Un ami vient de nous quitter...

... feu Chater Mohammed

 Ma rencontre avec Chater Mohammed 

Ce fut mon ami Ifkiren Mohammed, ex étudiant à l'ULB qui me le présenta un jour d'octobre 1986.

Momo Ifkiren, un Ouarzazi pur jus possédait dans les années 1980, deux restaurants marocains à Bruxelles: le jardin de Marrakech sis Boulevard du Jardin Botanique non loin de la Place Rogier et un autre portant le nom de : Folies berbères, situé lui  en plein quartier européen. Rue Franklin pour être précis. 

Ce second restaurant accueillait à cette époque la fine fleur du personnel politique européen et belge par la même occasion.

Pour se pourvoir en crus provenant du Maroc, Momo s'approvisionnait auprès de Chater Mohammed qui fut à cette époque l'unique importateur du Gris de Boulaouane, de Guerouane et autre Président, tous produits dans la vaste région vinicole de Meknès.

C'est que Chater Mohammed s'était lancé dans l'importation de vins marocains

Il se mariera plus tard et s'installera dans une coquette maison de maitre situé près de la place Pavillon

Les deux amis, Momo et Chater, découvrirent le libéralisme par le biais de leurs professions respectives et en même temps via les rencontres qu'ils eurent avec des cadres politiques belges qui adoraient la tchache des deux Mohammed et surtout les plats prépares par Momo

Démocratie Plus

Chater fut à ma connaissance le premier marocain à avoir acquis la nationalité belge et à être encarté PRL (Libéral) à Bruxelles vers la fin des années quatre vingt.

Arezki Dahmani, professeur à la Sorbonne, venait en 1988 de fonder l'association des français originaires du Maghreb dont l'objectif était de  mobiliser ce large public pour une implication résolue dans la citoyenneté du pays.

Dahmani fut invité en 1984 par les fondateurs de SOS racisme, inféodés au PS de Francois Mitterrand, à s'associer à  l'initiative  d'Harlem Désir et de Julien Dray.

C'est qu'ayant flairé la récupération par le PS de la célèbre Marche des beurs, Dahmani dénonça la manœuvre lancée par Jack Lang et entreprit la création de France - Plus.

Chater, Momo et moi même avions en 1989 accueill en Belgique le fondateur de France - Plus et avions organisé pour lui moult rencontres avec des présidents de partis belges dont notamment Guy Spitaels (PS), Jean GOL (PRL), Gérard Deprez (PSC)....

Dès le départ d'Arezki Dahmani vers l'hexagone, Momo, Chater et moi même lançames des invitations en direction de cadres associatifs belgo marocains dans le but de mettre sur pied une structure ayant les mêmes objectifs que France Plus.

Farid Kessas, Ahmed Dadi, Abderrahim Izzirri, Eddial Abdelilah, Hafida Amrani et quelques autres répondaient présents à notre appel.

Un mois plus tard, l'association D+ (Démocratie Plus) se scinda en deux en raisons de divergences liées à la configuration fédérale de la Belgique.

Si d'aucuns s'attachaient à la création d'une entité englobant l'ensemble du territoire belge, d'autres optèrent pour la mise en place d'une structure claquée sur les 3 régions du pays.

Liste "Merci"

Mouvement européen des citoyens issus de l'immigration 

Ayant bataillé de toutes ses forces pour pousser à l'ouverture du PRL aux cadres nouveaux belges et s'être confronté à de terribles résistances droitistes et xénophobes manifestées par de hauts responsables libéraux, Chater décida de ruer dans les brancards en présentant avec des nouveaux belges dont Izzirri, Kessas et Hafida Amrani, une liste aux Régionales de 1995.

Plus tard, Chater s'impliqua très activement dans le mouvement des pèlerinages au cimetière de Chastre, où sont inhumés des centaines de soldats français musulmans,tombés en 1945, lors de la bataille de Gembloux (Hainaut).

Avec son ami Abdeslam Kaouas, Chater fonda vers la fin des années 2000, un magazine consacré aux information liées à l'immigration marocaine de Belgique.

Chater ignorait le mot Fatigue. Il était omniprésent à Bruxelles, apportant conseils, aides et soutiens à tous ceux qui sollicitaient son apport.

Vers le milieu des années 2010, Chater se fera plus rare. 

Sa santé commença à s'en ressentir. Il se retira chez lui n'effectuant que quelques parcimonieuses sorties.

Il se consacra à la lecture d'ouvrages liés à l'histoire du Maroc. Et finira vers le début du COVID par publier comme éditeur, plusieurs livres liées à cette histoire qui le fascinait

Le Covid eut finalement raison de sa résistance physique.

La dernière fois que je vis Chater à sa demande fut en mars 2022.

J'étais soufflé par son état de santé. Il était chétif, maigre et s'exprimait très difficilement

CHER AMI MOHAMMED, PUISSES TU DORMIR DU SOMMEIL DU JUSTE