vendredi 25 février 2011

Du pain sur la planche pour Mohammed VI


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Mohammed VI ou la légitimité historique

Ceux qui attribuent la stabilité actuelle du Maroc au poids que représente le roi Mohammed VI quant à sa légitimité historique ont tout faux.

Imaginez un seul instant que le Maroc d'aujourd'hui fut encore dirigé par le duo Hassan II - Driss Basri et vous conclurez comme moi que ce qui vient de se dérouler en Tunisie et en Egypte aurait touché le Maroc de la même manière.

Cela avec ou sans la légitimité "historique" de feu le roi Hassan II.

D'autant que cette légitimité historique n'avait pas épargné au défunt roi deux coups d'état militaires ( 1971 et 1972 ) ainsi que nombre de révoltes populaires étouffées par le fer et par le feu.

De fait, quand les généraux de Harmoumou lancèrent sur Skhirat les milliers de jeunes cadets de la troupe, ces derniers ne s'étaient pas posés la question de cette "légitimité historique" au moment de tirer dans le tas d'invités de marque venus assister à l'anniversaire du roi Hassan II. Ce dernier échappa par mliracle à une mort certaine.

D'autres souverains bénéficiant de cette "légitimité historique" ont été balayés par les foudres des militaires ou par des révolutions populaires, à l'instar de Hailé Sélassié, Négus d'Ethiopie, Roi des rois et descendant du roi Salomon.

Le Shah D'Iran Mohammed Redha Bahlaoui , " digne" descendant d'une grande lignée ayant des racines très profondes dans l'histoire de la Perse a fait lui aussi les frais d'un raz de marée populaire ayant été initié par les Mollahs chiites d'Iran.

Là aussi la "légitimité historique" n'a été d'aucun secours pour Shahin Shah.

Avant lui, Farouk d'Egypte se prévalait également de sa descendance pour légitimer son pouvoir et sa mainmise sur le pays des Pharaons. Là non plus, cette légitimité historique ne lui a été d'aucun secours lorsque les officiers libres plébicités par le peuple lui ont montré la direction de la porte de sortie.

La seule légitimité qui vaille pour les dirigeants quelle que soit leur origine ou leur histoire est celle des réalisations qu'ils engrangent en faveur de leurs peuples et du respect qu'ils manifestent à l'égard de leurs citoyens.

Le Maroc d'aujourd'hui a ceci de particulier: il a, en douze ans, réussi à emprunter le chemin difficile qui mène d'une dictature - celle de Hassan - à un pouvoir tendant vers la démocratie.

C'est une sacrée entreprise de conversion qu'aucun régime arabe n'a à ce jour réussi.

Le pouvoir marocain n'a certes pas encore, loin s'en faut, achevé cette conversion, mais le fait est, qu'il l'a entamée et cela lui procure une sacrée avance sur les autres états arabes.

Les dictatures et les régimes totalitaires ou de droit divin ne prévoient pas dans leur logique existentielle un plan de sortie du pouvoir, convaincus qu'ils le sont, de leur "bon droit" à demeurer à l'infini à la tête des états qu'ils dirigent.

Seul Gorbatchev a compris que le système soviétique, pour ne pas disparaître à jamais dans les méandres de l'histoire, avait besoin de sa propre reconversion. Et d'état totalitaire, ce système a déplacé ces hommes et ces structures vers un régime d'apparence libéral sans devoir subir le rejet violent de ses rouages par le peuple.

Poutine, l'ex tête pensante du KGB a réapparu à la tête du nouveau pouvoir installé à Moscou après avoir vécu un temps dans la proximité de Boris Eltsine, proche collaborateur de Gorbatchev.

Le parti communiste soviétique a disparu mais ses dirigeants les plus opportunistes et les plus habiles ont réussi leur conversion dans un système libéalo - mafieu.

Le Maroc qui tente, lui, de réussir sa propre conversion, est confronté aujourd'hui, à de terribles résistances au changement promu par le roi Mohammed VI. Ces résistances sont l'oeuvre de larges cercles éminemment influents.

Des cercles de profiteurs et d'opportunistes corrompus face auquel le roi semble ne pas vouloir sévir après avoir, au début de son règne, manifesté une très grande fermeté en licenciant le très puissant Dris Basri .

Ces milieux corrompus et résistant au changement ne se gênent plus aujourd'hui à défier la volonté du peuple qui souhaite des réformes profondes, rapides et radicales...et celle du roi Mohammed VI.

Celui ci marque depuis un certain temps, le pas face à l'influence de ces groupes mafieux qui risquent de l'exposer à la colère populaire si rien ne change radicalement au Maroc.

Le baise-main royal est une pratique qui relève d'un rituel largement dépassé aujourd'hui et les dépenses faramineuses provenant des deniers publics, en kilomètres de tapisseries décorant le sol à chaque cérémonie royale d'inauguration de l'un ou de l'autre chantier, dérangent aujourd'hui et placent le Maroc, pays pauvre, dans une position plus que délicate et détruisant cette image que les dirigeants veulent donner de leur pays.

La Justice doit encourir, non pas un lifting apparent, mais une révolution radicale pour devenir un outil, non pas servant à couvrir la corruption, le vol et le pillage du pays, mais un appareil au service ....de la justice bien rendue.

La constitution marocaine doit être modifiée sérieusement pour transférer vers les corps élus de la nation, des prérogatives dévolues aujourd'hui à la monarchie.

Le prétexte fallacieux lié au refus de cette réforme, indiquant que les partis politiques ne sont pas en état d'assumer cette réforme, ne tient pas la route.

Car dès lors que cette modification aura intervenu, ceux des jeunes et des cadres qui ne croient plus à la chose politique, se mobiliseront, comme en Egypte, pour occuper les espaces de l'exercice de la démocratie réelle et authentique.

Enfin, il faut écouter impérativement ceux des démocrates et des militants des droits de l'homme au Maroc et à l'étranger qui appellent à purger l'appareil sécuritaire marocain des anciens tortionnaires dont nombre d'entre eux se sont convertis au parlementarisme et à la gestion des affaires publiques.

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