vendredi 18 août 2017

ZBIBA LA TANGEROISE (Long extrait du livre)

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dernier extrait avant parution du roman "ZBIBA"

A paraître à la Toussaint 2017

La Plaza de toros de Tanger (arènes)

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1945 et 1947: Lekbir investit et place

Les troupes espagnoles tenaient d’une main de fer, l’ensemble du nord du Maroc. Surtout depuis la reddition, en 1926, des troupes de l’Emir du Rif Ben Abdelkrim El Khattabi.

En 1945, conseillé par un riche commerçant de Tetouan, Lekbir avait placé l’essentiel des bénéfices, procurés par ses affaires, dans des acquisitions de terrains autour et alentours de Rgayaa.

Et 1947, sur le conseil du même homme, il décida de confier les gains, dégagés par l’intense activité déployée, à un riche homme d’affaires pakistanais, propriétaire d’une banque d’affaires à Tanger.

Pour chaque dépôt, Lekbir recevait des mains de son banquier, une attestation authentifiée.

L’asiatique disposait d’un statut agrée par les autorités, tant celles du protectorat que celles de l’indigénat marocain. Ces dernières étaient représentées par le Mendoub,  nommé par le sultan et agréé par le résident général 

 Le délégué du Sultan devait gérer les affaires des seuls indigènes, pendant que l’état major espagnol et français détenaient les principaux pouvoirs, engageant l’avenir du pays.

La renommée, le sérieux et la respectabilité dont jouissait ce banquier et hommes d'affaires, que tous appelaient Karachi, avaient dépassé les frontières de la ville du détroit, sous statut international

Nombreux en effet, étaient les hommes d’affaires, les financiers et les commerçants de Tanger, ayant pignon sur rue, qui avaient accordé leur entière confiance à Karachi, en confiant leur argent au quinquagénaire asiatique. 

Un homme très cultivé, élégant et plein de prévenances.

Propriétaires de nombreuses limousines américaines - une Plymouth, 2 Studebacker, une Chevrolet, et une Dodge – son parc automobile rajoutait à sa crédibilité et à la puissance de ses affaires.

Lorsque Lekbir fit sa première entrée dans l’immense bureau de Karachi, situé rue de la Liberté, en face du prestigieux hôtel Al Minzah, le financier, rebuté par l'odeur dégagée par son visiteur, demanda d’emblée, mais de manière discrète, à l’une de ses secrétaires, de répandre dans le vaste espace de travail, une forte dose de spray parfumé.

L’ancien ânier n’y vit que du feu et racontera plus tard à des amis, qu’il fut reçu avec énormément d’égards, par son banquier, qui en son honneur, avait inondé le bureau, de parfums de différents arômes.

En 1950, au marché de Zinate, le plus imposant de tous les souqs de la région, Lekbir construisit une grande baraque en bois, qu’il couvrit d’une toiture métallique. Il y installa un café. 

Le seul de ce très grand marché hebdomadaire.

Il en confia la gestion à l’un des deux ex-répétiteurs coraniques, désormais attachés en permanence à son service.

L’affaire s’avérera particulièrement rentable et drainera, dès l’ouverture de l’établissement, de substantiels bénéfices.

Le jour du marché et dès le premier chant du coq, café, thé et limonades «con ou sin gas» , étaient servis, à un rythme ininterrompu, aux centaines de paysans, venus écouler leurs denrées agricoles et acquérir les produits provenant de la ville.

Les trois garçons serveurs et les deux cafetiers, n’étaient pas de trop, pour faire face aux commandes d’une clientèle, nombreuse et disposant de peu de temps.


1951    : Quand Lekbir prépare sa vengeance

Les années passèrent. Devenu riche, impitoyable notable et homme d’affaires intransigeant, Lekbir, de retour chez lui après avoir festoyé et bu plus que de raison, à la caserne de Rgayaa, le 31 décembre 1950, fut pris par un désir irrépressible, de se venger de ceux qui l’avaient humilié, du temps où il était simple ânier, taillable et corvéable à merci.

Cette nuit là, l’idée d’exercer des représailles à l’encontre de ses anciens ennemis, ne le quitta guère. Cette idée était devenue, pour ainsi dire, une obsession.

