mercredi 8 décembre 2021

Je ne publierai plus rien, ni sur mon blog, ni sur ma page facebook

 

... durant une semaine, en signe de deuil pour le départ d'un ami....au paradis




         Mustapha El Karouni


Natif de la région liégeoise, à la cité d'Ougrée , le 7 août 1968, Mustapha fut de son vivant la modestie incarnée.  


Avocat et juriste, le parcours réussi de ce fils d'immigrés installés dans un quartier ouvrier de la cité ardente depuis les premiers départs des Marocains vers la Belgique, a démenti l'allégation selon laquelle il faudrait émarger à une dynastie dont le nom de famille commence par un Ben ou un De pour réussir un parcours aussi brillant que celui de ce bûcheur qui s'était privé de tout pour faire honneur à ses parents، à sa  communauté d'origine et à la Begique qu'il Adulait


Mieux encore, trois frères de Mustapha El Karouni sont ingénieurs. Sa sœur est actuellement doctorante et prépare la soutenance de sa thèse 


Mustapha était aussi sollicité par des instituts américains spécialisés dans la législation liée à la migration.


Il participa au début des années 1990 et à de nombreuses reprises à l'élaboration avec d'éminents juristes marocains, de la loi relative au statut de la famille dont le débat avait divisé la société marocaine entre conservateurs et modernistes.


L'aspect de cette loi transposée aux réalités des couples marocains vivant en Europe portera l'empreinte de la grande contribution de Mustapha El Karouni.


Spécialisé en droit des étrangers et celui de la famille, après avoir décroché avec grande distinction une licence en droit à l'université de Liège et obtenu un Master of law à l'académie européenne de théorie du droit (KUB et Facultés universitaires Saint Louis à Bruxelles), Mustapha était également chercheur en anthropologie juridique à la très réputée institution parisienne La Sorbonne.


Je lui rendais souvent visite lorsque, venant de Liège, fin des années 1990, Mustapha qui fut administrateur à la Ligue des droits de l'homme, installa son cabinet au rez-de-chaussée d'une maison de maître, sise Boulevard Lambermont à Schaerbeek, avant de se fixer dans une suite au 3ème étage de la Tour Pacific de la Place Saint Josse.


Durant sa carrière d'avocat et pour tenter tant que faire se pouvait, d'éviter à ses clients modestes, les charges des frais de justice, Mustapha s'évertuait dans la discrétion à essayer, souvent avec succès,  de jouer le rôle de conciliateur, de conseiller et de pédagogue entre des parties en conflit qui sollicitaient son intervention.


Mustapha était ce que l'on pouvait appeler, un avocat de proximité.  Ses "clients" pouvaient le rencontrer à la rue Neuve comme à celle du Brabant ou attablé à l'heure du Midi au restaurant ten noodois, le Palais des délices. 


Sa disponibilité était légendaire à tel point que lorsque je l'appelais alors qu'il se trouvait à l'étranger, il se faisait un devoir de quitter la salle d'une réunion où d'une conférence pour me prier de revenir vers lui plus tard


Musulman de foi et de culture, Mustapha accompagnera en tant que juriste,  l'expérience de l'Exécutif des Musulmans de Belgique depuis les premiers jours de l'existence de l'organe chef du culte musulman. Il sera même élu membre de l'assemblée générale des Musulmans de Belgique.


Mustapha préférait la culture du dialogue constructif à celle des conflits et des clivages et n'hésitait pas à clore une discussion lorsqu'il sentait qu'elle risquait de compromettre une amitié. 


Approché par Louis Michel, porteur à cette époque de ce qui fut appelé le Libéralisme social, Mustapha participa à de nombreux travaux initiés en cette matière par le président du parti libéral. Et lorsque Michel lui força la main pour figurer sur la liste régionale à Bruxelles, Mustapha accepta la sollicitation.



A la mort du ministre président de la Région bruxelloise, le libéral Jacques Simonet Mustapha "prendra" comme député régional,  la place du défunt au parlement bruxellois.


Il n'abandonna point, durant les deux années de son mandat, son travail d'avocat qu'il continuera à exercer quasi à plein temps.


Mustapha El Karouni fut durant près de 30 ans,  le compagnon de route, le conseiller et l'ami de tous ceux qui oeuvraient pour une société où le vivre ensemble dans l'harmonie devait constituer l'un des socles du destin des Belges.


Mustapha était marié à une avocate belgo - marocaine à qui il confie l'éducation d'un jeune garçon 


Il fut mon ami, mon mentor et mon professeur de droit.


Puisses - tu reposer en paix, cher Ami Mustapha. Ceux qui t'ont connu et côtoyé,  garderont de toi un souvenir impérissable et ne t'oublieront pas de si tôt. 






1 commentaire:

Le Maroc ne fut jamais autant isolé...