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Entre le Maroc et l'Espagne, c'est la crise.
Entre le Maroc et l'Algérie, c'est la confrontationLe Maroc peut il se permettre, au moment où il cherche à convaincre ses amis et ses adversaires du bien fondé de sa position relative au Sahara, d'ouvrir un nouveau front de confrontation avec l'Espagne, ancienne puissance occupante du Sahara et toujours présente sur les territoires marocains que sont Ceuta et Melilla ?
A t il les cartes et les moyens de pression suffisants et déterminants entre les mains pour l'ouverture de ce nouveau front au moment où tout indique que les relations avec le voisin algérien prennent une tournure davantage compliquée, pour ne pas dire plus.
Le Maroc se réveille assez tardivement pour constater que les forces de l'ordre espagnols utilisent la violence humiliante et les brutalités à l'encontre de ses ressortissants établis sur le sol ibérique; sachant que cette violence et ces brutalités sont le lot quotidien des Marocains d'Espagne depuis de nombreuses années.
Chacun se rappelle les ratonnades racistes d'El Ejido, il y a plus de 6 ans.
Sans omettre dans ce registre de signaler toutes le mesures prises par les autorités politiques espagnoles dans le domaine économique et celles touchant au droit au séjour des RME.
Le Maroc se réveille tard....Mais pourquoi ce réveil tardif ?
Sans aucun doute, les alignements successifs sur les positions du Polisario et de l'Algérie opérés par de plus en plus d'organisations et de partis politiques espagnols ne sont pas étrangers à la sortie subite de cette amnésie léthargique des autorités de Rabat.
Car l'Etat marocain avait par le passé, adopté une politique très conciliante à l'égard de l'Espagne et courbé l'échine face à la permanence de l'hostilité de Madrid à la position marocaine dans le dossier sahraoui, sacrifaint par la même les intérêts de ses ressortissants établis en Espagne.
La goutte qui semble avoir fait déborder le vase et amené le Maroc à reconsidérer son attitude à l'égard de l'Espagne réside dans le soutien sans faille accordé par de larges secteurs politiques et associatifs espagnols à Aminatou Haidar; dissidente marocaine qui avait fin 2009, provoqué une grave crise dans les relations maroco espagnoles.
Mais au delà de cette prise de conscience tardive, le Maroc possède t il les moyens de pressions nécessaires susceptibles de remporter la partie ainsi engagée contre l'Espagne ?
Rien n'est moins sûr.
En effet, L'Espagne a joué correctement dans le dossier de l'obtention par le Maroc, du statut avancé du royaume chérifien auprès de l'Union européenne.
Elle dispose dans ce chapitre d'une position importante qu'elle n'arrête jamais de rappeler aux autorités de Rabat.
La présence sur le sol espagnol, de plus d'un million de ressortissants marocains, entre réguliers et sans papiers, constitue entre les mains de Madrid, une carte non négligeable qu'elle utilisera peut être un jour, si daventure, les relations entre les deux royaumes en arrivaient à s'envenimer davantage.
Ceci sans oublier que près de 2 millions de Marocains résidant en Europe transitent par les différents ports espagnols durant les périodes estivales pour rallier leur pays d'origine.
Indéniablement, beaucoup d'efforts ont été consentis par les autorités espagnols ces vingt dernières années pour améliorer les infrastructures d'accueil dans les ports de Malaga, Alméria ou encore Algesiras.
Il n'est un secret pour personne que les espagnols ne voient pas d'un bon oeil, et c'est un euphémisme, l'érection de cette plate forme économique et commerciale géante qu'est le Port Tanger Med.
Ce méga port fait sans conteste de l'ombre aux infrastructures portuaires espagnoles situées sur l'autre rive de la Méditerranée et constitue un concurrent de taille aux ports ibériques.
Le Maroc qui envoie depuis un mois, communiqué sur communiqué aux autorités espagnoles pour protester contre les brutalités commises par la Guardia civile contre des ressortissants marocains, découvre enfin que ces MRE font l'objet de tracasseries de toutes sortes de la part des divers secteurs officiels de l'état espagnol.
A tel point que plus de 150 000 familles marocaines ont préféré quitter définitivement l'Espagne pour se réinstaller au Maroc en attendant des temps plus propices.
L'Algérie ne peut que se réjouir des tensions allant crescendo entre Marocains et Espagnols. A tel point que la presse algérienne et les officiels de ce pays n'hésitent pas à prendre fait et cause pour l'Espagne dans ses contentieux avec le Maroc.
Ce qui ne cesse d'étonner réside en tous cas dans le fait qu'aucun média algérien n'a cru utile de dénoncer les brutalités commises régulièrement contre les ressortissants marocains d'Espagne.
La diplomatie marocaine se doit aujourd'hui de revoir de fonds en comble sa politique actuelle et éviter de braquer davantage les Espagnols les rendant davantage favorables aux thèses du Polisario et de l'Algérie.
Pour ce qui concerne le potentiel colossal que représente pour le Maroc, la présence de ses ressortissants en Europe, ce potentiel est très médiocrement exploité puisque seuls les éternels commis de l'ancien régime ( les débris des amicales) sont mis à contribution pour soutenir la position du Maroc auprès des ...Marocains résidant à l'étranger.
Dans ce domaine, ce dont le Maroc a besoin aujourd'hui réside dans la mobilisation des acteurs influents auprès des centres de décisons européens.
Ces acteurs ne se mélangeront que difficilement aux mandails et autres courtisans n'ayant aucun prolongement au sein des centres décisionnels des pays de résidence et cherchant surtout à se rendre visibles pour glaner l'un ou l'autre "privilège"
Le Maroc a besoin de plancher sérieusement sur la nécessaire diplomatie parallèle; celle qui pèse bien plus que l'action du très affable Tayeb Fassi Fihri et de quelques "décorés" largement déconsidérés au sein des sociétés européennes.
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