Mais pris dans le tourbillon de ses nombreuses occupations et soucieux de mener à bien et personnellement ses affaires, il ne trouvait pas le temps nécessaire, pour fomenter les plans de cette vengeance.

Cette nuit là, il ne comprenait pas pourquoi le sommeil avait décidé de le déserter.

Jusqu’à 5 heures du matin, étendu sur son lit, l’homme de main des militaires espagnols, déjà ivre, vida trois bouteilles de Tinto, ce pinard espagnol de basse classe, que seuls les ivrognes consommaient à l’époque.

Et bien qu’assis désormais sur une plantureuse fortune provenant de trafics en tous genres, auxquels il consacrait le plus clair de son temps et de son énergie, Lekbir demeurait un type médiocre et d’apparence plus que banale.

A force de porter des jours et des semaines les mêmes habits, le fournisseur des militaires de Rgayaa, dégageait en permanence, une odeur de transpiration, à la limite du supportable.

Il ne se lavait à grandes eaux que très rarement, se contentant d’un nettoyage sommaire et superficiel des parties visibles de son corps.

Les soldats espagnols lui reprochaient souvent cette attitude, indigne d’un grand commerçant et le trouvaient franchement rebutant.

Et ils ne se gênaient pas de le lui dire en face.

De ces remontrances, Lekbir n’en avait cure. Sale il voulait être, répugnant il demeurait 

Ses nombreux collaborateurs s’abstenaient de faire allusion en sa présence, à ce comportement, mais éprouvaient un plaisir des plus malins, à en parler entre eux.

Son éternelle jellaba en laine brune foncée, lui arrivait à peine en dessous des genoux, laissant apparaître un saroual  arabe ample et perpétuellement froissé.

Aux pieds, Lekbir portait des babouches rouges, sur lesquelles le temps avait laissé ses marques. 

Une callosité, de plus en plus épaisse, couvrait la plante de ses pieds, à la peau lézardée.

Il ne manquait pas, hypocritement, de se plaindre à des fournisseurs ou à des clients, du peu de temps lui restant, pour s’occuper de son physique et de son apparence.

Certains d’entre eux n’hésitant pas à le sermonner pour sa négligence.

Lekbir passait tout son temps à sceller telle ou telle affaire, marchandant, négociant ou poursuivant des débiteurs récalcitrants.

Ses activités, particulièrement exigeantes en temps et en énergie, lui laissaient peu de temps pour reprendre son souffle, encore moins pour s’occuper de son apparence physique.

Quelques semaines après l’inauguration de son débit de boisson de Sebt Zinate, Lekbir fut taraudé par un désir irrépressible de se venger de tous ceux, qui l’avaient jadis, rabaissé au rang de sous-homme.

Le premier de la liste n’était autre que son ancien employeur. 

Celui là même qui, pour sanctionner les écarts sexuels, par trop ostentatoires commis sur les ânesses, du jeune ânier, le livrait à des bergers, pour des séances de viol collectif traumatisantes.

Lekbir n’avait jamais oublié les tortures ainsi subies et il en gardait encore, physiquement et psychiquement, les séquelles.

Devant l’enrichissement du proxénète des militaires de Rgayaa et sa puissance de plus en plus accrue, Hadj Kaddour avait opté à son égard, pour une posture très conciliante.

Les terrains de son ancien patron ainsi que les bêtes, avaient été cédés au collaborateur et fournisseur des soldats espagnols, à des prix sacrifiés.

Un matin de janvier 1951, juste après la prière de l’aube, à laquelle participait hadj Kaddour comme à son habitude, Lekbir l’aborda au détour d’un petit sentier, menant vers la mosquée du village.

Sans perdre de temps, Lekbir s’adressa à son ancien employeur  sur un ton plein d’amertume et de colère :

-"Tu crois que j’ai oublié, Hadj Kaddour, les sévices que toi et tes bergers, m’avez infligés des années durant    ?"

Ajoutant, en élevant la voix    :

-"Ces choses horribles ne s’oublient jamais    !…tu entends    ?…jamais    !...J’en suis encore à faire des cauchemars durant mes nuits…Toi non plus, tu n’as pas oublié tes ricanements sadiques pendant que tes hommes me violaient".

