mercredi 22 août 2012

Une semaine à Tanger (3)

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Les Marocains sont "Oufs" (Récit 3)

La mendicité est devenue, quasi, une institution

les abords des mosquées sont devenus, avec le temps, le lieu d'une présence massive et permanente, de la mendicité au Maroc.

L'avant midi du vendredi connaît un pic très important pour cette présence. 

A tel point que dans les rues conduisant aux lieux de culte, les dizaines de mendiants sont collés les uns aux autres.

Pour occuper une place parmi les mendiants, il faut arriver tôt le matin. Et certaines places sont "réservées" à des mendiants habituels.

Et gare à celle ou à celui qui "ose" s'installer à la place du "locataire". 

Les aveugles, les estropiés et les physiquement déformés rencontrent davantage de " pitié" de la part des Mouhsinine 
(bienfaiteurs), se dirigeant ou sortant de la mosquée. 

De plus en plus de jeunes s'adonnent à la mendicité. Pour nombre d'entre eux, la sollicitation des passants s'accompagne d'une certaine agressivité et parfois de franches insultes.

Depuis toujours, ces sollicitations sont quasi identiques et ne connaissent aucune originalité. 

Ce sont toujours les invocations adressées aux parents du bienfaiteur, qui sont servies par les mendiants.

Ou encore la demande du mendiant à Allah pour réserver au donateur, la meilleure place au paradis.

Certains mendiants ont leurs donateurs habituels et n'éprouvent pas le besoin de réciter les invocations traditionnelles.

Près des cimetières, le vendredi matin, des pléthores de mendiants, s'alignent sur de longues distances, le long des chemins menant vers les lieux d'inhumation.

A la proximité des cimetières, l'avantage est sans contexte, au bénéfice des Tolbas ( lecteurs de sourates du Coran ). 

Chaque sourate lue par un Talib ( lecteur du Coran ), est rémunérée par les héritiers du défunt, venus, arroser la tombe d'un père, d'une mère ou d'un autre parent proche.

Si les mendiants Subshariens, coincés au Maroc après avoir perdu l'illusion d'un passage vers l'Europe, se font très discrets près des mosquées, ils se révèlent très entreprenants dans les environs des cimetières.

Francophones ou Anglophones à l'origine, ces jeunes subsahariens, hommes comme femmes, ont appris les expressions indispensables pour solliciter la Sadaka.

Certaines jeunes filles provenant de Guinée, du Congo ou de la Sierra Leone portent un, parfois deux enfants en très bas âge. 

Des enfants qu'ils ont eus, souvent lors de rapports sexuels avec des jeunes Marocains, pour une bouchée de pain.

Les femmes marocaines, visitant les cimetières sont très attentives à la misère de ces jeunes filles subshariennes.

Partout où la présence des mendiants est "justifiée", des règles tacites ont été instaurées, règles discrètement supervisées par la police, et respectées par toutes le catégories des mendiants.

Lorsque le Roi Mohammed VI effectue une visite à Tanger, la mairie mobilise des dizaines de véhicules policiers et des centaines de pandores, pour ramasser sans ménagement tous les mendiants traînant dans les rues principales de la ville.

Il ne faut pas que le séjour du souverain soit "gâché" par la vision de cette misère.

Alors, ce sont les caves des commissariats, les Maisons d'accueil pour vieillards, déjà débordées, les dépendances des hôpitaux et même les cours de certains établissements scolaires, qui sont réquisitionnés pour héberger, dans des conditions inhumaines, les mendiants de la ville.

L'asile pour aliénés du quartier Beni Makada est également réquisitionné pour déverser des dizaines de mendiants, le temps du séjour du monarque à Tanger.

Et tant pis si ce séjour provisoire perturbe le fonctionnement de l'asile.

On raconte que des centaines de mendiants sont des quémandeurs professionnels et que parmi cette catégorie, de très nombreux mendiants ont constitué des pactoles particulièrement plantureux.

Et malgré les très nombreuses histoires qui circulent à ce sujet, bien malin celui qui peut apporter la preuve de telles assertions.

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