1966, la première association marocaine de lutte contre l’analphabétisme, à savoir la CMOLCA ou « Commission marocaine d’orientation et de lutte contre l’analphabétisme » 

Il reçut pour ce faire, l’appui  de René De Schutter, alors secrétaire général de la régionale de Bruxelles de la FGTB et de Guy Cudell, bourgmestre de la petite commune de Saint Josse ten Noode. 

D’emblée, le maïeur de cette entité du nord bruxellois offrit à la jeune association, des locaux situés à proximité de la gare du nord, dans un immeuble faisant le coin de la rue Saint François et de la rue de la Poste (là où se situent les locaux du MRAX - Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie -  aujourd'hui...)

L’objectif des cadres marocains( exilés politiques et étudiants ) ayant fondé la CMOLCA était double : --répondre à un besoin criant en matière de lutte contre l’analphabétisme très répandu au sein de la communauté des immigrés de la première génération et sensibiliser les plus politisés d’entre eux, à une implication militante au sein de la section belge de l’UNFP. 

Très lié à Ahmed Oubari, l’intellectuel Houssine El Manouzi, lui-même travailleur marocain en Belgique, devint l’un des membres les plus actifs au sein de la CMOLCA 

Pour intéresser les travailleurs marocains à la fréquentation des cours d’alphabétisation dispensés par cette association, El Manouzi (2), qui sera en 1972, enlevé à Tunis par la police politique de Bourguiba et probablement remis aux services secrets marocains, abattait un travail inestimable, en s’appuyant sur les canaux qu’il avait réussi à créer  au sein de la communauté des travailleurs marocains de Belgique.

En 1968, et face à l’augmentation continuelle du nombre de Marocains fréquentant les cours de la CMOLCA, les initiateurs du projet sollicitèrent des dirigeants de la régionale bruxelloise de la FGTB, la fourniture de locaux plus vastes

Leur souhait fût exaucé et les cours eurent désormais lieu à Saint Gilles, dans un grand immeuble situé rue de Suède, voisine de la gare du Midi

Fin 1960, Ahmed Oubari, cheville ouvrière de l’initiative, partit en voyage à l’étranger durant sa période de congé annuelle.

On saura plus tard, qu'Ahmed Oubari avait rallié la Lybie où le résistant et opposant marocain Fqih Basri avait pris ses quartiers pour tenter d'organiser une insurrection contre la monarchie marocaine. 

Son absence se prolongea bien au-delà de la durée des vacances autorisées par son employeur syndical, ce qui posa à René De Schutter un sérieux problème de fonctionnement au sein de la permanence de la gestion du chômage, qu’Ahmed Oubari assurait avec dévouement et professionnalisme.

Ahmed Oubari, tout en se démenant en Belgique pour développer les activités liées aux ateliers de lutte contre l’analphabétisme,  occupait une fonction de responsabilité au sein des « Tandim », organisation secrète hostile au régime monarchique marocain, que l’opposant marocain Mohamed Basri avait structurée  à partir de son exil lybien.


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2- L'alliance entre Ahmed Oubari et Noury Lekbir, permanent syndical à la CSC 

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Noury Lekbir en visite chez Saddam Hussein


Noury Lekbir, qui deviendra le premier permanent marocain de la CSC, publiait, un bulletin mensuel en langue arabe «Al Amil Al Arabi» (Le travailleur Arabe), dans les pages duquel, il traitait des problèmes auxquels étaient confrontés les immigrés marocains au sein des entreprises belges qui les employaient.

Maîtrisant difficilement l’écriture arabe, encore davantage le français, Noury se mit à la recherche de militants marocains, susceptibles de l’aider à combler cette lacune. 


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Noury Lekbir, le permanent syndical CSC avec Mouammar Khaddafi


En 1967, Il fut orienté vers le groupe des militants de l’UNFP, qui animaient la CMOLCA à Bruxelles, dont El Manouzi Houcine et Oubari Ahmed constituaient le noyau de base. 

Une collaboration s’installa entre les deux parties dans le cadre de la publication du Travailleur Arabe.

Dès l'entame de leurs collaboration à la rédaction du "Travailleur arabe", les militants formant le noyau de la section de l’UNFP en Belgique, décidèrent alors d’imprimer à la revue, une orientation conforme à leurs idées et à la ligne de leur parti. 

Revêtant à l'origine un caractère syndical et revendicatif, les articles du Travailleur arabe  ne tardèrent pas à dénoncer la répression au Maroc et le caractère dictatorial  du régime monarchique.

 Absorbé par ses nombreuses activités syndicales et par ses déplacements en province pour le compte de la CSC,  Noury Lekbir se déchargea progressivement sur les militants de l’UNFP, pour ce qui se rapportait à la publication de la revue mensuelle.  

En 1969 Noury informa les membres du noyau de la section UNFP- Belgique, de l’accord qu'il a obtenu des instances syndicales, en vue de créer une section arabe de cette centrale et leur proposa d’y adhérer. 