Surpris à l’extrême par ces paroles emplies de réprimandes et de haine, Hadj Kaddour se mit à chercher des mots pour tenter de répondre, mais sa langue se paralysa.

Prenant de l’assurance, Lekbir asséna sur un ton haineux et colérique    :

 -"Tu vas payer tout le mal que tu m’as infligé. Et pas que toi    ! Tous ces misérables, ces vers de terre, ces faux musulmans qui m’ont fait souffrir … Je vais vous écraser, comme on écrase la vermine malfaisante"

D’une voix à peine audible mais visiblement pleine de remords, Hadj Kaddour, se décida péniblement à réagir.

-"Mon fils"    ! balbutia t il 

Et avant de poursuivre, Lekbir lui rétorqua, sur un ton menaçant    :

-"Moi, ton fils    ? Tu oses me qualifier de fils    ?…As-tu déjà vu un père jouir du viol de son fils…    ? Tu es un lâche et indigne d’être un Hadj . Impossible qu’un visiteur des lieux saints de l’islam, ayant fait sept tours de la Kaaba  et prié dans la mosquée du prophète Mohammad, puisse commettre ce que tu as osé commettre comme sacrilèges et pêchés. Tu sais très bien que violer une personne de sexe masculin fait trembler le trône du divin    ?"

Voyant que Kaddour cherchait péniblement à placer un mot, Lekbir leva une main menaçante, comme pour asséner un coup de poing à son interlocuteur, défait et abattu….Mais il se retint.

""Assez"    ! dit Lekbir à haute voix, "tu ne diras plus rien. Demain je viendrai te voir chez toi en présence de ta femme et de tes filles. Surtout, sois chez toi après la prière du soir…Sois là, sinon tu le regretteras toute ta vie."

Totalement abasourdi et ne sachant que faire, pour échapper à son destin, Hadj Kaddour se mit à pleurer et faillit s’affaisser, n’était ce la proximité d’un eucalyptus l’ayant soutenu et empêché sa chute.

La journée fut des plus maussades. Un méchant vent d’est, annonciateur de probables précipitations, mit tous les paysans de la région sur leurs gardes.

Sitôt rentré chez lui au lever du jour, Hadj Kaddour s’enferma dans la pièce lui servant de chambre conjugale.

Les pensées se bousculaient dans sa tête, de la plus saugrenue à la plus sensée, sans qu’il pût opter pour la résolution à prendre. 

Partir, quitter ce village, figurait parmi les idées qui lui semblaient les plus logiques.

Sauf que pour ce faire, le temps lui manquait horriblement. 

Une fuite devait être préparée. Il renonça à l’idée dès lors qu’il mesura les difficultés matérielles et pratiques, se dressant devant ce projet.

 D’autant qu’il n’était pas homme à abandonner femme et enfants, à la merci de celui qui s’était juré sa perte.

Le suicide l’effleura un moment. Mais pieux et croyant en Dieu, il dut renoncer à commettre ce pêché impardonnable.

Vers 14 heures, après l’heure de la seconde prière de la journée, Aïcha, ne voyant point son mari ressortir de la chambre pour le repas de la mi-journée, toqua à la porte de la pièce.

Aucune réponse ne vint la rassurer.

Inquiète, elle toqua à nouveau, mais plus fortement. Hadj Kaddour finit par réagir.

-"C’est qui  "  ?

-"Ouvre, fils de mon oncle, c’est moi Aïcha    !"

D’une voix tremblante, Hadj Kaddour répondit    :

-"Je ne veux voir personne. Personne    ! tu entends    ?"

-"Par hasard, serais-tu malade, fils de mon oncle? osa Aïcha.

Hadj Kaddour ne répondit point.

-"Ouvre-moi, fils de mon oncle , pour l’amour de Sidna Mohammad, je veux juste me rassurer sur ton état  "  !! dit Aïcha

Un long silence s’installa…Et après de longues minutes, la clé tourna dans la serrure…Aïcha en profita pour pousser la porte, la séparant de son mari.

