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...nous quitter.
Aziz aurait ardemment souhaité voir la Palestine libre, laïque et démocratique.
Mais le sort en a voulu autrement.
Il est parti de ce bas monde après avoir accompli ce qu'il était en mesure de réaliser pour faire modestement avancer le cours de l'histoire.
La maladie qui l'a immobilisé durant de longues années, ne l'a pas empêché de tenir haut, la flamme du socialisme tel que l'avaient imaginé et pratiqué, ses camarades de la Nouvelle gauche marocaine (Ilal Amam, 23 mars et Servir le peuple).
Un socialisme généreux jusqu'à la naïveté et le don de soi, sans calculs ni compromissions.
Un socialisme que Saida, la sœur de l'ancien président de l'Union Nationale des Étudiants du Maroc (UNEM), emprisonnée et torturée, avait payé de sa vie.
Comme le martyr le professeur Abdellatif Zeroual
Un socialisme sans concessions face aux ennemis du peuple, aux exploiteurs des classes laborieuses, des prolétaires, au Maroc comme ailleurs dans le monde.
Un socialisme qui, dans les cellules de la prison de Kenitra, de Marrakech, de Casablanca, de Tanger, de Chefchaouen, au sinistre centre de torture Derb Moulay Chrif, ne recula jamais face à la violence des "Hajj" et autres tortionnaires, dont bon nombre se sont recyclés en "honnêtes" élus du peuple, en sécuritaires ou tout simplement en hommes d'affaires.
Comme il n'hésita jamais dans les prétoires des tribunaux politiques, à exiger le caractère politique des actions accomplies par les militants révolutionnaires.
De syndicat défendant les intérêts matériels des étudiants marocains, l'Unem se mue en courroie de transmission des actions révolutionnaires
Bureau de l'UNEM
Passons sur les multiples étapes ayant marqué la vie de cette organisation fondée en 1956, dans la foulée de l'indépendance du Maroc et abordons les circonstances ayant conduit à sa dissolution en janvier 1973.
L'UNEM qui s'inscrivit peu après sa création dans la ligne réformatrice prônée par les partis politiques issus du mouvement national marocain, dut rompre avec le parti de l'Istiqlal dès la scission survenue au sein de la formation de Allal El Fassi; scission qui donna naissance à l'Union nationale des Forces populaires (UNFP).
L'UNEM s'alignera sur les positions du parti fondé par Ben Barka, Fqih Basri, A.Bouabid, Youssoufi et autre Abdallah Ibrahim.
Ce qui vaudra à son président, le journaliste tangérois Hamid Berrada, en 1962, une condamnation à mort par le pouvoir du roi Hassan II, qui venait de succéder à son défunt père, le roi Mohamed V
Accusé de complot contre le nouveau monarque, Berrada s'exile en Algérie en compagnie de Ben Barka et de nombreux autres dirigeants de l'UNFP.
D'Alger, tant Berrada que Ben Barka prennent position en faveur de l'Algérie lors du déclenchement par le Maroc des hostilités s'inscrivant dans le cadre de la fameuse "Guerre des Sables"
1972, la prise en main de l'UNEM par les Marxistes leninistes
Sortis de la matrice des partis de la gauche traditionnelle marocaine, jugée par eux comme stérile, attentiste ou opportuniste, de nombreux militants de ces formations s'inspirèrent des bouleversements et événements qui marquaient la situation dans le monde.
A commencer par les luttes de libération des peuples colonisés, l'apparition de la résistance organisée du peuple palestinien et surtout les actions de révolte menées par les étudiants français en mai 1968.
Une période de gestation précédera la création en 1971, de 3 organisations se proclamant de l'idéologie marxiste et de l'action léniniste.
A la base de cette création, des intellectuels et des étudiants actifs dans les universités marocaines. Aziz Mnebhi fut de ceux là.
En 1972, au sein de l'UNEM, les étudiants membres de ces organisations révolutionnaires détrôneront ceux proches des formations de la gauche classique marocaine.
L'UNEM bascule donc dans le camp radical qui lui imprima une ligne guère différente des organisations politiques gauchistes marocaines.
Ce fut Aziz Mnebhi qui annonça dès son investiture du haut de la tribune de la salle ayant accueilli le 15 ème congrès de l'UNEM:
"DÉSORMAIS, À CHAQUE LUTTE POPULAIRE, SON ÉCHO A L'UNIVERSITÉ"
C'était plus que ce que le pouvoir marocain pouvait entendre et en 1973, l'UNEM fut interdite et ses principaux dirigeants poursuivis.
Restant fidèle à Ilal Amam, Aziz Mnebhi ne ralliera jamais les différentes organisations qui virent le jour suite à l'éclipse de celle qu'il avait contribué à fonder.
Il part aujourd'hui, laissant une pléthore de structures se proclamant de la gauche peu ou prou radicale, un cortège d'organisations pour lesquelles la boussole semble égarée.
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