vendredi 8 mars 2024

Au moment où la normalisation avec Israël va crescendo

 Qu’a fait le Maroc pour Gaza ?


L'intelligence artificielle fait des miracles

Mis à part la propagande des médias d’État marocains et certaines déclarations officielles qui égalisent la victime et le bourreau, la position officielle marocaine sur la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza est à la fois honteuse et triste. 

En ce qui concerne les médias d’État marocains, les nouvelles de Gaza ne sont plus mentionnées, sauf lorsqu’il s’agit des déclarations officielles marocaines, et on n’y trouve aucune trace de nouvelles de massacres, de bombardements et de famine, ni les nouvelles des tueries quotidiennes qui font chaque jour des dizaines de morts innocents et affamés, pour la plupart des enfants et des femmes. 

Alors que l’on retrouve les mêmes médias qui parlent de la mort de citoyens à cause du froid extrême dans l’un des villages oubliés des montagnes d’Afghanistan !


Le Maroc n’a pas soutenu la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice, ni demandé à prendre la parole devant cette cour, comme une cinquantaine d’autres pays, pour plaider l’illégalité de l’occupation sioniste de la terre palestinienne, et n’a rédigé qu’un mémorandum daté du 23 juillet, dans lequel il n’est pas question des crimes commis par Israël à Gaza pendant 150 jours. 

Le concept de « génocide », qui est la description juridique des crimes de meurtre de masse commis par l’état sioniste à Gaza, n’a aucun effet sur les déclarations officielles du Maroc.


La position officielle marocaine sur la guerre contre Gaza a déçu les Marocains avant de décevoir les Gazaouis, une position qui n’est pas à la hauteur de l’ampleur de la tragédie du siècle, et qui n’honore pas les positions historiques du Maroc dans le soutien et la défense du peuple palestinien, ni ne suit le rythme des expressions du peuple marocain, qui n’a cessé de participer, depuis le 7 octobre, à de grandes manifestations populaires et spontanées dans des villes et villages reculés à travers la géographie du Maroc pour dénoncer les crimes commis quotidiennement par l’occupation israélienne contre des Palestiniens innocents.


Tout ce que le Maroc a fait au niveau officiel pour la population de Gaza, c’est de publier des communiqués timides, parfois lâches, dénués de toute condamnation ou dénonciation des crimes de guerre commis quotidiennement par l’armée d’occupation à Gaza. 

Des déclarations évasives assimilant la victime au bourreau, décrivant la guerre génocidaire menée par l’armée sioniste contre les Palestiniens comme des « actions militaires » et parfois des « actes d’agression », et des « actes de violence », oui, comme ça, sans faire référence à ceux qui les commettent, et exprimant des regrets pour la « situation humanitaire dans la bande de Gaza », comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle qui s’est abattue sur la terre là-bas, et a laissé une situation humanitaire tragique qui suscite notre pitié et attend notre sympathie !


En substance, la plupart d’entre elles sont des déclarations dénuées de sens écrites dans une langue de bois qui parle de la « solution politique », la « solution à deux États » et la « paix », à une époque où Israël a tué et blessé plus de cent dix mille Palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, déplacé plus d’un million et demi de Palestiniens de leurs maisons, détruit leurs quartiers, leurs villes et leurs camps, et les a affamés jusqu’à la mort. 

De quelle paix parlent les déclarations du ministère marocain des Affaires étrangères, si ce n’est d’une paix à l’israélienne, c’est-à-dire d’achever la cause palestinienne et de dépouiller le peuple palestinien de sa terre et de ses droits, quitte à l’anéantir, comme c’est le cas aujourd’hui à Gaza !


Le Maroc n’est pas tenu de fournir des armes aux Palestiniens, et au-delà, il ne va pas envoyer des soldats et des volontaires combattre à Gaza. 

Mais il aurait pu faire beaucoup, et la chose la plus importante qu’il aurait pu faire aurait été de mettre fin à sa normalisation avec l’entité sioniste, d’annuler tous les accords conclus avec cet état criminel, et d’empêcher tous les détenteurs de passeports sionistes d’entrer au Maroc, y compris les sionistes d’origine marocaine, parce que la loyauté de tous ces gens est envers l’État hébreu, et la plupart d’entre eux appartiennent aux rangs des partis sionistes d’extrême droite qui soutiennent les colonies et les colons, dont ceux qui portent aujourd’hui des armes, comme les mercenaires sionistes à double nationalité, qui tuent des innocents, des femmes et des enfants à Gaza.