Hadj Kaddour était assis à même le sol, tenant sa tête entre ses mains, comme pour éviter le regard de son épouse.

Affolée, la brave fille de l’oncle de Hadj Kaddour, s’écria    :

-"Mon Dieu, mon Dieu    ! Tu n’es pas souffrant au moins, fils de mon oncle  "  ?

Elle s’assit en face de son homme et tenta doucement de lui ôter les mains qui occultaient son visage.

Hadj Kaddour résista un court moment à l’effort déployé ainsi par sa femme et aux sollicitations de celle-ci, l'implorait de la regarder. 

Puis, poussant de bruyants sanglots, il appuya sa tête contre l’épaule droite d’Aïcha.

-"Allah patiente, mais n’omet jamais !! dit Hadj Kadour. 
-"Pour moi, l’heure de payer mes mauvaises actions et mes pêchés a sonné"

-"Fils de mon oncle, que dis-tu là    ? je ne comprends guère   " !

Elle passa sa main sur le front de son mari pour s’assurer qu’il ne traversait pas une période fiévreuse. Hadj Kaddour se mit alors à pleurer pour de bon, répétant:

-"Dieu, Seigneur Dieu ! Que dois-je faire ? Que dois-je faire " ?

Saisi par un semblant de délire, il finit par se coucher à terre, le visage contre le sol, comme s’il cherchait à échapper à tout ce qui l’entourait.

Ni Aïcha, encore moins Kaddour ne s’étaient aperçus de la présence dans la pièce, de leur fille aînée, Rahma.

Portant ses deux enfants, celui de 3 ans dans ses bras et le nouveau-né, attaché à l’indienne à son dos, Rahma, attirée par les étranges bruits provenant de la chambre de ses parents, s’était arrêtée au seuil de la pièce.

Agée de 21 ans, Rahma logeait chez ses parents depuis que Bachir, son mari, avait pris l’option de la répudier et de la renvoyer au foyer paternel.

Et comme un malheur n’arrive que rarement seul, Zoubida, de 4 ans plus jeune que Rahma, venait, encombrée d’un bébé de quelques mois, de regagner la maison de ses parents.

L’incarcération de son mari, un jeune paysan de Lekhreb, impliqué dans un meurtre commis en bande au souk de Lekhmis de Bni Arrouss, l’avait obligée à se replier vers le patelin de Rgayaa.

Nombreuses étaient ainsi les bouches à nourrir chez Hadj Kaddour, qui n’arrêtait pas de puiser dans ses réserves financières, provenant de la vente de tout ce qu’il avait possédé.

Sans en avoir la certitude, Rahma se doutait des raisons ayant conduit son père à sombrer dans une telle déprime.

Elle n’avait jamais voulu en parler à ses parents, mais elle savait que Lekbir ruminait sa vengeance.

De fait, rencontrée par Rahma, quelques semaines plus tôt à Tetouan, Louazna, grande amie de la fille aînée de Hadj Kaddour et maîtresse de Lekbir, avait averti la jeune veuve répudiée:

-"Méfiez vous, ma chère sœur, Lekbir est de plus en plus décidé à se venger de ton père. Cela devient une obsession chez lui", lui avait confié Louazna

Debout dans la pièce occupée par ses parents, Rahma ressentit un profond malaise.

Elle se sentait très coupable d’avoir caché à sa mère, cette importante information relative aux intentions de Lekbir.

Les pleurs du bébé porté au dos de Rhama, attirèrent l’attention des deux parents.

Tout en continuant à sangloter, Hadj Kaddour se mit à parler sans se soucier de la présence de sa fille aînée.

-"Il va venir après la prière du coucher du soleil. Il va sûrement me tuer devant mes enfants. Il a exigé la présence de tous    !...Mon Dieu, Mon Dieu, trouve moi une issue…aie pitié de ton serviteur humble et faible  "  !

-"Aie confiance en Dieu, fils de mon oncle, tu es un homme pieux et tu connais Allah  "  ! dit Aïcha.