Bien que largement majoritaires au sein cette section, les amis marocains de Noury Lekbir imprimèrent dès le départ à cette entité, un caractère arabe, afin, disaient ils, de permettre l’intégration en son sein, des minorités tunisienne et algérienne.

La réalité était tout autre, puisque les militants de la section belge de l’UNFP, dont certains entretenaient des liens étroits avec l’opposant Mohamed Basri établi en Lybie,  aspiraient à partir de cette section,  nouer des liens avec des syndicalistes et des dirigeants du camp nationaliste arabe.

Ces liens et relations furent développés avec les syndicats syriens, irakiens et algériens, dépendant directement des dirigeants despotiques de ces pays 

Ahmed Oubari et ses amis convainquirent Noury Lekbir, désormais patron de la section arabe de la CSC et porte parole de cette instance auprès de la direction nationale de la Centrale chrétienne, d’adhérer à cette option arabo nationaliste. 

Doué d’un flair aiguisé pour les bonnes opportunités, ce syndicaliste autoritaire, autodidacte et peu instruit, profita des visites qu’effectuait Fqih Basri à ses amis de l’UNFP résidant en Belgique,  pour nouer de solides relations avec l’ancien dirigeant de la résistance marocaine anti française 

Il mit à profit ces contacts pour établir des liens privilégiés avec Abderrahmane El Youssoufi (3), autre dirigeant marocain de l’UNFP, condamné deux fois à la peine capitale et résidant à cette époque, à Paris.

Il ne fut pas difficile à Noury de nouer de telles relations avec les dirigeants marocains en exil, en mettant ces derniers en présence des dirigeants au plus haut niveau de la CSC .

 Montrant ainsi à ses interlocuteurs - Mohammed Basri en particulier -, toute l’étendue de la place qu’il occupait  au sein de cette centrale syndicale.

Ainsi, les cadres belges de l’UNFP, qui avaient permis la rencontre entre Basri et Noury, se virent dépossédés au profit de ce dernier, de la primauté des liens qu’ils entretenaient avec leurs leaders en exil

Ses relations privilégiées avec Basri, permirent à Noury Lekbir, de marginaliser ainsi les militants de l’UNFP, regroupés au sein de la section arabe de la CSC. 

Désormais, Noury traitera d’égal à égal avec le patron du Tandim (4), cette organisation para militaire, soutenue par Qaddafi et dont l’objectif consistait à organiser la révolution armée au Maroc

Suite à ses premières rencontres avec Noury Lekbir, le patron du Tandim, déclarera à certains de ses collaborateurs, résidant en Belgique, avoir été subjugué par la très forte personnalité du syndicaliste marocain, et par la grande liberté dont jouissait ce permanent arabe, au sein des instances de cette centrale.

Lors de sa présentation de Basri aux instances de la CSC, Noury ne pipa mot des penchants insurrectionnels de ce dernier, encore moins des projets putschistes de ce dirigeant proche de Moammar Qaddafi, 


Plus tard, de nombreux dirigeants de ce syndicat, suivront Noury lors de ses déplacements en Lybie et finiront par partager les repas du dictateur  khaddafi sous sa tente bédouine. 

Ces dérapages feront l’objet de nombreuses critiques émanant des médias belges et de nombre d'hommes politiques du plat pays






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(1): Union nationale des Forces populaires est un aprti politique né d'une dissidence au sein de l'Istiqlal en 1959

..Les cadres de gauche de ce parti, soucieux de doter le Maroc d'une monarchie constitutionnelle où le roi régnerait sans gouverner, quittèrent avec le soutien des dirigeants syndicaux de l'UMT (Unions marocaine du Travail), le parti de l'Istiqlal, dirigé d'une main de fer par le leader salafiste Allal EL FASSI

(2): Houcine El Manouzi fut un militant marocain, membre de l'UNFP, qui s'exila en 1965, an compagnie de tous les dirigeants de ce parti suite aux divers procès politiques intentés par le régime marocain et la vague de répression qui fut déclenchée dès l'année 1963.

  (3): Abderrahman El Youssouf est l'un des fondateurs de l'UNFP en 1959.

Il fut recherché des 1963 par la police politique marocaine et condamné lors du procès de 1963. Il se réfugia en Algérie d'où il prit fait et cause pour ce pays dans le conflit qui l'opposa au Maroc au sujet des zones frontalières de Tindouf, de Hassi Bayda et Colomb Béchar.
Il rentrera plus tard au Maroc après un long exil et finira en 1996, par répondre positivement au défunt Hassan II qui lui demanda de former un gouvernement de transition vers la démocratie.


Noury lors de ses visites chez les dictateurs arabes

(4):  Le Tandim (Organisation en arabe) est une structure à vocation para militaire que Fqih Basri avait à partir de son exil lybien mis sur pied, dans le but de déclencher des insurrections au Maroc, en vue de renverser par les armes, le régime monarchique. Comme nous le verrons plus tard, nombre de jeunes venant d'Europe, dont de Belgique, furent enrôlés dans cette structure
  

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