Lorsque les accords dits d’Abraham ont été signés, ils ont été formellement présentés comme permettant au Maroc de jouer le rôle de « facilitateur » entre les parties palestinienne et israélienne dans la recherche d’un règlement basé sur une solution à deux États. 

Afin de promouvoir et justifier la décision de normalisation, qui n’était pas une décision populaire, mais plutôt imposée par la plus haute autorité au Maroc, les obséquieux et les hypocrites ont déclaré que la « reprise » des relations du Maroc avec l’entité sioniste le rendrait influent dans le cours du conflit israélo-palestinien, et nous sommes aujourd’hui confrontés au plus grand test qui a confirmé qu’il n’y a pas d’impact de cet effet, alors à quoi servent aujourd’hui ces accords s’ils ne sont même pas capables d’ouvrir un petit couloir pour le passage de dizaines de Marocains qui sont restés bloqués à Gaza en implorant les autorités marocaines de les aider, jusqu’à ce qu’ils soient tués par les balles, les obus et les roquettes de l’armée de l’état sioniste, avec lequel le Maroc a conclu ces accords maudits ?


Quant à justifier la poursuite de la normalisation par la « logique de l’État » et des « intérêts stratégiques du Maroc », il s’agit d’une hérésie majeure, car cette guerre a montré la vraie nature de cette entité, qui n’est rien d’autre qu’une base occidentale avancée au service du néocolonialisme et qui travaille à assujettir les peuples de la région et à exploiter les capacités de leurs pays. 

Israël, comme l’a déjà écrit l’auteur de cet article ici dans « Alaraby al jadid », n’a pas d’amis ni d’alliés, y compris même l’Amérique, son premier allié et protecteur, et cette crise nous a révélé la nature de la relation entre le petit Israël qui gouverne et contrôle le Grand Israël (Amérique), si l’entité sioniste n’a aucune considération pour les pays occidentaux qui la protègent et la soutiennent avec des armes, de l’argent et des mercenaires, comment aura -t-il de la considération envers un pays comme le Maroc, qui ne le voit que comme un champ de ses ambitions d’hégémonie sur la région arabe entière ?


Nous, Marocains, devrions avoir honte de notre Etat et de nos responsables qui ont fait que le Maroc, avec toute l’histoire de son peuple et qui a toujours considèré la cause palestinienne comme sa cause nationale, se range derrière une entité raciste et criminelle en gardant le silence sur ses crimes et en continuant d’imposer la normalisation des relations du Maroc avec lui face à des dizaines de milliers de voix qui descendent chaque semaine dans les rues des villes et villages marocains pour exiger la cessation de la normalisation avec lui et l’annulation de tous les accords conclus avec lui.


J’ai déjà écrit ici que la décision de normaliser a été imposée au peuple marocain d’en haut, et celui qui a pris cette décision est le roi Mohammed VI, et lui seul est en mesure aujourd’hui de prendre la décision de l’arrêter, car la poursuite de la normalisation signifie la participation du Maroc aux crimes commis par une entité raciste, criminelle et meurtrière contre nos frères palestiniens. 

Insister sur le respect de la normalisation, c’est accepter de traiter avec des criminels de guerre, tels que Benjamin Netanyahou, Yoav Galant, Herzi Halevi, Benny Gantz, Itamar Ben-Gvir, Bezalel Smotrich, Isaac Herzog et d’autres tueurs sadiques, et c’est accepter le rôle de complice de leurs crimes et être prêt à leur dérouler des tapis rouges pour les recevoir, s’asseoir pour signer des accords avec eux et prendre des photos commémoratives à côté d’eux et serrer les mains tachées du sang de nos frères palestiniens innocents !

 La normalisation est un crime, et dans la situation actuelle, c’est une participation explicite à tous les crimes commis par l’entité sioniste à Gaza, et sa continuation, malgré toute la destruction et l’effacement du peuple palestinien, est une consécration de cette participation préméditée, et l’histoire condamnera les criminels et leurs complices parmi les normalisateurs. 

Le temps est venu de dire « pas en notre nom », au minimum.


Ali Anouzla, Alaraby al jadid


traduction en français par Ahmed Benseddik

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