-"Non, je ne connais point Allah, celui qui connaît le Tout Puissant, ne commet pas d’injustices, n’humilie pas plus faible que lui…Oui, je l’ai humilié…je l’ai humilié et avili …Il est en droit de réclamer des comptes…"

Il se tut un instant puis reprit    :

-"Je vous demande de partir immédiatement et tant qu’il est encore temps. Partez maintenant et laissez-moi seul, face à mon destin. Allez à Tetouan chez votre tante Rhimou."

-"Tu n’y penses pas, Hadj ? dit Aïcha. "Qui va accueillir tant d’âmes…    ? qui ? Tu connais la situation de ma sœur. Elle-même, se trouve à l’étroit, avec ses 5 enfants, entre grands et petits. Sans compter que son mari tire le diable par la queue. Tu sais que c’est impossible  "  !

-"Prends l’argent que je t’ai confié, Aïcha, il vous aidera à tenir un certain temps jusqu’à ce que Dieu accomplisse sa volonté."

Hadj Kaddour prononça ces mots, sans grande conviction. 

Sa femme l’avait déstabilisé, lorsqu’elle avait décrit la situation économique, plus que précaire, de sa sœur, résidant à Saniet Errmel .

La situation était on ne peut plus bloquée. Aucune fuite devant cette fatalité ne s’offrait à Hadj Kaddour. Il lui fallait affronter son destin

Rahma ne disait rien…Elle écoutait en silence, se contentant de caresser la tête de son rejeton, qui s’était endormi entre-temps.

Durant de longues minutes, un lourd et épais silence s’installa dans la pièce, silence entrecoupé de sanglots, à peine perceptibles, émis par Hadj Kaddour.

D’une voix calme mais décidée, Rahma dit    :

-"Je vais le tuer" !

Disant ces mots, elle entreprit de quitter la chambre. Mais c’était sans compter avec Aïcha qui la rejoignit au pas de course, dans la vaste pièce ceinte de banquettes et servant de pièce de séjour.

-"Mais tu as perdu la tête, ma fille    ! Tu ne te rends pas compte du danger que tu cours"    !

-"Si, mère.  je ne vois pas d’autre solution. Papa est abattu et il n’est en mesure de rien faire pour empêcher Lekbir de commettre son forfait."

Elle se tut un moment puis reprit

-"J’irai d’abord le voir…Je contacterai mon amie Louazna. Seule elle, pourrait me conseiller l’attitude à adopter, face à ce monstre". 

-"Prends garde à toi, ma fille. Surtout évite qu’il te voie s’approcher de sa maison"

-"Ne t’en fais pas maman, je serai prudente…Je te confie mes deux enfants"

A quelques heures du raid que Lekbir avait décidé de mener chez Hadj Kaddour, Rahma enfila son Hayek (manteau traditionnel couvrant l'ensemble du corps, porté par les femmes du nord marocain)  blanc granulé, apposa sur son visage le litham (voile couvrant le visage)  traditionnel des femmes marocaines et quitta précipitamment le domicile familial.

Elle avait très peur. Elle n’appréhenda la dangerosité et la gravité de sa démarche, que lorsqu’elle fut loin de chez ses parents. 

Pour éviter une rencontre impromptue et brutale avec Lekbir, Rahma échafauda un plan d’action.

Elle passa d’abord à la seule meunerie du village, située à l’entrée de Rgayaa. Elle connaissait Slama, l’épouse du propriétaire de ce petit établissement.

Pour leurs besoins domestiques en froment, les femmes du village possédaient des meules artisanales, dont les éléments étaient sectionnés dans la roche des montagnes avoisinantes.

Pour les grosses quantités, les ménagères portaient régulièrement leur blé ou de maïs à moudre, au moulin de Si Taher

Ignorant tout du but de la visite de Rahma, Slama reçut la jeune veuve, avec un grand sourire. Elle dut vite changer d’attitude, dès lors que Rahma lui fit la relation des tristes événements touchant sa famille et la menace qui pesait sur son père.

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La suite 

Rahma réussira t elle à empêcher Lekbir d'accomplir sa vengeance?
Comment Zbiba, la jeune soeur de Rahma tombera entre les mains de Lekbir
Que fera Lebir lors de l'avènement de l'indépendance du Maroc en 1956, surtout après le démantèlement de la caserne de Rgayaa


Comment finira Lekbir

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